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sur 281 notes
Je suis fascinée par l'écriture d'Alice Munro. Une fascination presque physiologique: dès que je commence à la lire, je plonge dans l'eau lourde de ses mots et je respire dedans, comme un poisson. Une heure avec Munro équivaut pour moi à une séance de puissante relaxation, ou méditation, parfois introspection, et ce quel que soit le sujet qu'elle aborde.
J'adore sa manière de traiter ses personnages, très en profondeur mais tout en finesse, explorant toutes les zones d'ombres et fermant la porte aux faux-fuyants. de les mettre en scène en douceur mais sans complaisance face à des choix, des impasses, des situations que l'on a tendance à esquiver dans la vie, et pourtant ses vies sont banales.
Le titre est ironique, pas de trace de "grand bonheur" dans la dizaine de tranches de vie abordées dans ces nouvelles mettant en scène des femmes fébriles face à des dangers latents ou avérés, et pourtant les petits bonheurs de la vie affleurent ici et là dans un regard ou un geste.
Une écriture plus vraie que la vie , en somme: le propre de la grande littérature.
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Trop de bonheur/Alice Munro/Prix Nobel 2013
Dimensions : c'est le titre de la première nouvelle de ce recueil de 317 pages et dix nouvelles. Doree se rend en maison d'arrêt psychiatrique où est détenu Lloyd son mari. Elle lui rend visite pour essayer de comprendre, elle qui a toujours été soumise aux caprices de cet homme abject. Dans le car qui l'emmène, elle se remémore la rencontre, le mariage et puis la suite, un cauchemar absolu. Une nouvelle qui donne froid dans le dos.
Les nouvelles se suivent pour notre plaisir de lecture car Alice Munro écrit bien dans un style classique et les thèmes sont variés quoique toujours en rapport avec la mort, la maladie le sordide et le morose . On rencontre par exemple une jeune étudiante qui accepte comme un défi à elle-même les propositions indécentes d'un vieillard, ou une mère, Sally en l'occurrence, qui retrouve son fils Kent des années après un accident et des années de silence.
Au chapitre des reproches ont peut déplorer l'abondance de détails qui alourdit le texte et infère un manque de fluidité à la phrase. Si le titre veut nous laisser entendre que les personnages courent vraiment après le bonheur, on se demande en définitive et à terme si le bonheur ne les a pas un peu fui, leur quête s'avérant vaine et éperdue. Il faut bien dire que le monde que décrit Alice Munro n'est pas rose loin de là mais plutôt sombre et désespéré.
Parfois un brin d'ironie comme dans « Radicaux libres » qui voit Nita la veuve amatrice de rhubarbe jouer un bon tour à son mari défunt. Excellente nouvelle dont l'ambiance est quasiment celle d'un thriller. Pathétique le destin de Sofia Kovalevskaïa, mathématicienne de génie et première professeure d'université : c'est le thème de la dernière nouvelle, celle qui donne son titre au recueil.
Globalement une lecture qui laisse un goût amer et une sensation de malaise, des récits où le mensonge, la cruauté, la trahison, le mal pour tout dire, se font place successivement dans le côté sombre de la vie.
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Un recueil de nouvelles ciselées, fascinantes et perturbantes. Alice Munro vous attrape avec un seul mot et il vous faudra poursuivre votre lecture malgré parfois un certain malaise…Par exemple: «  L'orée des bois semblait parfaitement ordinaire et pas menaçante pour un sou. Sally comprenait évidemment que ces bois occupaient le sommet d'une haute falaise et s'attendait à trouver quelque part un point de vue impressionnant. Mais elle ne s'attendait pas à ce qu'il leur fallut contourner presque aussitôt. de profondes crevasses en fait, certaines de la taille d'un cercueil, d'autres beaucoup plus grandes, comme des chambres taillées dans la roche. » Et voilà, avec ce mot de cercueil vous pressentez que quelque chose va mal tourner et vous ne lâcherez plus la nouvelle… La fin des nouvelles laisse parfois perplexe, elle est un peu abrupte, n'explique pas forcément le comportement des personnages: à nous de faire travailler notre imagination. J'ai particulièrement aimé la nouvelle « radicaux libres » plus espiègle que les autres et la dernière « trop de bonheur » qui évoque une romancière et mathématicienne ayant réellement existé.
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J'ai enfin lu Alice Munro !

Et ça a immédiatement matché entre nous ! À tel point que j'ai couru à la librairie Arthaud pour acheter 2 autres recueils d'elle alors que je n'avais lu que les premières pages de la première nouvelle.

Alice Munro est vraiment une nouvelliste de génie (selon Wikipedia, elle n'a écrit qu'un seul roman) ! Elle arrive à instiller du suspens dans chacune de ses nouvelles alors que les personnages (sauf peut-être dans le premier texte de ce recueil) ne font rien d'exceptionnel.

Chacune des nouvelles de "Trop de bonheur" a la force d'un roman et Alice Munro manie l'art de la phrase juste qui fait mouche ! Par exemple, dans la première nouvelle, "Dimensions", elle décrit le mécanisme d'une relation toxique en une économie de phrases qui en disent bien plus long qu'un discours :

P21-22 : Après quoi elle fit plus attention à ce qu'elle disait. Elle vit qu'il y avait des choses auxquelles elle était habituée qu'une autre personne pouvait ne pas comprendre.

P23 : Cela empira peu à peu. Pas d'interdiction directe, mais un surcroît de critiques.

Voilà ! Alice Munro dit en quatre phrases ce qu'une personne victime de manipulation arrive difficilement à exprimer.

En plus, Aline Munro est très drôle quand elle fait preuve de dérision envers elle-même... comme dans la nouvelle intitulée "Fiction" :

P69-70 : Un recueil de nouvelles. Pas un roman. Voilà qui est déjà une déception. L'autorité du livre en paraît diminuée ; cela fait passer l'auteur pour quelqu'un qui s'attarde à l'entrée de la littérature, au lieu d'être assurément installé à l'intérieur.

À croire qu'elle lit dans nos pensées françaises ! MDR

Certains fâcheux disent qu'Alice Munro a eu le Nobel parce que l'académie suédoise ne voulait pas le donner à Philip Roth... Et bien je ne suis pas d'accord !
J'adore Philip Roth pourtant je me sens peu concernée par ses histoires mais il me fait découvrir un monde que je ne connais pas.
En revanche, ce n'est pas le cas des nouvelles d'Alice Munro. Elle parle de choses de tous les jours qui font surgir des impressions de souvenirs, un peu comme la madeleine de Proust ! Ce sont des histoires universelles dans lesquelles la plupart des lecteurs.trices peuvent s'identifier.

Plus jeune, je ne n'aurais certainement pas apprécié les nouvelles d'Alice Munro mais aujourd'hui c'est un de mes plus gros coup de coeur de lectrice !

"Trop de bonheur" d'Alice Munro
Traduit par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso
Éditions de l'Olivier (Bibliothèque de l'Olivier)
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J'ai emprunté à la bibliothèque ce livre d'Alice Munro parce que j'ai vu qu'elle avait reçu le prix Nobel de littérature 2013. J'avoue que je découvre cette autrice canadienne. J'ai surtout découvert une écriture avec « Trop de bonheur » un recueil de dix nouvelles.
Il n'est pas vraiment question de bonheur dans ces textes mais de tranches de vies de femmes et d'hommes qui ne le trouvent pas, confrontés à une certaine cruauté humaine. Les drames qui les touchent sont racontés de l'intérieur avec des sentiments parfois inavouables comme cette femme qui a réussi à s'éloigner de son mari infanticide uniquement en apparence ou cette étudiante qui accueille une colocataire sous l'emprise d'un homme âgé, libidineux et riche ou encore les répercussions du handicap d'un homme sur les personnes de son entourage.
Il y a une profondeur de ton dans ces textes assez sombres souvent introspectifs et j'aime cette écriture précise qui détaille la psychologie des personnages.
La dernière nouvelle au titre éponyme est pourtant une exception bien qu'elle adopte le même ton que les autres. C'est une biographie romancée de Sofia Kovalevskaïa mathématicienne et romancière russe du 19ème siècle qui a réellement existée. Elle m'a fait penser à Marie Curie pour les difficultés à s'imposer en tant que femme scientifique dans un milieu patriarcal. Je pense qu'elle aurait mérité un livre à part entière.
La lecture de ce recueil m'incite toutefois à lire les romans d'Alice Munro, genre que je préfère aux nouvelles.


Challenge Nobel illimité
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Lorsque le Comité Nobel a décerné son prix à la nouvelliste canadienne, elle avait 82 ans et venait d'annoncer qu'elle arrêtait d'écrire. Je suppose que l'ironie de la situation n'a pas échappé à Alice Munro. Comme elle n'avait pas échappé à Doris Lessing sept ans plus tôt, pas spécialement réjouie de se voir attribuer le prestigieux prix. Trop tard, avait-elle lancé aux journalistes qu'elle avait découvert amassés devant son domicile alors qu'elle revenait du marché, son cabas sous le bras, une chance qu'elle ne fût pas déjà morte.
L'ironie, l'auto-dérision sont au moins une chose que ces deux écrivaines d'exception ont en commun. Alors que le Comité Nobel célèbre en elle « la souveraine de l'art de la nouvelle contemporaine », Munro déclare que si elle a choisi d'écrire des nouvelles, c'est parce que le format court était le seul format qui lui parût conciliable avec les contraintes de la vie de famille… Elle a d'ailleurs relativement peu écrit, eu égard à la longévité de sa « carrière » : quatorze recueils en quarante-cinq ans.
Mais que ce prix fût sans doute arrivé trop tard n'implique pas qu'il soit inutile. Bien au contraire. En récompensant une femme infiniment discrète, fuyant de tous temps les interviews et les festivals, car s'afficher en public comme écrivain « serait une vaste fumisterie », l'Académie suédoise a non seulement mis à l'honneur un genre littéraire généralement considéré comme mineur, la nouvelle, mais aussi mis en lumière une oeuvre qui, sans cela, serait probablement restée assez largement méconnue en dehors de son pays, le Canada. Certes, de grands auteurs nord-américains comme Jonathan Franzen et Joyce Carol Oates enjoignaient depuis des années au public de lire Munro, mais il faut reconnaître qu'ils n'était pas légion, ceux qui la lisaient.
Avant l'attribution du Nobel, je n'avais jamais entendu parler d'elle. Et même après, je ne me suis pas précipitée sur son oeuvre. Je me la figurais comme une petite dame parlant d'une petite voix de petites choses, je m'attendais donc à m'ennuyer un peu. Lorsque j'ai ouvert pour la première fois son dernier recueil, Trop de bonheur, et lorsque j'ai entamé la lecture de la première nouvelle, Dimensions, j'ai aussitôt ressenti une fascination proche de l'hypnose. C'était environ un an après le Nobel, à l'automne 2014, et je me souviens exactement du lieu où je me trouvais, ici à Gordes, loin de Paris où je vivais à l'époque, dans cette pièce-ci qui tient lieu de salon, dans ce fauteuil en velours rouge face à la cheminée où je m'installe souvent pour lire en fin de journée. J'ai lu la nouvelle d'une traite, et je me suis dit que même si Alice Munro n'avait écrit pour toute oeuvre que cette unique histoire, elle aurait amplement mérité le prix Nobel. Je me suis également demandée s'il était possible que les neuf autres nouvelles de ce recueil, et aussi celles de ses précédents recueils, puissent atteindre une telle intensité. Maintenant que j'ai lu pratiquement toute son oeuvre, la réponse est oui, très souvent.

Munro va à l'essentiel, chacun de ses mots est pesé au trébuchet. Ses histoires requièrent une lecture très attentive, non parce qu'elles parleraient de choses compliquées. Non parce que les phrases qui les composent seraient méandreuses ou digressives comme chez Proust ou Simon. Mais parce qu'elles disent un maximum de choses en un minimum de mots. Munro, c'est la puissance de la concision. Ce qui ne veut pas dire que son écriture est sèche et plate, absolument pas. Qu'en en juge dans cet extrait tiré de Fiction :

« Toute la sagacité de son ivresse, toute sa jubilation expulsées d'elle comme un vomi. A part ça, elle n'avait pas la gueule de bois. Elle pouvait se vautrer dans des lacs d'alcool, semblait-il, et se réveiller aussi sèche, aussi aplatie, qu'une plaque de carton. »

Dans ses dernières oeuvres, surtout, elle touche au plus près à la quintessence du langage. Quand je relis La recherche du temps perdu, je saute allègrement des passages qui m'intéressent moins sans perdre le fil de l'histoire. Il m'est même arrivé de relire l'oeuvre de Proust à l'envers, en commençant par la fin, par le temps retrouvé. Chez Munro, une lecture « à sauts et à gambades » est impossible. Sauter une phrase ou y être peu attentif a de grandes chances de vous faire passer à côté d'un élément essentiel pour la compréhension de l'histoire. Ce d'autant plus que les éléments essentiels prennent souvent l'aspect le plus anodin.

Ainsi dans Visage, le narrateur, affligé d'une large tache de naissance violacée qui lui défigure la moitié du visage, nous raconte comment sa mère, « une sainte », s'y prenait pour le préserver :
« « Cela rend le blanc de cet oeil-là d'autant plus joli et clair », fut l'une des sottises excusables que disait ma mère dans l'espoir de m'amener à m'admirer moi-même. Protégé comme je l'étais, j'avais tendance à le croire. »
Ce « protégé comme je l'étais » nous paraît parfaitement anodin. Rien de plus naturel, en effet, à ce qu'une mère dont l'enfant a le visage défiguré fasse en sorte de le protéger de l'hostilité du monde extérieur. Sauf que nous découvrirons dans la suite de l'histoire ce que recouvre effectivement cette « protection ». Car avec Munro, les choses sont rarement celles que l'on croit. Elles en cachent souvent une autre, qui en cache une autre, qui en cache…etc…

Dans Radicaux libres, nous faisons connaissance avec Nita, dont nous comprenons qu'elle vit seule et qu'elle est déprimée. Nous apprenons dès la deuxième page qu'elle vient de perdre son mari d'une façon aussi inattendue que soudaine :
« Elle n'eut pas le temps de se demander pourquoi il était en retard. Il était mort et s'était effondré contre la pancarte qui annonçait une promotion sur les tondeuses à gazon devant la porte du magasin. »
Apprenant que le mari décédé était âgé, bien plus âgé que sa femme, nous croyons avoir affaire à un récit de deuil difficile, de chagrin inexpiable et de solitude insondable, certes, mais qui s'inscrit dans l'ordre des choses. Sauf que l'ordre des choses n'est pas celui que nous croyons. Distillant ses informations au compte-goutte, Munro va nous conter une tout autre histoire, en faisant surgir au moment où on s'y attend le moins l'imprévu sous les traits d'un inquiétant jeune homme.

L'imprévu est également au coeur de Dimensions, une nouvelle qui porte à son sommet l'art de conjuguer le plus grand mystère à des révélations savamment dosées. La nouvelle s'ouvre sur Doree, qui se rend au prix d'un trajet très long et très fatigant dans une « institution » un dimanche à neuf heures du matin. Dans le paragraphe suivant, nous apprenons qu'elle est femme de ménage dans un hôtel, un travail ingrat et éreintant qu'elle aime précisément pour cela. Intrigués, nous sommes. Qui aime faire un travail ingrat et éreintant, dont il est précisé qu'il comporte « des tâches répugnantes »?
Parce qu'il « occupait ses pensées jusqu'à un certain point et lui causait une telle fatigue qu'elle parvenait à dormir la nuit ».
Dans le paragraphe suivant, nous comprenons qu'il lui est arrivé quelque chose (un événement imprévu), et que ce quelque chose fut suffisamment notable pour qu'elle ait sa photo dans les journaux, une photo prise avec ses « trois enfants, le nourrisson, Dimitri, dans ses bras, et Barbara Ann et Sasha de part et d'autre, regard tourné ves l'objectif. » Nous apprenons dans la foulée qu'elle a changé d'apparence depuis la photo, et qu'elle se fait désormais appeler par son second prénom : Fleur.
En quatre petits paragraphes et en moins de deux pages, nous voici ferrés et les questions se bousculent. Qu'a donc fait cette femme pour se retrouver reléguée dans un boulot dévalorisant? Pourquoi cette longue et éreintante expédition lors de son seul et unique jour de congé? Où sont ses enfants? Pourquoi ne veut-elle pas qu'on la reconnaisse?
Nous découvrons peu à peu les éléments, l'enchaînement de circonstances qui ont mené au drame, drame que l'on peut qualifier, après coup, d'inéluctable. Inéluctable puisque ce qui était seulement une possibilité parmi des centaines d'autres est effectivement advenu.

L'imprévu, c'est par définition un événement qui n'était pas prévu. Mais l'imprévu, ce n'est pas nécessairement ce qui n'était pas prévisible. Par tâtonnements successifs, grâce à une subtile construction faite d'allers-retours entre le passé et le présent, grâce, surtout, à une connaissance très fine des mécanismes à l'oeuvre dans les conduites humaines, Munro nous montre la succession de décisions ou de non-choix, les ramifications que les personnages ont empruntées mais qu'ils auraient pu ne pas prendre, l'enchaînement de circonstances fortuites qui les mènent inéluctablement au drame. Et c'est ainsi qu'elle réussit cette chose surprenante, paradoxale, que résume joliment la quatrième de couverture : La célébration, dans chacune de ses histoires, du mariage de l'inattendu et de l'inexorable.
J'ai dit Elle nous montre. C'est une formule trop crue ou trop simple pour qualifier l'écriture de Munro. Elle ne montre pas, elle dévoile peu à peu. Ce dévoilement n'est jamais total. Aucune explication définitive n'est apportée à des comportements dont les tenants et les aboutissants restent profondément mystérieux.

« C'est la profondeur de ce mystère, alliée à la limpidité du style, qui font la puissance de cette oeuvre ».

Florence Noiville
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Poussif, de la littérature facile, très américaine, du roman de gare avec quelques idées certes, mais lisse et sans intérêt. j'ai lu deux fois la première nouvelle en pensant que j'avais dû rater quelque chose!! Un prix Nobel quand même.... Mais non. Quel ennui ennui ennui ennui ennui (Babelio veut 255 caractères) profond...
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Dix nouvelles, fragments de vie, de petits bonheurs et de grands malheurs. Dans ce recueil, Alice Munroe, Prix Nobel de littérature, explore l'émancipation des femmes à travers les déconvenues quotidiennes, à travers les déceptions du quotidien et les événements qui chamboulent les plans pourtant si bien établis. Les vies qu'elle raconte sont banales, communes et ordinaires, mais surgit toujours un événement inattendu, surprenant, qui renverse l'existence toute tracée de ces femmes que l'on vient de rencontrer.

Déstabilisant parfois, étonnant souvent, mais toujours à propos, le style d'Alice Munroe nous emmène dans les tréfonds de l'âme humaine, dans ce que nous cachons et que nous cherchons à oublier. Ce recueil, contrairement à ce que suggère son titre, n'est pas une éloge de la plénitude, plutôt un concentré de moments malheureux pour nous faire apprécier les petits instants de bonheur du quotidien. Sa plume acérée vient nous remuer les tripes, quand bien même on sait bien peu de choses des personnages qu'elle met en scène et quand bien même l'histoire de dure pas plus de quelques pages.

Véritable reine de la nouvelle, Alice Munroe déploie dans ce recueil tout son talent d'autrice hors du commun. Des textes à découvrir, ne serait-ce que pour les avoir lus une fois dans sa vie.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Comment les femmes surmontent-elles les traumatismes de la vie ? Les petits drames du quotidien, les authentiques tragédies ? C'est ce dont nous parle Alice Munro.
Une femme, dont on sait qu'elle a totalement changé de vie, va visiter son mari interné dans "Dimensions".
Dans "Fiction", une femme se voit rappeler son divorce douloureux lors de sa rencontre avec une jeune romancière.
Dans "Wenlock Edge", une étudiante sérieuse, pour rendre service à sa colocataire, n'ose pas refuser une visite chez un vieillard louche.
Une mère voit son fils aîné, victime enfant d'un accident grave, s'éloigner radicalement de sa famille dans la nouvelle "Trous-profonds".
Une veuve doit affronter une intrusion effrayante chez elle dans "Radicaux libres".
"Visage" montre une enfant manifestant maladroitement sa solidarité avec son voisin à la joue marquée.
"Des femmes" tournent bizarrement autour de la chambre d'un malade.
Dans "Jeu d'enfant", la narratrice et sa copine de colo cherchent à échapper à une voisine handicapée trop collante.
"Bois" raconte la passion de Roy pour le bûcheronnage...
Et pour finir, "Trop de bonheur" narre la vie de la mathématicienne Kovalevskaïa.
Les héroïnes de ces nouvelles sont des femmes ordinaires, des toutes jeunes filles, des mères, des femmes âgées... Leurs émotions sont décrites méticuleusement au travers d'objets ou de petits gestes qui nous parlent, immédiatement. On ne peut échapper à cette analyse minutieuse, au point pour ma part d'avoir dû faire une très longue pause après la lecture de la première nouvelle. C'est une écriture remarquable, mais pas une lecture plaisante.
Traduction presque irréprochable de Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso.

Challenge Nobel
Challenge Globe-trotter (Canada)
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Le présent recueil est composé de dix nouvelles dont la dernière donne son nom à l'ensemble.
Ce sont ce qu'on peut appeler des nouvelles d'ambiance réaliste, pas des nouvelles à chute : la fin est souvent une conclusion ouverte et la surprise n'est pas ce qui prédomine. Les lecteurs se font une idée des destins qui leur sont présentés sans que soit imprimé une morale ou un jugement et ce, hormis quelques remarques lucides clairement exprimées.
Lire plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2021/10/27/alice-munro-trop-de-bonheur/
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