+++++++ LA BIBLIOTHÉCAIRE PERSONNELLE +++++++
Personne ne peut rester indifférent à l'extraordinaire destinée de Belle da Costa Greene, la bibliothécaire personnelle du puissant banquier américain John Pierpont Morgan (1837-1913). Et sûrement pas
Alexandra Lapierre qui a consacré une biographie romancée à "
Belle Greene" , un ouvrage duquel notre amie sur Babelio, jeunejane, a introduit le 1er février dernier une merveilleuse critique.
Belle da Costa Greene était une femme noire qui a été obligée de cacher son identité véritable et de passer comme une blanche, pour se protéger de discriminations racistes.
D'abord un mot sur l'auteure :
Marie Benedict, née en 1969 à Pittsburgh, a beau être avocate elle a publié plusieurs ouvrages historiques et des biographies, entre autres de "
Madame Einstein" et l'actrice
Hedy Lamarr. Elle a été assistée par Victoria Christopher Murray qui depuis 1997 a écrit de nombreux romans, souvent sur des thèmes religieux.
Belle est née en l'État de Virginie le 26 novembre 1879 comme Belle Marion Greener. Par la suite, elle s'est faite plus jeune de 4 ans en arrangeant un peu sa date de naissance. Après le divorce de ses parents son nom de famille a perdu la lettre "r" à la fin et elle s'est fabriqué une ascendance portugaise (da Costa) pour expliquer sa couleur de peau fort basanée.
Ne croyez surtout pas que notre Belle était une tête de linotte. Loin s'en faut ! Elle a hérité l'intelligence de son père, Richard Greener qui, il y a un siècle et demi en 1870, a été le tout premier noir diplômé de la prestigieuse université d'Harvard.
En 1902, à l'âge de 22 ans, Belle a commencé à travailler dans la bibliothèque d'une autre prestigieuse université, celle de Princeton, où elle s'est fait remarquer par son habilité avec d'anciens manuscrits.
Trois ans plus tard, elle a été recrutée par l'infuent John Pierpont Morgan pour s'occuper de sa colossale collection de livres. Une collection qu'elle a, au fil des années, considérablement élargie en achetant pour des millions de dollars de manuscrits et oeuvres rares.
Après la mort du banquier, son fils Jack Morgan (1867-1943) a laissé Belle poursuivre ses travaux et l'a nommée directrice de la "
Pierpont Morgan Library" dans la fameuse avenue Madison, 225, à Manhattan, New York.
Pendant 43 ans, jusqu'à sa retraite en 1948, notre bibliothécaire a tout donné pour enrichir cette collection et à en faire une des plus somptueuses du monde, grâce à un talent de discernement et de négociation exceptionnel pour des pièces de grande valeur.
Belle da Costa Greene ne s'est jamais mariée, mais a eu pendant des années une liaison avec l'historien
Bernard Berenson (1865-1959), un Américain d'origine lituanienne et grand spécialiste de la Renaissance italienne.
En googlant les photos de Belle sur le net, vous pouvez-vous rendre compte que son allure honorait son prénom. Elle avait par ailleurs l'habitude de s'habiller à la parisienne avec beaucoup de soins : chapeaux, colliers, foulards, visons...
Une de ses boutades y faisait allusion : "Ce n'est pas parce que je suis bibliothécaire, qu'il faut que je m'habille comme une bibliothécaire".
Un encore plus célèbre propos de Belle tenait en 2 mots. À une question d'un journaliste indiscret qui voulait savoir si avec Pierpont Morgan elle avait eu une relation amoureuse, elle a répondu : "We tried" (nous avons essayé).
Belle da Costa Greene est décédée à New York le 10 mai 1950, à l'âge de 70 ans.
L'ouvrage de 341 pages, sorti le 29 juin dernier, est sérieusement documenté et se lit facilement. Aussi bien que je viens de me commander de
Marie Benedict sa biographie d'
Hedy Lamarr "
La femme qui en savait trop".