AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,97

sur 4912 notes
Certes, l'histoire est abjecte. Mais laissons cela au Journal de l'qui s'attache à dépeindre le point de vue de Lolita, la belle-fille victime des assauts de Humbert. Là, il s'agit d'une déclaration d'amour à cette enfant, puisque, bien que conscient d'être "monstrueux", Humbert est convaincu d'être amoureux, ne voit pas leurs ébats comme des viols à répétition. le style est d'une poésie rare, lumineuse, qui contraste étonnamment avec le thème, si sombre. "Rouille et poussière d'étoiles", voilà qui définit parfaitement ce livre oxymorique si puissant (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2020/05/23/lolita-vladimir-nabokov/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          200
"Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins."

Je me fais appeler Humber Humbert, ou Hum Hum, comme si naturellement ou inconsciemment il fallait se méfier de mon existence. Dès que je l'ai vue, j'ai su. C'était elle. Cette jeune nymphette qui se prélassait lascivement sous le soleil écrasant, ses gouttes de sueur qui perlaient le long de son front, jusqu'au cou, sur ses frêles épaules. Où était-ce moi-même qui, étriqué dans ma condition d'homme respectable, suintais de partout l'ignoble personnage que je devenais ?

"Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois reprises, contre les dents. Lo. Lii. Ta."

Son petit corps de pimprenelle se dandine devant moi, ô diabolique créature séduisante. Combien de sacrifices pour parvenir à tes bras ? S'il faut séduire ta tendre génitrice, qu'il en soit ainsi, rien n'est trop pour toi, ma doucette. La seule chose qui importe, c'est de quitter cet endroit empreint de souvenirs, épié par les yeux curieux des voisins, dans lequel tu risques de m'être arrachée si nous restons. Viens, ma doucette, mon trésor, ma beauté fugace, je t'emmène… Toi et ton petit corps chaud accompagnerez le mien, qui se tord de désir à tes côtés …

"Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur les pointillés. "

Elle est mon joyau ; je serai son écrin. A jamais, ma Lo, a cælo usque ad centrum. Il n'est de conception d'un avenir sans ta présence, sans ton souffle chaud contre mon corps la nuit, après l'amour, Lo-li-ta ! Bercés par l'immensité du ciel étoilé, sous la coupe des chérubins qui ont fait se rencontrer nos chemins, bénis par les dieux, je ne cesserai de te contempler, d'admirer ce petit corps ferme et frêle, cette bouche ourlée et ces lèvres charnues, ses yeux de poupée, ma Poupée ! Ma Lo !

"Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita."

Ma tendre, ma Beauté, mon Amour… Omnia vincit amor.

Commenter  J’apprécie          206
Il est des livres, rendus célèbres par le tollé qu'ils provoquèrent en leur temps, le deviennent encore davantage plusieurs décennies après. Celui-ci en fait partie.


L'histoire est écrite sous la forme d'une confession rédigée par un homme qui est en attente de son jugement pour meurtre. Il se donne comme pseudonyme : Humbert Humbert. Afin de tenter d'amadouer les juges en sa faveur, il va tenter de se présenter sous son meilleur jour. Il se décrit comme un nympholepte, un euphémisme pour dire pédophile. Il explique comment lui est venu son goût pour les filles de douze ans; il eut une courte idylle avec une fille du même âge qui mourut assez vite, ne pouvant par-là même concrétiser pleinement cet amour. Cela lui causa un grand traumatisme. Mais en réalité, il se sert de la psychanalyse pour se dédouaner totalement des crimes dont il on lui imputera la responsabilité. (C'est une façon, je pense, pour Nabokov de lancer une pique à la psychanalyse, qu'il considérait comme de la fumisterie). Humbert est quelqu'un de distingué, cultivé et charmant mais aussi un peu cynique : une sorte de Méphistophélès moderne.

Après un mariage qui se solde par un échec, il décide de faire ses valises pour les États-Unis. Il emménage comme pensionnaire chez une dame dénommée Charlotte Haze, il remarque que celle-ci a une fille de douze ans, Dolores dite Lolita. Il entrevoit à travers cette fille pré-pubère son fantasme de la nymphette délurée et aguicheuse. Il accepte de vivre ici uniquement pour pouvoir essayer à l'occasion de profiter un peu de la petite.

Mais un jour, la mère décide d'envoyer sa fille dans une école en pension et avoue à Humbert qu'elle est amoureuse de lui. Celui-ci accepte par calcul et ils se marient très vite. Ce dernier se sert de sa femme comme cobaye, en effet il expérimente sur elle toute sortes de somnifères qui lui serviront quand il retrouvera Lolita. Charlotte, après avoir découvert son attirance pour sa fille, meurt percutée par une automobile. Humbert devient désormais le seul parent de Lolita et il a enfin les mains libres pour faire ce qui lui chante.

Il décide d'arracher Lolita à sa pension et commence ainsi pour eux deux une errance de motel en motel où il pourra mettre ses projets à exécution, profiter d'elle comme bon lui semble. Côtoyant chaque jour Lolita, ses fantasmes de nymphette commencent à se dissiper, il s'aperçoit qu'elle est grossière, très conventionnelle, superflue, qu'elle n'a rien de ce qu'il imaginait la première fois qu'il l'a vue, qu'elle n'est finalement qu'une gosse ordinaire de son âge.

Après une escale assez longue à l'école de Beardsley où il tente de l'initier à l'art dont la peinture et l'apprentissage du piano en vain, ils repartent sur un itinéraire décidé par Lolita. Sur le trajet, Humbert se sent suivi et a l'impression que Dolores lui cache quelque chose. La paranoïa le gagne jusqu'à ce jour où on lui ravit la soi-disant lumière de sa vie, dans une chambre d'hôpital où elle était en convalescence. Humbert, après quelques années, ayant retrouvé la trace de Dolores mariée et enceinte d'un jeune mécanicien désargenté, lui donne le nom de l'homme qu'il recherche, celui qui est la cause de tout son malheur : Quilby, un autre pédophile. Il ira le tuer, son double, à l'instar d'une certaine nouvelle d'Edgar Poe.




Ce roman nous montre un de ces personnages les plus machiavéliques de la littérature et nous incite à nous méfier des apparences. C'est pas parce que ce type a l'air bien sous tous rapports que ses intentions sont louables.
Commenter  J’apprécie          205
Un roman mettant en scène un pédophile, pendant les années que dure la passion qu'il éprouve pour Lolita, une pré-adolescente. le sujet, bien que difficile, déroutant, de nature à mettre mal à l'aise, est traité de façon admirable. Une des clés en est peut-être l'équilibre que l'auteur a su mettre en place en ne tombant pas plus dans un glauque gratuit, qu'il ne cède à la complaisance ou la facilité. La force de l'oeuvre est encore augmentée par l'utilisation de la narration : c'est le pédophile lui-même qui revient les événements. le tout est étonnamment « lisible » ou peu rébarbatif, et c'est possiblement lié au fait que ce personnage n'est plus — au moment où il écrit, plusieurs années après les faits — totalement dans le déni de l'horreur de ses actes ni de leurs conséquences. Il est surprenant de voir, malgré le dégoût qu'inspire la pédophilie ou la personnalité du narrateur, que ce livre se lit bien, qu'il est captivant et puissant. Il faut que l'auteur ait du génie pour réussir sur un sujet on ne peut plus périlleux.
Commenter  J’apprécie          200
Faut-il lire "Lolita" ? J'avoue que sa lecture m'a un peu éprouvée.
Au fond du fond, il est des obsessions plus faciles à tolérer, à comprendre que celle du héros, non du protagoniste, cet intellectuel maladivement attiré, fasciné par les jeunes filles pré-pubères, les « nymphettes ».

Thème toujours d'actualité avec son cortège de souffrances intolérables et inadmissibles, comme en témoigne un roman qui vient de sortir de Neige Sinno, « Triste tigre ».

Je ne peux pas faire abstraction des dommages irréversibles que le protagoniste fait subir à la très jeune Dolorés (qu'il surnomme Lolita) et que va porter toute sa vie cette très jeune victime. Une victime là aussi choisie facilement au sein de son propre foyer (grâce à son mariage avec sa mère).
Ce roman a été (est toujours ?) considéré comme un chef d'oeuvre de la littérature, controversé certes mais apprécié, nous disent les critiques (professionnels et patentés) pour son style littéraire poétique, sophistiqué.

Cela suffit-il pour aborder avec sérénité cette mise en exploitation sexuelle d'une enfant, cet esclavagisme pur et simple qui ne dit pas son mot ?
Cela suffit-il pour digérer ce tourbillon émotionnel d'un être éduqué, complexe et immoral ?
Cela suffit-il pour percevoir, sans réagir, une certaine tolérance de la part de l'auteur, Nabokov, vis-à-vis de sa créature littéraire qui semble le fasciner ?
Peut-être puise-t-il dans les tréfonds de son âme la nourriture nécessaire pour alimenter son sujet et développer cette peinture psychologique
Fiction, fantasme ou réalité ? le terreau de la Littérature avec un l'majuscule ?
« Lolita » ou plus exactement « l'Enfer de Dolorès », à vous de voir.
Commenter  J’apprécie          195
Il faut bien de l'audace pour écrire un tel roman abordant ce thème perturbant, sensible, tabou et abject qu'est la pédophilie. Scandale, censure et désormais classique de la littérature… Je me suis armée de courage, délaissant mes à priori, afin de me confronter à cette lecture particulière.

Humbert Humbert parle de lui-même à la troisième personne et dès lors, ce type de personnage me déroute. C'est au travers de sa propre “analyse” qu'il nous livre le récit concernant Lolita. Avant d'en arriver à sa rencontre avec sa “nymphette” (comme il aime à nommer les petites filles entre 9 et 14 ans, qui sont pour lui pleines d'un charme particulier et d'attraits *frissons*), il nous relate ce qu'il est, d'où il vient et ce par quoi il est passé. Il admet posséder un grain de folie pervers mais il revendique également un esprit vif, savant et taquin. Depuis la fin de son premier grand amour, sa vie n'a finalement eu aucune saveur. Vaste mascarade durant laquelle il tente vainement de lutter contre sa nature, contre son penchant malsain pour les nymphettes, s'autorisant seulement à les contempler de loin et à s'égarer dans la folie du fantasme. Quand soudain, au terme de 25 années, surgit Lolita, “lumière de [sa] vie”. Et là, tout bascule.

Les événements s'enchaînent, hélas plutôt favorablement pour ce prédateur en puissance et en un rien de temps, papa Humbert et sa nymphette chérie se retrouvent en tête à tête, sans plus personne entre eux. le narrateur nous abreuve de moult tergiversations et descriptions de lieux, de personnages, d'activités touristiques qu'il prétextait afin de donner aux yeux de Lola, du sens au voyage qu'il décide d'entreprendre. Voyage qui n'est que la mise en scène malsaine de son fantasme sans limite. Ils finissent par se stabiliser, pour un temps, pastiche de la parfaite petite famille monoparentale. Lo est instrumentalisée, baladée, détenue captive d'une routine obscène entre les griffes d'un homme fou (d'amour ?!).

Humbert est autocentré sur son seul et unique plaisir, il n'a d'yeux que pour la fascination que lui inspire sa Lolita, l'attrait charnel de son corps nymphatique. Au-delà de cela, il n'a aucune considération pour elle, il ne s'intéresse en rien à ses émotions qu'il ne saisit pas. Les crises de nerfs et les pleurs de Lo, sa lassitude et son apathie l'effleurent sans qu'il ne songe un instant qu'il puisse être à la source de tous ces maux. Sous couvert d'un homme respectable et charmant, c'est un monstre qui ne se rend nullement compte de ses horreurs.

Je dois avouer que l'auteur m'a quelques fois perdue dans sa narration, tant elle est alambiquée, métaphorique, descriptive, emplie de références qui m'échappaient (tout ou en partie) sur certains détails que mon intérêt n'a su accrocher, ni mon esprit saisir avec netteté… Les tournures de phrases sont savamment construites et multitudes de mots m'étaient jusqu'alors inconnus. Je me suis donc souvent perdue en longueurs et louvoiements, je le reconnais. Mais c'est sans doute là que réside la force de ce roman, ce n'est pas cru ni franchement obscène. Toute cette histoire nous est livrée à mots couverts par le biais d'allusions, c'est insidieux, on devine, on comprend de quoi il est question ; cette immoralité, cette dépravation, cette perversité abusive, cette enfance mutilée… Et le narrateur nous relate tout ceci avec une certaine réserve, ce n'est pas franc, plutôt mielleux comme pour nous amener à dire : voyez dans quelle situation j'étais… Comprenez-moi. Et c'est horrible, car Humbert tend à minimiser son rôle de bourreau et s'octroie même la place de victime.

Enfin, la dernière partie du livre survient. On aperçoit la lumière au fond du tunnel et un semblant d'homme derrière le monstre. La saveur douce-amère d'une certaine prise de conscience et d'un semblant de repentir. La folie passionnelle s'estompe pour laisser place à un amour viscéral. J'ai, pour ma part, beaucoup de mal à le concevoir. Cet "amour" à sens unique, égoïste, dévastateur, destructeur que nourrit Humbert pour Lolita… A aucun moment je n'ai lu, ne serait-ce que l'ébauche d'une histoire d'amour, seulement la monstruosité maladive d'un homme déséquilibré. Et, mettant l'affect de côté, cliniquement parlant, Humbert est un cas fort intéressant. Ce livre, dans lequel il ne faut chercher aucune leçon de morale ni tenter de comprendre les motivations de Vladimir Nabokov, constitue une expérience en soi.

Finalement, je ne puis dire que cette lecture fut agréable... Il faut s'accrocher, tant pour le sujet abordé que pour le style littéraire, mais il reste indéniable qu'il faut avoir lu Lolita au moins une fois dans sa vie !

Challenge Pavés 2021
Challenge Multi-Défi 2021
Challenge ABC 2020-2021
Challenge du Livre au Film
Challenge Les Globe-trotteurs
Commenter  J’apprécie          199
Un roman immoral mais majestueux par toutes les différentes lectures que l'on peut en avoir. J'ai fait abstraction de l'age de la protagoniste rapidement au fil des pages pour voir la torpeur dans laquelle le témoin raconte ses pensées et pour apaiser les possibles jugements subjectifs de ma conscience. 500 pages qui coulent et pas mal de perspectives intéressantes. Merci aux mots de l'auteur en fin de lecture. Je me suis glissé sous la couverture de ce livre avec l'esprit rempli de tout ce qui s'est dit, se dit sur ce livre. Il fallait que je le lise pour me faire mon propre avis et ne pas rester dans des résumés concupiscents à souhaits.

Une écriture qui me rappelle d'autres styles, tel celui de Gabriel Garcia Marquez. Oui je sais, je fais tourner le temps dans l'autre sens.

Donc des grandes lignes maintes fois entendues qui cachent d'autres mouvements en arrière-plan. A la fin, je ne sais sur quel pied danser, devant tant de surprises, jusqu'à la fin, pas de pieds, donc je suis entré dans la danse. Même sous l'immoralité non cachée de ce livre, j'ai oublié l'âge de la nymphette à quelques reprises pour voir d'autres lignes, surtout sur la jalousie, dévorante, et la vie des autres qui suit son cours en jouant avec le paraître et l'être. Des focales différentes à tout bout de champ.

Et je me pose une question au dessus de toutes les autres. Dans quel état doit se trouver un écrivain pour écrire un roman de cet acabit.

Lien : http://souslesportes.blogspo..
Commenter  J’apprécie          190
Retour de lecture sur "Lolita", ce monument de la littérature américaine, publié en 1955. La confession, depuis sa prison, d'un homme de 37 ans qui raconte sa folle passion amoureuse avec une gamine de 12 ans. Vu l'aspect sulfureux de ce livre, la publication du roman a eu lieu à Paris chez un éditeur de second rang, après plusieurs refus d'éditeurs américains. Dès les premières lignes on est emporté par la plume fantastique de Nabokov, mais pratiquement tout aussi vite on est calmé et pris d'un grand malaise face aux confidences du personnage principale Humbert Humbert. Ce livre, écrit à la première personne, est le témoignage de cet homme, qui n'est ni plus, ni moins, qu'un pédophile qui assume pleinement sa perversité et cette passion. On comprend donc, avant même qu'apparaisse Lolita, qu'on est éloigné de l'adaptation de Kubrick au cinéma, reconnue comme un chef d'oeuvre, qui présente presque HH comme la victime d'une nymphette, provocatrice et allumeuse. On se rend compte que cette adaptation est finalement relativement libre et ne respecte pas vraiment l'esprit du roman, même si la trame, est elle, globalement respectée. La connaissance du film n'impacte donc que très peu l'intérêt que peut avoir cette lecture. La confrontation entre le thème malaisant de cette histoire, son aspect passionnel et cette écriture magnifique, d'une grande poésie, avec beaucoup d'humour, place le lecteur dans une situation paradoxale et dérangeante, qui dure tout au long du livre. La manière avec laquelle HH, qui est présenté sans aucune ambiguïté comme un malade, s'insinue dans ce foyer, manipule et prend peu à peu le contrôle, avec un cynisme et une hypocrisie totale, est effrayante. Pour le lecteur français, il est difficile de lire ce livre en faisant abstraction de Vanessa Springora, tant elle était présente dans les médias pour son livre "Le consentement". Son témoignage de victime, donne un juste éclairage au roman et efface la vision tronquée et fausse que peuvent donner les deux adaptations au cinéma. Elle décrit elle-même Lolita comme sa petite soeur littéraire. le livre de Nabokov n'est vraiment pas facile à lire, aussi belle soit elle, l'écriture est complexe et demande beaucoup de concentration. Passer des heures dans la tête d'un tel pervers est une épreuve également, mais au final le roman est un véritable chef d'oeuvre, à plusieurs strates, une performance littéraire unique et monumentale.

__________________________________
"Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois reprises, contre les dents. Lo. Lii. Ta.
Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita. "
Commenter  J’apprécie          184
Bon le pitch de Lolita, tout le monde le connaît: C'est l'histoire d'un homme d'âge mûr amoureux fou d'une nymphette. C'est le chef d'oeuvre de Nabokov; c'est la seule oeuvre connue de Nabokov.
Pourquoi lire Lolita et risquer de trouver des excuses à un pédophile ? Pour mille et une raisons:
- pour vérifier que Nabokov n'est pas complaisant vis-à-vis de son personnage. Non, Humbert Humbert n'a aucune excuse. Il sait qu'il commet un délit; il sait qu'il est un pervers mais ses désirs narcissiques sont plus forts que la peur, la morale, et l'amour (qu'il prétend éprouver) pour Lolita.
- pour vérifier si Lolita n'est pas une allumeuse. Si, c'est une allumeuse, une petite délurée mais rien que de très normal. A 12 ans, les jeunes filles entrent en compétition avec leur mère et c'est précisément parce que sa mère tombe amoureuse de son locataire qu'elle entreprend de le séduire. La pauvre ne sait pas dans quelle guêpier elle se fourre.
- pour vérifier qui de Lolita ou de Humbert est la victime de l'autre. Il n'y a absolument aucune ambiguïté: c'est Lolita la victime. Humbert est un prédateur et il est beaucoup question de chasse.
- pour vérifier si c'est un chef d'oeuvre de la littérature: oui, ça l'est. L'écriture est très belle, très imagée et quand on pense que Nabokov n'écrivait pas dans sa langue maternelle, c'est une prouesse. La description des paysages, des personnages et même l'évocation des scènes sexuelles est une performance littéraire. le roman regorge de clins d'oeil et jeux de mots, certaines scènes sont carrément drôles et puis c'est aussi un page-turner. Dans la première partie on se demande avec appréhension s'il va parvenir à ses fins (même si on le sait grâce à la notoriété du roman) et comment et, dans la seconde, on se demande avec angoisse si Lolita va s'en sortir.
Pourquoi est-ce que je ne mets pas 5 étoiles alors ?
Parce que ce livre m'a fait de la peine, parce que je pense à la fillette dont Nabokov s'est inspirée, cette pauvre petite de 11 ans enlevée par un mécanicien de 50 ans, tout juste sorti de prison pour pédophilie, et séquestrée pendant 21 mois au début des années 50; je pense à toutes les victimes de pervers pédophiles et je pense aussi avec amertume à certains lecteurs dont la lecture de Lolita pourrait éveiller une tendance taboue mais peut être répandue. Et ça me gêne.
Commenter  J’apprécie          181
Lolita, voilà une lecture qui demande de faire des pauses pour ''digérer'' ce que l'on est en train de lire.
Avec l'actualité qui tourne autour de l'inceste, de pédocriminalité et des problématiques de consentement, c'est assez dur de lire une histoire dont le narrateur est celui qui tient le rôle du prédateur, d'être dans la tête de celui-ci.
Ce que j'ai trouvé particulièrement déroutant, c'est que la plume de Nabokov est tellement belle et agréable à lire que lorsqu'il fait parler le narrateur de Lolita, de ce qu'il ressent pour elle, on a tendance à en oublier que c'est d'une enfant dont il parle, on en vient parfois à se dire qu'il narre la belle histoire d'amour de deux adultes consentants.
J'estime qu'il faut définitivement le lire une fois dans sa vie mais il faut aussi être en mesure d'accepter d'alterner entre, d'un côté, le dégoût que l'on ressent face aux personnages et ce qu'ils représentent, puis de l'autre, la fascination pour l'écriture de Nabokov.
Commenter  J’apprécie          180




Lecteurs (15119) Voir plus



Quiz Voir plus

Lolita

Qui est l'auteur de ce roman ?

Boris Pasternak
Vladimir Nabokov
Nicolas Gogol

10 questions
382 lecteurs ont répondu
Thème : Lolita de Vladimir NabokovCréer un quiz sur ce livre

{* *}