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4,18

sur 1483 notes
Même si je suis en général lassée par tous ces livres sur la Seconde Guerre mondiale et l'Occupation, ce roman est tout de même à part, et je n'ai absolument pas regretté de m'être lancée !

A part, tout d'abord, par son contexte d'écriture et son histoire. Ce roman relatant la débâcle de 1940 et trois mois dans un village français en 1941 a été écrit… entre 1941 et 1942, avec une incroyable lucidité : on croirait qu'il s'agit d'un roman historique et que l'auteur connaît l'issue de la guerre !
L'auteur, justement, n'est pas n'importe qui : Irène Némirovsky, romancière célèbre à l'époque, Russe ayant fui les bolcheviks, juive enfin, arrêtée en juillet 1942, déportée et assassinée à Auschwitz un mois plus tard. Suite française, qui devait se composer de cinq parties sur l'ensemble de la guerre, n'en comportait alors que deux, et c'est une de ses deux filles, Denise Epstein, qui a recopié le manuscrit et l'a fait publier plus de 60 ans plus tard.

A part, ensuite, par le style inimitable de l'autrice. Un style parfait quand on sait qu'elle n'était pas française, un style délicieusement ironique (qui m'a rappelé Pierre Lemaître…), cynique et lucide sur ses contemporains, et sur l'ensemble de ses contemporains. Dans la 1e partie, Tempête en juin, on alterne ainsi entre différents protagonistes représentatifs de plusieurs couches de la société. Quant à la 2e partie, Dolce, si la trame principale est une histoire d'amour, elle décrit surtout avec vérité le quotidien de la cohabitation entre Français et soldats allemands.

A part, enfin, par la vérité qui est contenue dans ce livre. On retrouve l'être humain dans sa réalité, dans ses qualités et ses défauts, ses lâchetés du quotidien, son indifférence. Les personnages sont incroyablement réalistes et travaillés, on a l'impression de vivre avec eux, de les connaître vraiment ; on s'attend presque à les croiser un jour dans la rue !
On lit surtout la « vraie » Seconde Guerre mondiale, celle des gens qui essayaient simplement de survivre, qui ont ignoré le plus possible la situation pour conserver au maximum une vie normale, qui n'aimaient ni ne détestaient les Allemands. On est loin des récits qui cherchent absolument à nous montrer des résistants et des héros, ou au contraire des collaborateurs et des traîtres…

Et dire que ce roman génial n'est « que » la transcription d'un manuscrit inachevé ! A quoi aurait-il ressemblé s'il avait pu être retravaillé et terminé par Irène Némirovsky ?
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Suite Française est la représentation dramatique de ce qui pouvait se passer durant la seconde guerre mondiale : des vies étaient fauchées sans préavis. Pour Irène Némirovsky ce fut au milieu d'une oeuvre littéraire...
Nul doute que le pavé de 1000 pages qu'elle allait écrire, en révélant à la perfection les travers de gens en guerre (mais pas au front) dans leur vie quotidienne avec en trame de fond l'amour, aurait eu un grand succès.
Pour ma part, même si je ne suis pas une grande adepte de son style, j'ai pris plaisir à lire ce roman. Mais j'ai surtout été touchée par l'histoire personnelle de son auteur et par la lecture des annexes du livre (notes de l'auteur et correspondance privée).
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Je pourrais vous dispenser de cette vingt-deuxième opinion sur la Suite Française d'Irène Nemirovski. Je ne vous dispenserai pas. Je ne la ferai même pas aussi courte qu'elle est utile.

Car tout a été dit dans les vingt et unes précédentes critiques : le sujet, la lâcheté, la vacuité du bien, la manière de le traiter par vies croisées, le chien français mascotte des SS, la biographie de l'auteur, son départ de Russie, sa mère abusive, la triste fin dans un camp de concentration, la préservation du manuscrit, sous l'occupation, jour par jour... Mozart qu'on assassine.

Ce livre a bizarrement macéré. Sur le moment, j'ai préféré Jezabel où Irène exorcisait le souvenir de sa mère. Un arrière goût de grand ouvrage m'est revenu plusieurs mois après avoir lu Suite Française. C'est bon, cette saveur qui descend dans ma bouche après un grand livre ou un bon film. Comme une fenêtre qu'on ouvre en plus. C'est bon. Même quand la vue est triste.

Résumé et conclusion : L'homme qui prédit le pire ne prend aucun risque. (Raphaël Enthoven)
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C'est le premier roman d'Irène Nemirovsky que j'ai lu, et qui m'a immédiatement donné envie d'enchainer avec le reste de sa bibliographie.
Roman de la guerre et de l'exode, Suite Française s'attache à nous montrer l'homme dans toute son Humanité, c'est-à-dire ses grandes faiblesses et ses élans de grandeur sinon d'héroïsme. Il ne s'agit pas d'un roman sur la guerre mais d'un roman qui montre un aspect de la guerre : la déroute des français pendant l'exode de juin 1940 qui brassa le peuple français dans son ensemble, du grand bourgeois à la cocotte, des familles huppées aux plus modestes, puis l'occupation à travers la vie d'un petit village de campagne où cantonne une garnison allemande. Théatre de toutes les lâchetés, cette époque a également vu s'accomplir des actions magnifiques ; de sa plume acerbe et lucide, Irène Némirovsky traque sans complaisance et avec beaucoup d'intuition la petitesse humaine, l'opportunisme d'un peuple, parfois traversé d'élans patriotiques et généreux.
Deux ans plus tard, elle était arrêtée par des gendarmes français et déportée à Auschwitz…
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Très mal adapté à l'écran car se focalisant uniquement sur la passion interdite entre un officier allemand et une jeune française de la bourgeoisie, ce roman inachevé se doit être lu.

Lu tout d'abord en mémoire de Irène Némirovsky qui fut déportée en juillet 1942 et « assassinée » un mois plus tard, lu en mémoire de son époux Michel qui subit le même sort, lu en mémoire de leurs filles (Denise, 11 ans en 1942 et Elisabeth, 5 ans) qui échappèrent pendant 3 ans à la police et à la gendarmerie française avec l'aide de leur tutrice, cachées dans un pensionnat catholique, un couvent, puis dans une cave de la région de Bordeaux, lu en mémoire de toutes celles et ceux qui furent déportés dans des camps de la mort ou des camps d'extermination par le travail.

Lu aussi pour l'acharnement de Denise qui, du haut de ses onze ans, alla avec sa petite soeur de refuge en refuge sans se séparer des écrits de sa mère et qui, adulte, les rassembla pour permettre l'édition en 2004 du dernier roman de Irène Némirovsky, auteure très connue avant-guerre et oubliée après.

Loin d'être manichéen, ce roman se doit aussi d'être lu car écrit dans le feu de l'histoire, dépeignant presque en direct l'exode de juin 1940 et les débuts de l'occupation allemande au travers de personnages touchants tout comme d'autres mesquins.

Je le conseille en collection Folio car accompagné d'une préface qui situe bien son histoire, et accompagné des correspondances de Irène Némirovsky avec son éditeur puis de celles de son époux Michel qui tente tout pour retrouver la trace de son épouse, avant d'être lui-même arrêté par la police française.
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Le roman commence au coeur de juin 1940, en plein exode des citadins : les allemands sont aux portes de Paris.
On retrouve en pleine panique des gens de conditions tout à fait différentes, en quête d'un refuge. le danger est permanent, les personnages prêts à tout pour survivre, les héros et les lâches ...
La deuxième partie du livre se passe en 1941, dans un village, pendant l'occupation allemande, en zone occupée. le quotidien de gens ordinaires, leur vie quotidienne, leurs réactions, leurs relations avec les soldats allemands....
Une fresque passionnante sur une période tourmentée de l'histoire de France.
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Suite française Irène Némirovsky

La seconde guerre mondiale, l'arrivée des allemands à Paris, l'exode et les français face à tous ces bouleversements.

Dans un style brillant l'auteure nous fait vivre les moments douloureux de notre passé. Elle dépeint avec justesse tous les protagonistes et cerne au mieux et au plus près les caractères et les états d'âme de chacun.

C'est un superbe roman, même si il est inachevé. On peut un peu imaginer ce qu'aurait pu être la suite en lisant les notes de l'auteure à la fin du livre. Cette femme qui ne reviendra jamais des camps avait beaucoup de talent

Les notes et la correspondance à la fin du livre nous font vivre avec émotions les derniers moments de l'auteure et de son mari.

C'est vraiment un gros coup de cœur

Challenge abc 2014/2015
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Première partie d'un grand roman inachevé pour cause de barbarie de ses contemporains, éditée soixante ans après sa rédaction, Suite Française montre une dernière fois les qualités de son auteure pour dépeindre les grandeurs et , plus souvent, lâchetés et vilenies humaines ; la description saisissante de la débâcle de 1940, avec sa galerie de portraits au vitriol, est suivie d'une étude aussi subtile que dérangeante de l'attirance de certaines femmes françaises, éloignées de leurs époux et fiancés par la violence des temps, pour la jeunesse et la vigueur de l'occupant allemand ; j'ai été particulièrement sensible à l'attention constante portée à la beauté de la nature, au fil des saisons, heureuse permanence contrastant avec la folie des hommes.
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Paris, juin 1940,c'est l'exode. La guerre a commencé en l'an précédent et la victoire allemande s'annonce. On suit des tranches de vie de ces gens tous différents qui quittent Paris, quittent la mort... Un an plus tard, dans la campagne française, les Allemands s'installent chez l'habitant. Ils attirent la haine sur eux mais pas seulement...

Ah quel grand roman ! J'ai beaucoup aimé suivre toutes ces personnes avec chacun leurs idéaux respectueux ou risibles. J'ai trouvé la première partie intéressante à suivre, j'ai préféré des personnages à d'autres. Je l'ai aussi trouvé très drôle avec cette humour particulier à l'auteur. La seconde partie est plus discrète, on suit ce village sous l'occupation allemande, et la difficulté d'avoir parfois une opinion tranchant sur l'occupant...

Irène Némirovsky n'a pas eu le temps de finir ce livre qu'elle voulait en 5 livres mais dont elle n'en avait écrit que deux. A la fin du roman, on a les notes d'Irène sur la possible évolution des personnages dans les prochains livres qu'elle n'écrira finalement pas. Je trouve ce "premier" jet (a-t-il été retouché ?) vraiment très vivant, très réaliste de la vie française à ce moment de l'Histoire. J'ai préféré ce livre à Chaleur de sang, qui prend le temps de poser ces personnages et vivre ces moments durs avec eux.

Un peu pénible d'apprendre aussi que Némirovsky avait une opinion dure sur les Juifs même si elle-même était d'origine juive. Malheureusement pour elle, elle a été déportée et morte à Auschwitz.
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Un magnifique roman que j'ai beaucoup aimé.

J'ai aimé l'écriture précise mais fluide. Une plume douce. J'ai apprécié la poésie qui se dégage du texte, la beauté des descriptions et des paysages malgré la noirceur de la période décrite.

Ce qui m'a beaucoup touché c'est l'ambivalence, surtout lorsque l'on en sait un peu plus sur la vie de l'actrice et sa fin tragique. Ici rien n'est noir, rien n'est blanc. C'est la guerre. Il y a les allemands et les français. Il y a les envahisseurs et les opprimés. Mais il y a surtout des personnes, des êtres humains quel que soit leur nationalité, leur statut social, leur vécu. de part et d'autres il y a de jeunes gens qui n'ont rien demandé. Ils ont soif de loisirs et de plaisirs, soif de liberté et de partage. Mais comment faire face à ses propres convictions, à sa propre histoire ?
La psychologie des personnages est fouillée. C'est très intéressant de voir le débat intérieur de chacun d'eux.

Le roman est divisé en deux parties : l'exode de juin 40 et l'occupation. Ce qui m'a gêné, c'est que ce sont deux parties distinctes, comme deux histoires indépendantes. Elles ne se font pas suite ni ne se répondent. Les personnages de la première partie sont oubliés dans la seconde et ceux de la deuxième partie inconnus dans la première.

Un texte riche, très instructif et très agréable à lire.
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