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sur 817 notes
Dans l'Europe d'avant la guerre de 1914-1918 se meurt doucement l'empire d'Autriche-Hongrie, monstre à deux têtes qui cache en son sein ses nationalismes naissants et ses aristocraties vieillissantes.

Parmi ces dernières, deux jeunes garçons se lieront d'amitié : Henri, fils de militaire hongrois, qui fait figure d'ange lumineux, heureux de vivre avec tout ce qu'offre la vie pour un jeune aristocrate de l'époque ; et Conrad, fils de petits nobliaux d'origine polonaise et bien plus modeste, brillant musicien mais moins à l'aise avec le futur avenir militaire qu'on lui offre à lui et son ami Henri.

L'ouvrage de Sandor Marai aurait pu conter l'évolution de l'histoire de cette amitié. Mais l'auteur fait un saut dans le temps à partir du chapitre VIII pour proposer un très long échange entre Henri et Conrad au soir de leurs vies, à un moment où tout est passé : la mort de leurs proches, de leur amour en commun, de la tentative de Conrad d'en finir avec Henri, de sa fuite, de l'attente courtoise mais vengeresse d'Henri depuis son château perdu dans les forêts hongroises.

L'essentiel de l'ouvrage est donc un dîner entre deux vieux hommes qui semblaient si proches, mais finalement si différents. Au cours de cet échange, la question de l'amitié y est testée sous toutes les coutures.

Derrière eux, les braises de la cheminée crépitent, ainsi que les âmes de ces deux vieux hommes au gré des souvenirs égrenés durant ce long repas.

C'est beau, c'est brillant, c'est magnifiquement écrit. Ce roman aurait pu être adapté au cinéma dans un style proche de Barry Lyndon, mais entre la fin du XIXe siècle et l'après Grande Guerre cette fois-ci.

À lire absolument.
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Dans ce huit clos envoûtant, deux hommes font face à leur passé.

Deux amis d'enfance, Henri et Conrad se retrouvent quarante et un ans après leur dernière rencontre. Ils ont tout partagé : leur enfance, leurs souvenirs de jeunesse et leurs années d'apprentissage à l'école militaire. Pourtant, des faits obscurs ont conduit à leur séparation définitive. Un rempart infranchissable semble s'être dressé entre les deux amis.

Conrad a quitté brusquement l'école militaire et a pris la fuite pour les tropiques tandis que Henri devenu « le Général » a vécu reclus dans son château à la suite du décès de sa femme, Christine.

Des années plus tard, ils vont partager un diner dans le décor inchangé de leur ancienne vie. Cette confrontation ultime va faire éclater la lumière sur la discorde opposant les deux hommes. Tout au long du roman, la tension est palpable entre les deux personnages et le duel devient rapidement un véritable réquisitoire porté par la verve du Général.

Ce court roman ouvre une réflexion plus vaste sur la définition de l'amitié, les rapports de domination et la soif de vengeance. J'ai découvert pour la première fois la plume magistrale de Sandor Marai qui nous transporte facilement dans un univers où le poids du secret plane jusqu'à la dernière ligne.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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Un homme âgé, général à la retraite, vit en son château, quelque part en Hongrie, retiré dans la plus grande des solitudes. Seule sa fidèle nourrice nonagénaire et une domesticité des plus réduites accompagnent le vieil homme au soir de sa vie. Un courrier inopiné lui annonce l'arrivée d'un ami, après quarante et une année de séparation et de silence. Cette venue qui fut si ardemment attendue et espérée est l'occasion d'un retour en arrière dans l'esprit du vieillard, à l'époque de leur rencontre, lorsqu'ils étaient cadets à l'académie militaire de Vienne, alors que l'Empire austro-hongrois florissant réunissait en son sein une véritable mosaïque de peuples aux langues les plus diverses. Cependant, cette entrevue, ce tête-à-tête de deux vieillards à l'orée de la mort, prendra très vite la tournure d'un huis-clos oppressant.

Mon avis est à l'image du cours de la narration, contrasté. J'ai apprécié le premiers tiers du récit, le ressouvenir des parents du châtelain, des années juvéniles des deux protagonistes à Vienne et surtout l'évocation d'une époque révolue, celle où Vienne était la capitale d'un empire qui ne dura qu'un demi-siècle, où les enfants de bonne famille se devaient de suivre une formation militaire; à ce titre le roman m'a rappelé le plaisir de la lecture de la Marche de Radetzky de Joseph Roth. Les deux tiers restant du récit prennent la forme d'un dialogue tendu, presque d'un monologue d'un vieil homme face au silence obstiné et coupable de son ami. Cette partie m'est apparût lassante et laborieuse, même si la volonté chez l'auteur de créer une tension est bien accessible à l'entendement du lecteur. Il n'en demeure pas moins que le texte propose des réflexions intéressantes sur la valeur irremplaçable de l'amitié, sur l'importance de la solitude sur la sagesse, sur l'action apaisante, émolliente, du temps qui passe sur les passions irraisonnées qui agitent l'homme face aux vicissitudes de l'existence.
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Huis clos magistral entre deux vieillards, les deux « meilleurs » amis du monde qui ne se sont pas vus depuis 41 ans et une montée en puissance, toute en finesse, tant dans le style que dans le fond.

Henri et Conrad se retrouvent enfin. le général racé au destin tout tracé, le provincial polonais perdu dans ce grand empire austro-hongrois et qui veut se hisser ou qu'on veut hisser par la force du poignet et du sacrifice.

Deux enfants, deux adolescents, deux hommes et aujourd'hui deux vieillards qui ont une vie en commun, une vie commune, interrompue physiquement pendant 41 ans mais qui les a fait tenir jusqu'à ces retrouvailles, autour d'un repas, autour de souvenirs pas toujours dits, pas tout de suite dits, comme les braises qu'on remue pour les faire rougir.
Un style épuré et dense, sans emphase, précis qui va droit au but et qui touche.
Une –belle- découverte de Noël.
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Un huis clos oppressant entre deux vieillards à l'article de la mort. Les chandelles bleues se consument, la nuit tombe, les bûches du poêle deviennent braises et une amitié de plus de quarante ans est remise en question.
Un roman, certe du vingtième siècle, mais vraiment attachant, vraiment prenant. Un tête à tête entre deux hommes pour comprendre le pourquoi du comment.
C'est aussi, une vision de la la mort de ce grand empire Austro-hongrois et de la fin de cette monarchie.
Franchement un très beau livre de Sándor MÁRAI (qui fut interdit jusqu'en 1990 en Hongrie) et une magnifique réflexion sur l'amour, sur l'amitié, sur la fidélité et sur ce que tout un chacun doit en déduire.
À retrouver aux éditions le Livre de Poche.
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Ce sont les retrouvailles de deux vieux amis, dont l'amitié remonte à leur enfance à l'école militaire de Vienne au temps de l'Empire austro-hongrois, avant la première guerre mondiale. Ils n'avaient pourtant pas grand chose en commun : pas du même milieu, pas les mêmes ressources, pas les mêmes goûts non plus. Leur amitié était indéfectible jusqu'à un incident lors d'une partie de chasse : Conrad a pointé son fusil vers Henri, avant de disparaître le lendemain, sans aucune explication. Depuis, 41 ans ont passés, ils ne se sont plus revu, Henri a mené une carrière militaire, il est général à la retraite, Conrad est parti à l'étranger et le voilà qui revient visiter son vieil ami. Leur rencontre est un huis-clos dense, quasiment un monologue, un réquisitoire d'Henri. Plus d'une fois la réconciliation semble proche, et puis de nouvelles révélations font naître des ressentiments. C'est dense, plein de tensions, même si l'on devine bien avant la fin les raisons du silence de Conrad. En fait cela fait quarante ans qu'Henri rumine sur ce qui a pu se passer pour que leur amitié cesse. Il s'en doute un peu mais a besoin de Conrad pour confirmer ses doutes. C'est aussi une histoire de nostalgie, celle d'un monde disparu, d'une amitié perdue. C'est un livre superbement écrit à la lecture exigeante.
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Ce roman nous raconte les retrouvailles de deux hommes qui furent très proches et qui se sont quittés il y a quarante et un ans.
A l'aube de leur vie, ils se retrouvent et font l'autopsie de leur amitié défunte. Mais était-ce vraiment de l'amitié ? Au fur et à mesure de ce long dialogue, les masques tombent et les évènements qui les ont séparés apparaissent sous un nouveau jour. J'ai appris que ce livre avait été adapté au théâtre, ce qui ne m'a pas surprise, car ce huis-clos est construit comme une pièce de théâtre.
La langue est belle et le propos brillant, un peu redondant parfois, mais très beau.
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Dans un château blotti au coeur de la forêt hongroise, se prépare un mystérieux dîner. le "Général", qui y vit en reclus depuis quatre décennies, s'apprête à recevoir un hôte visiblement important : il fait ressortir le service de prix qui dormait dans le vaisselier, et dresser la table d'honneur du grand salon déserté depuis des lustres.

"Les braises" est le récit de ce dîner, autour duquel Henri (le Général) et Conrad -le fameux invité- reviennent sur les événements qui mirent un terme à leurs rapports, et se conclurent par le départ du second pour les tropiques, où il passa la majeure partie de sa vie.

D'emblée, et malgré la courtoisie dont font preuve les deux hommes, la tension est palpable. On ressent chez Henri l'impérieuse nécessité de régler ses comptes, d'exiger des explications. On s'attend à une confrontation, mais c'est finalement à un quasi monologue que nous assistons, Henri se montrant très directif, désireux de dérouler jusqu'au bout la théorie, qu'il a pu ruminé pendant quarante et un ans, sur la fin de leur amitié.

Ils se sont rencontrés, alors qu'ils étaient encore enfants, à l'Académie militaire de Vienne, et une affection quasi fusionnelle est née instantanément. Fils d'une famille fortunée, quand les parents de Conrad, de milieu modeste, devait se sacrifier pour permettre à leur fils de suivre ses études, Henri n'a compris qu'avec le temps le poids de cette différence, tout comme il a fini par réaliser que son ami, avec sa sensibilité de musicien et sa discrétion parfois taciturne, n'était pas à sa place dans cet univers de discipline virile et élitiste.

La voix du Général, qui s'exprime avec force détails et un sens aigu de l'analyse, est très évocatrice, et nous emmène loin de la forêt hongroise au coeur de laquelle se déroule ce huis-clos. Son long discours, interrompu ponctuellement par les succinctes interventions de Conrad, s'inscrit comme une dernière tentative pour comprendre le sens de ses erreurs, le mécanisme de ses aveuglements, et les motivations qui dictèrent les actes de son hôte. Il montre une réelle volonté d'être lucide envers lui-même et sincère vis-à-vis de Conrad, refusant de faire preuve de la moindre (auto)complaisance. Il s'interroge sur les véritables fondements de l'amitié et sur la vacuité de son désir de vengeance, sur la difficulté à comprendre l'autre et les cruelles déceptions que cela engendre.

Conscients de leur probable mort prochaine et de l'inutilité conséquente des faux-semblants, les deux hommes s'expriment sans fard, mais finalement sans réelle animosité non plus. Henri donne surtout l'impression d'être en quête de vérité, désireux d'éclaircir les incertitudes liées aux événements qui ont marqué sa vie.

Le texte de Sándor Márai, riche d'un juste équilibre entre réflexion et éloquence, est bref mais intense, l'auteur le dotant d'un suspense subtil mais efficace.
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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C 'est le premier Roman de Sándor Márai que je découvre avec enthousiasme. Les braises Publié en 1942 puis en Français en 1995 connu un succès étonnant pour faire découvrir cet auteur Hongrois.
Perdu dans la trame de huit clos au cœur d'un Château Hongrois demeure de l'un des deux personnages nous sommes suspendu dans ce dialogue de deux anciens amis séparé depuis 41 ans pas le poids d'un secret intime liant ces deux septuagénaires.
L 'écriture est fluide avec ce style si spécifique de cette époque comme Stefan Zweig . Sándor Márai s'aventure dans la psychologie de ces personnages pour peintre la situation avec ces couleurs de l'âme où se structure une dramatique lente . le dénouement s'entremêle doucement et surement dans cette articulation progressive.
Le Général bourgeois austro-hongrois et son ami Conrad fils de fonctionnaire s'opposent en tout et pour tout-l'un militaire dans l'âme l 'autre musicien .l'un riche l 'autre pauvre - cette amitié se complète de leur antagonisme mais Sándor Márai utilise cette complicité de ces deux enfants rencontrés à l'école militaire de Vienne pour en faire un roman psychologique imparable avec cette lente interrogation que le lecteur se pose tout le long de sa lecture pour se perdre dans les monologues de démonstration du Général face à son ami simple figurant à la répartie d'une simple phrase tel soumis ...
Une vision de l 'amitié assez acide et noire où la chasse reste le seul pilier pour se rapprocher de la nature humaine à défaut de la musique qui corrompt les coeurs .
L'amour caresse aussi ses chapitres avec la maman Française du Générale . ainsi que sa nounou NIni et sa femme Christine
Un roman à lire absolument
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Un roman sous forme de huis clos, où, après de longues années d'absence, deux amis se retrouvent et évoquent leurs souvenirs.
Il y a Henry, un homme riche, qui a profité de la vie, papillonnant de ci de là, allant de fêtes en bals. Et puis il y a Conrad, un homme pauvre, humble, plus austère passionné par le piano.
Mais Conrad s'enfuit, il en est alors fini de cette belle amitié.
40 ans après Henry reçoit une lettre de Conrad qui lui annonce son arrivée pour le soir même...
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