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3,39

sur 281 notes
S'il y a une chose dont on est sûr en refermant ce livre, c'est que le bonheur en est absent. Les personnages dont on traverse les existences l'ont peut-être frôlé, imaginé, poursuivi, mais celui-ci ne se laisse pas atteindre. C'est un miroir aux alouettes, une grande illusion.
Alice Munro retrace la vie de gens ordinaires, principalement des femme. Elle présente ses personnages et les relations qu'ils entretiennent entre eux, les fait évoluer dans des paysages enneigés où il est difficile de distinguer les choses, dans des forêts sombres où on se perd, dans des maisons où on se cherche, dans la promiscuité d'un autocar... Ses personnages confrontés à des situations souvent dramatiques – assassinat, infanticide, prostitution, déviance, traumatisme, handicap... – plongent dans leur passé où se trouve l'origine de leurs souffrances, un instant furtif, un geste, une parole, une image. Ils tentent « d'attraper » ce moment, celui-là même qui les fait basculer aujourd'hui.
Avec minutie et précision, l'auteure se rapproche de ses êtres de papier en opérant une sorte de zoom. le lecteur entre dans leur intimité, entrevoit leur faiblesse, leurs crainte, leurs blessures, leur cruauté aussi. On assiste alors à un déplacement du sujet initial. L'image que le personnage renvoie se déforme jusqu'à être parfois monstrueuse. le lecteur est lui-même déstabilisé par ces glissements et donc par le dénouement des histoires. Car d'autres tourments se greffent ; manipulations, dissimulations, solitude, secrets enfouis... modifiant les perceptions premières.
Les existences que nous racontent Alice Munroe ne sont pas lisses, elles sont au contraire rugueuses, les apparences sont vite balayées d'un revers de la main. La vie n'est pas une route droite, elle est jalonnée de bifurcations. le drame évoqué dans chaque nouvelle n'est pas le thème principal, il s'agit plutôt pour l'auteure de mettre à jour ce qui l'a provoqué, le mécanisme psychologique, la pièce qui a entravé le rouage.
Une lecture âpre pour moi. Au fil des nouvelles, j'espérais voir une lueur d'espoir qui n'est jamais arrivée. En revanche, la construction des histoires est parfaitement maîtrisée. Les personnages ont de l'épaisseur, la nature est en communion avec les comportements des uns et des autres et les va-et-vient entre passé et présent ne sont jamais confus. Elle parvient à décrire l'âme humaine avec une telle justesse que cela en est inquiétant.

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Un recueil de nouvelles qui porte bien mal son titre : on ne peut pas dire que les personnages pèchent par excès de bonheur !!!! Plus sérieusement, des nouvelles canadiennes, centrées pour la plupart sur des figures féminines fortes.
Pas très branchée "nouvelles", je dois reconnaître qu'Alice Munro possède un talent incroyable pour rendre crédibles en peu de pages ses personnages ; alors qu'on ne partage qu'un moment de leur vie, ils ont une vraie épaisseur, des traits précis, c'est bluffant. le style est maîtrisé, en revanche que c'est complexe ! Souvent des allers-retours dans le temps, on s'y perd un peu, c'est très dense. Mais les situations choisies m'ont plu, ainsi que le rythme de chaque nouvelle. Finalement, c'est la nouvelle éponyme que j'ai le moins aimée, l'histoire d'une mathématicienne russe en Norvège... Compliquée et fouillis...
Un beau talent littéraire, une auteure qui gagne à être découverte pour ces qualités.
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Je partage l'avis de Kittiwake. En 2013, Alice Munro (canadienne, anglophone) a reçu le prix Nobel littéraire mais je suis restée perplexe face à la distribution de ce prix pour le titre : Trop de bonheur. Comme Kittiwake le dit, le Nobel récompense l'ensemble des oeuvres d'un auteur mais pour une première approche avec Alice Munro. C'est un flop pour moi. Revenons au problème de ce livre. S'agit-il d'un problème de traduction ? Probablement, ce qui empêche le lecteur d'y adhérer. de plus, les nouvelles sont très brouillonnes. Par ailleurs, j'ai lu l'article du Point paru le 23 octobre 2013. Et je n'ai pas retrouvé ces éléments cités qui permettaient cette belle récompense. le chroniqueur parle d'un nouveau style clair. Il en est rien. La première nouvelle intitulée « Dimension » reste très confuse, lente à démarrer mais intéressante vu le sujet. Après, je suis d'accord avec celui-ci sur une phrase dite dans son article : « le réalisme psychologique ».En effet, le lecteur ressent cette approche mais le style est torpillé par le style des traducteurs. Est-ce qu'Alice Munro utilise un dialecte anglais qui rend difficile la traduction ? Ou le cas inverse…Tout est possible. Revenons aux autres nouvelles, la deuxième intitulée « Fiction » ne présente aucun intérêt. Je l'ai même stoppée pour passer à la suivante : « Wenlock Edge » qui remonte le niveau à deux points de vue : rédactionnel et scénaristique. La suivante : « Trous profonds » a atteint les degrés de l'insipidité. J'ai abandonné ma lecture en cours de route. La nouvelle « Radicaux libres » amène au lecteur une certaine fraîcheur dans le scénario ainsi qu'un cross-over intéressant. Ce qui m'a redonné un regain d'énergie pour continuer ce bouquin… Mais les suivantes sont dans la même veine que Fiction.Seule la dernière intitulée « Trop de bonheur », titre également du livre relève d'un meilleur niveau mais reste très confuse. Et même, celle-ci semble être une pâle copie par rapport au chef d'oeuvre « Anna Karénine » de Tolstoï. Je pense que cette nouvelle mériterait d'être retravaillée. Dans l'ensemble, je n'ai pas pris de plaisir à lire ce livre…Il m'a fallu quelques mois pour le terminer.
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Il m'est arrivé avec ce livre ce que tout lecteur honnête va avouer avoir vécu au moins une fois : que le début d'un livre déçoit ou ennuie et qu'on l'abandonne. Et que , au bout d'un temps variable, on reprend le livre et qu'il s'avère un coup de coeur ou une claque.
Ce recueil de nouvelles comprend dix histoires, racontées par la plume brillante d'Alice Munro (qui lui a valu un Nobel de littérature en 2013). Elles sont très différentes mais ont un point commun qui est d'ailleurs très justement saisi sur la quatrième couverture par le chroniqueur du Nouvel Observateur : « le mariage de l'inattendu et de l'inexorable ». Et une fois qu'on a saisi ce point c'est magique et monumental.
Ce sont des histoires qui surprennent des protagonistes pris dans une situation qu'on perçoit comme
« inexorable ». La fin est connue, impossible à éviter ou clairement dessinée. Sur ce fond va surgir un évènement qui, sans changer le coté inexorable, va modifier le ressenti, la perception, le « goût » qui reste à la fin.
Finalement c'est tout ce que c'est une vie : un mélange d'inexorable et d'inattendu. Et avoir réussi à saisir cela et le dire de dix manières différentes dans des nouvelles d'une vingtaine de pages chacune me parait un exploit pour lequel les qualificatifs me manquent.
Un mot aussi pour la traduction qui ne gâche rien, il n'y a pas une seule fausse note.
Un conseil quand même:ne commencez pas avec la première ou au moins ne vous arrêtez pas à la première.
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C'est avec plaisir que j'ai fais la lecture de ce recueil de nouvelles, elles sont toutes sans lien entre elles et très différentes . La psychologie des personnages est fine, les personnages sont divers et ont comme point commun la quête du bonheur. L'auteur sait nous captiver et nous emmener là où elle veut : meurtre, infanticide, accident… Autant d'obstacles au bonheur si difficile à débusquer. Des drames, des bonheurs , vérités cachées, peur du temps qui passe, des petits drames qui parsèment la vie de tout à chacun et qui ne laisseront pas le lecteur indifférent.

J'ai adoré suivre les destins de ces femmes qui n'ont pas été épargnées par la vie jusqu'au jour où leur destin bascule, le hasard se charge de changer la donne et de les mener vers le bonheur. C'est parfois très dur, parfois tragique, parfois violent mais écrit avec justesse et finesse.

Mais le titre est trompeur le bonheur n'est pas à chaque pages.

VERDICT

Si vous êtes déprimés ou tristes passez votre chemin ce livre n'est pas indiqué pour vous ou alors attendez d'aller mieux. Si vous aimez les destins de femmes, les destins qui se croisent ce livre est pour vous.
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Un vrai plaisir de lecture.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de nouvelles, et le dernier Nobel de littérature m'a décidé à en relire. C'est donc naturellement vers Munro, déclencheur, que je me suis tournée. Et j'ai bien fait.
Les nouvelles sont variées, bien qu'ayant toutes un point commun : l'élément déclencheur. Chaque héroïne, quelque soit sa vie, est à un moment confronté à un événement qui va bouleverser sa vie, ou la remettre dans le bon ordre. La première nouvelle m'a particulièrement plu. Elle m'a tout de suite mis dans l'ambiance. En fait celle que j'ai moins apprécié est celle qui donne son nom au recueil. Et encore, quand je dis "moins apprécié" c'est vraiment histoire de faire un classement.
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Une novelliste reconnue, c'est rare. Alice Munro a un indéniable talent certes, mais je suis déçue par ses chutes en queue de poisson. La dureté des situations racontées peut rebuter les lecteurs sensibles. le titre du recueil correspond comme c'est le cas dans les nouvelles à la dernière. Bien sûr le bonheur n'est pas là, le drame est partout et même la tragédie.
En audio, très belle interprétation de la comédienne.
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« Il y a quelque chose en tout cas, dans le fait d'avoir traversé cette journée sans qu'elle soit un désastre complet. » (123)

Alice Munro est un peu comme une grand-mère à la Agatha Christie, elle part à la rencontre des âges de la vie à travers ses nouvelles, accordant la même bienveillance à l'enfant qu'à la personne en fin de vie. Mais si on lit, détendue, croyant suivre un fil romanesque qui se déroule en toute quiétude, le bateau tangue pourtant, d'abord imperceptiblement, puis franchement. Les personnages font de leur mieux, la lectrice fait de son mieux, mais le malaise s'installe, les situations glissent, nous échappent, alors que rien ne le laissait présager. L'invraisemblable, le drame, sont sous nos yeux alors même que le monde alentour n'a pas changé.

Alice Munro écrit au-delà de toute morale. Ni bien, ni mal, juste l'interaction entre des mondes intérieurs et la vie sociale. Elle se situe habilement à ce point de rencontre. Ce qui donne à chaque nouvelle sa dynamique singulière. Les kimonos, la rhubarbe et les chatouilles peuvent s'inviter dans différentes histoires sans en étioler la fraîcheur. À l'aise, elle manie le temps et l'espace comme des cubes.

« Elle lisait aussi des romans modernes. Toujours des romans. Elle détestait entendre le mot « évasion » appliqué à la fiction. Elle aurait pu soutenir, et pas seulement pour rire, que c'était la vraie vie qui était l'évasion. » (131)

Toujours un immense plaisir de lecture, la joie de découvrir des mots qui définissent certaines expériences de nos vies, l'envie d'y revenir, plus tard…
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Les nouvelles ne sont pas mon genre de prédilection et ce n'est pas ce recueil d'@Alice Munro qui va me réconcilier avec le genre. A vrai dire je me suis profondément ennuyé tout au long de la lecture et il m'a fallu beaucoup d'opiniâtreté pour finir le livre.

Pourtant sur le papier c'était bien alléchant, elle a inspiré @Amodovar pour son film Julieta que j'ai beaucoup aimé, premier Prix Nobel de littérature canadien souvent comparé à @Anton Tchekov, un écrivain que j'aime beaucoup.

« Alice Munro est appréciée pour son art subtil de la nouvelle, empreint d'un style clair et de réalisme psychologique » écrivait le comité Nobel.

Et bien la mayonnaise n'a pas du tout prise même si la nouvelle sur Nita m'a plu et que la dernière nouvelle intitulée «  trop de bonheur  » qui évoque Sofia Kowalevski, mathématicienne qui vécut à la fin du XIXème siècle, alors que l'Université de Berlin était interdite aux femmes, est très originalement construite.

Une grande déception.

Challenge Multi-défis
Challenge Atout-Prix
Challenge Nobel
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Alice Munro décrit avec brio des tranches de vie très éloignés de l'idée que l'on se fait habituellement du bonheur. Les personnages subissent plutôt des rencontres inhabituelles (lors d'un dîner avec un vieil excentrique), dévastatrices (la spéciale), sensorielles (Roxane et la polio) ou surnaturelles (les deux russes). le texte est particulièrement bien écrit dans un langage soutenu qui vous fait revivre l'époque liée au souvenir du personnage. Une mention spéciale pour l'histoire de Doree et Lloyd.
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