Une de mes pièces préférées. Je l'ai découverte en première année de lycée et elle m'avait fait bonne impression, en la relisant des années après, je suis toujours aussi fan.
Ce qui me plaît dans cette pièce c'est le titre – amplement justifié — «
On ne badine pas avec l'amour », il annonce deux choses, du badinage et de l'amour. On se rend compte à la lecture que les deux sont présents avec brio. le badinage prend plusieurs formes et l'amour aussi. le décalage entre la gravité des faits et le ton insouciant que peuvent prendre certains personnages est très drôle. Quelques protagonistes sont d'ailleurs très amusants, leur sens des priorités m'amuse énormément pendant que Camille et Perdican se déchirent par amour.
C'est une comédie singulière. On rit, et pourtant, bien des messages nous parviennent aux oreilles. le comportement des personnages, leurs répliques, tout est soigné pour nous dévoiler une palette importante des sentiments humains. J'ai beaucoup d'affection pour les événements se déroulant dans la pièce et leurs implications sur ceux à venir.
Personnellement, cette pièce se lit très vite, elle comporte trois actes écrit en prose avec un style fluide et agréable à lire. En une demi-journée vous l'avez terminé, la plume
De Musset est très belle, simple et efficace, je ne me suis pas ennuyé une seule ligne. C'est une pièce qui me passionne pour ses nombreuses citations cultes et pour ses messages.
Camille et Perdican s'aiment, mais en raison de leurs doutes, de leurs orgueils, cet amour qui aurait pu être magnifique se retrouve terni. La jalousie, les manigances, les interrogations... Tout semblait les prédestiner à se marier, à la réflexion, ils auraient fait un couple extraordinaire. Malheureusement, leurs personnalités les poussent à commettre des actes irréparables. On se sent très triste pour eux, même si l'escalade de « violence » nous conduit à les blâmer.
Camille longtemps éduquée au couvent pense l'amour vain et futile, que les hommes sont les « méchants ». Son comportement pieux est louable, je comprends que l'engagement lui fasse peur après tout ce qu'elle entendu sur les mariages malheureux. Néanmoins, à de nombreuses reprises, elle devient agaçante, puis touchante, détestable et sympathique. Elle est très humaine. Perdican est lui perdu dans la nostalgie du temps où il jouait avec Camille. C'est un jeune homme très attachant, dont j'ai beaucoup aimé la personnalité et les répliques. Il est facile de s'attacher à lui et de compatir à ses ennuis. Toutefois, le stratagème qu'il finit par mettre en place à cause de son orgueil nous le rend moins appréciable.
En tout cas, ce sont deux protagonistes principaux qui ne laissent pas indifférent le lecteur, ils nous surprennent durant ces trois actes. Leurs agissements sont fascinants à étudier. le duo amoureux se transforme peu à peu en triangle où la malheureuse Rosette fait alors son entrée. Pauvre Rosette, on ne peut s'empêcher de se sentir triste en la voyant être le jouet du couple, elle est au milieu. Malgré son manque de caractère et son manque de connaissance, elle apparaît sage et gentille, ce qui nous touche davantage.
Quant aux autres personnages, ils sont très amusants. Ils sont la touche comique. Comme
Molière avant lui,
Musset s'amuse de quelques traits de personnalités qu'il exagère et pourtant, on rit beaucoup. Pluche est la gouvernante de Camille, elle est irritante et très pieuse, ce sont surtout les commentaires du choeur qui sont amusant à lire. Ah, le choeur, une entité très étrange, commentant les faits et gestes des personnages avec sarcasme et douceur. Chacune des interventions du choeur permet de rire. La guerre entre maître Blazius (gouverneur de Perdican) et maître Bridaine (le curé) est un temps fort de la pièce. Ces deux-là ne cessent d'évincer l'autre pour avoir la meilleure place auprès du baron. Tous les coups sont permis et seul le vin compte ! Ils sont sincèrement très amusants. le Baron, père de Perdican, est un curieux protagoniste. On le sent touché par la discorde entre son fils et sa nièce, Camille. On le sent perdu devant leurs agissements, devant le couple Perdican-Rosette. Pourtant, il ne tente jamais rien, il laisse faire, seule sa colère éclate, mais aucun geste et aucune mesure ne seront pris.
En conclusion, la pièce
De Musset ne laisse pas indifférent. La forme tout comme le fond sont des choix intéressants à lire, la prose de l'auteur est fluide rendant la pièce encore plus courte. La lecture est agréable en raison des rires que nous procurent des quiproquos, des situations comiques ou des répliques de personnages employés pour la comédie. Devant un décor champêtre, idyllique se joue un drame terrible qui donne au titre de la pièce une incroyable force. On ne joue pas avec l'amour, Camille et Perdican sont deux protagonistes attachants et humains, cette maxime, ils vont l'apprendre à leurs dépens. On passe du rire à l'émotion, c'est une très belle pièce, juste et touchante.
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