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4,18

sur 1477 notes
Un coup de coeur pour ce roman qui nous plonge dans les années 1940 : l'exode des populations, la défaite de l'armée française face aux allemands, l'armistice et ensuite l'occupation.
C'est un tableau fin et détaillé des différentes classes sociales et réactions de la population lors de cette fuite alors que l'ennemi arrive. Lâches, faibles, perdus mais aussi parfois solidaires, les français ont peur de l'avenir.
Puis vient le temps de l'occupation lorsqu'il faut vivre côte à côte avec ces soldats, peut-être celui même qui a tué un père, ou un frère, ou un mari.
J'ai beaucoup aimé à la fois le style et les personnages décrits par l'autrice, qui n'aura pas hélas pu achever son projet et donner une suite à ce tableau.
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Un livre très émouvant en deux parties.

La première se passe en juin 1940 et nous raconte l'exode de parisiens devant l'armée allemande qui s'approche de Paris.
La description est minutieuse et passionnante : les personnes sont livrées à elle mêmes et essaient de se réfugier dans le Sud de la France : j'ai particulièrement aimé suivre le couple Michaud : ils travaillent dans une banque et leur patron leur propose de les emmener en voiture à Orléans où la banque déménage temporairement. Au dernier moment il partira avec sa maîtresse, laissant le couple se débrouiller (les trains circulent difficilement voire pas du tout dans la panique). En quelques jours, c'est la loi du plus fort qui s'instaure. L'auteure a un regard très ironique sur tous ces personnages : j'ai souri devant la métamorphose de Mme Pericand qui découvre que les préceptes de « bonne chrétienne » qu'elle a sont peu de choses quand il s'agit de nourrir ses enfants. On suit aussi d'autres personnages, parmi eux : un adolescent, fils de Mme Pericand, qui essaie de partir défendre son pays en pleine débâcle ; un soldat français blessé, fils des Michaud précédemment cités, qui se réfugie dans une ferme ; un écrivain imbu de sa personne…

La deuxième partie se passe un peu plus tard à la campagne dans un village Bussy.
L'occupation par les allemands est racontée au jour le jour : les habitants de ce petit village doivent s'accommoder des restrictions, des réquisitions et de la souffrance d'être séparés de leur maris, frères, pères prisonniers en Allemagne.
L'ennemi est effrayant mais au bout d'un certain temps de cohabitation une « certaine amitié » réussit à naître entre occupants et occupés. Lucille, mal mariée à un français qui est prisonnier de guerre en Allemagne, combat les sentiments qu'elle commence à ressentir vis-à-vis du commandant Bruno von Falk. Cet officier réside dans la maison qu'elle partage avec sa belle-mère : l'ennemi côtoyé finit par devenir « proche » malgré tout. Dans cette campagne, entre collaboration et début de résistance, les français doivent prendre des décisions difficiles.

Un livre à la fois très émouvant et très caustique….

Un livre d'autant plus impressionnant qu'il a été écrit en 1941-1942 et que l'auteure, russe d'origine juive, a été déportée en 1942 et est morte à Auschwitz. Ce livre regroupe deux volumes d'une suite qu'Irène Némirovsky avait prévu en 5 tomes.
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Première réflexion en refermant ce livre: mais pourquoi je ne l'ai pas ouvert avant?! Bon, je l'avoue, ce roman me faisait très peur. J'en avais tellement entendu parler que je ne voulais pas être déçue. Les premières pages ont été laborieuses, j'ai eu du mal avec le style de Némirovsky (mais je suis incapable de dire ce qui me gênait dans son écriture) et je n'arrivais pas à accrocher à son histoire. Grand bien m'as pris de persister car j'ai beaucoup aimé cette lecture. Je l'ai d'abord pris pour un témoignage (j'ai attendu quelques pages avant de lire la préface et de comprendre le destin incroyable de ce roman) tant les faits raconté semblent réalistes et vivants. Irène Némirovsky raconte avec une distance et un sang froid l'exode de Paris et l'Occupation allemande. Quand on sait que le roman a été écrit en même temps que se déroulaient les évènements ça force le respect. C'est cependant cette distance qui m'empêche de mettre un 5/5 car j'ai trouvé que le roman manquait parfois un peu de chaleur. le récit est très réaliste, mais froid par moment. Je ne me suis donc pas attaché aux personnages et à leurs petites mesquineries ou instants de partage. J'ai lu leurs vies, un point c'est tout.
Ça reste cependant une excellente lecture et je suis contente d'avoir sorti ce roman de mes étagères.
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Tout ce qui touche à la guerre est tout au moins sombre si bien qu'on commence le livre avec cet air sombre, de plus l'heure est grave, c'est la panique, les Allemands arrivent, "ils arrivent", l'instant est précieux, il faut mettre sa vie en abri, c'est en cela que le livre est intéressant, Irène Némirovsky
nous présente de différentes situations parallèlement, on part d'un couple à un couple, d'une famille à une autre, un engagement de jeunes gens à un autres, on se croirait sur une colline où plusieurs voies nous envoient plusieurs informations
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Riche de son succès critique mérité "Suite française", le roman inachevé d'Irène Némirovski, a pour principale qualité d'être très bien écrit avec une prose et des dialogues d'une grande fluidité même si pour moi il n'est pas le chef-d'oeuvre attendu, comparé à deux autres romans qui traitent du même sujet : "Le silence de la mer" de Vercors et "Le pianiste" de Wladyslaw Szpilman. Il n'en reste pas moins qu'il est poignant parce qu'il sonne comme un témoignage à hauteur d'hommes et de femmes durant la seconde guerre mondiale ce qui en fait un roman historique racontant en deux parties l'exode et l'occupation allemande à travers des personnages particulièrement bien décrits.

La publication de ce roman est déjà une histoire extraordinaire à elle seule puisque le manuscrit a été sauvé par les filles de la romancière alors qu'elles fuient la gestapo et la police française complice de la déportation de leur mère morte gazée dans un camp d'extermination nazi. Ce n'est que soixante ans plus tard qu'il sera retrouvé et publié, auréolé à juste titre du prix Renaudot 2004.
C'est terrifiant et pourtant le ton adopté par Irène Némirovski n'est pas haineux, je dirai même plus que sa description dans la deuxième partie des officiers allemands bien élevés, cultivés et toujours courtois m'a un peu agacée. Mais c'est l'humanité dont elle fait preuve qui est admirable.


Challenge Pavés 2023
Challenge XXème siècle 2023
Challenge ABC 2023-2024
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C'est le seul roman de ma connaissance (parcellaire) écrit au fur et à mesure du déroulement de la seconde guerre mondiale. Irène Nemirovsky va, dès 1939, prendre des notes et écrire sur le déroulement de la guerre. Elle va avoir l'ambition d'une série de 5 tomes, dont seuls 2 ont été écrits (et surtout sauvés de la destruction afin d'être publiés 62 ans plus tard). Jusqu'en juillet 1942, à quelques jours de sa déportation et de son exécution à Auschwitz, Irène Némirovsky va écrire une fiction humaniste et visionnaire.

J'ai été séduit par la qualité de l'écriture. Comme tout le monde, je pense. C'est fluide et travaillé. D'une précision sans faille. D'une justesse à toute épreuve. Mais j'ai été surtout secoué et remué par la vision de l'autrice quant aux événements, à leur succession, à leur enchaînement. Il n'y a pas de jugement de valeur, alors qu'en tant que juive, elle est la cible des lois nazies et de l'empressement du gouvernement de Vichy. Elle a une profondeur d'analyse des comportements humains, des caractères, des rouages de l'âme. Et c'est juste beau. Exemplaire.

L'édition comporte des ajouts, outre les 2 premiers romans de cette Suite que Némirovsky imaginait. D'une part, on a les notes et réflexions sur son roman. Cela permet de voir l'évolution de sa pensée, des événements qu'elle relate. Ses doutes. On a aussi des indications sur ce qu'auraient pu être ses 3 autres romans. D'autre part, on a la correspondance de Némirovsky et de son mari avec diverses personnes, dont son éditeur. Ce qui m'a le plus étonné dans ces échanges, c'est la naïveté d'Irène Némirovsky et de son mari par rapport à ce qui les attend. Primo Levi dans Si c'est un homme (que j'ai lu il y a peu) tient approximativement un discours semblable. Irène Némirovsky et son mari arrivent à s'illusionner et à se fourvoyer, ce qui contraste assez fortement avec son talent visionnaire qui s'exprime parfaitement dans son roman.

Mais c'est du domaine du détail. C'est un grand roman. Percutant, nourrissant, et humain.
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J'ai découvert l'auteure au hasard d'un article de presse par le biais de l'histoire incroyable par laquelle le manuscrit a finalement été découvert par ses filles dans une valise puis édité des années après. le projet de Némirovsky était d'écrire 5 parties à cette histoire.

Je ne ferai pas assez honneur à ce livre quels que soient les mots employés. Je l'ai terminé il y a une semaine et pourtant je ne parviens pas à le reposer. Je me suis laissée emportée par l'écriture d'Irène Némirovsky qui dévoile avec un œil acéré et une plume à la fois critique et poétique le quotidien des français et leur fuite hors de Paris dans le premier livre tempête en juin, puis de l'occupation dans le livre dolce, en mettant en particulier en avant deux femmes, Mme Angellier et sa belle-fille Lucille, cohabitant avec un officier allemand. le livre pourrait faire l'objet de dizaines de citations différentes. L'écriture est très accessible et brosse un portrait d'hommes et de femmes de divers milieux, affrontant le quotidien de la seconde guerre mondiale, montrant le vrai visage des hommes face à l'adversité.

Le livre regroupe également une préface expliquant l'histoire des Némirosky et en fin de roman les notes d'Irène et des correspondances de la famille.

C'est un immense coup de cœur ! Je vais sans tarder me procurer les autres titres de Némirovsky

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Un livre, deux histoires qui s'entremêlent: « Tempête en juin » et « Dolce »
« Tempête en juin »
Juin 1940. C'est l'exode, le sauve qui peut…
Nous assistons, effectivement en direct à cette débandade pour quitter, coûte que coûte Paris qui risque d'être envahie par les troupes allemandes, peut- être même bombardée, probablement pillée.
C'est l'histoire croisée de plusieurs individus qui vont être confrontés à cet exode, et cette débâcle va mettre en exergue les préoccupations majeures de leur milieu social, leurs défauts, leur veulerie, leur pleutrerie, leur concupiscence… Oui, ce malheur va pointer leur vraie personnalité.
Même le chat domestique Albert qui vivait jusqu'à présent dans un appartement douillet, et qui fait partie de cette tribulation va en profiter pour s'échapper et commettre quelques méfaits sanglants ! C'est dire …
Mais Il y a ceux aussi qui révéleront leur courage, leur fraternité, leur solidarité …

« Dolce »
On va retrouver quelques personnages croisés dans "Tempête en juillet" .
Bussy. Les troupes allemandes cantonnent quelque temps dans la commune.
Lucile Angellier, vit avec sa belle-mère dans une maison cossue. La plus belle du village. Perquisitionnée, elle accueille le commandant Bruno von Falk. Bientôt , Lucile découvre qu'elle est attirée par ce jeune homme cultivé, musicien talentueux. Mais son mari Gaston est prisonnier…et la belle-mère veille aux convenances…
Irène Némirovsky connut, elle aussi cette fuite éperdue et cette terrible errance pour tenter de sauver la vie des siens, la sienne aussi. Témoin oculaire, en première ligne, elle put donc observer, ce qu'elle raconte si férocement, avec un grand talent et une écriture fleurie, Elle fut, elle aussi , confrontée à la générosité , au mépris, au rejet, condamnée parce que juive bien que baptisée. Elle fut arrêtée en juillet 1942…
Un roman d'autant plus poignant car révélé tardivement
Irène Némirovsky ne put le publier de son vivant , et il passa à la postérité, bien longtemps après sa déportation et sa mort à Auschwitz, grâce à ses filles qui conservèrent précieusement le manuscrit tout au long de leur propre exil et de leur clandestinité.
Son talent fut reconnu par l'attribution du prix Renaudot … en 2004 !
Probablement Irène Némirovsky aurait écrit une suite tout aussi tragique, tout aussi passionnante.

Impossible de corriger le nombre d'étoiles ! mais effectivement, c'est bien 5 qui éclairent le fronton de ce commentaire !
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Cela faisait longtemps que Suite française faisait partie de mes livres à lire et j'ai pris un grand plaisir à la lecture de ce roman.
Irène Nemirovsky aborde, dans une première partie, l'exode de 1940 en France en évoquant le quotidien des civils. Au-delà du contexte terrifiant de la guerre et de l'incertitude sur la durée et l'issue du conflit, quel plaisir délectable que de découvrir les inquiétudes des uns et des autres à l'idée de devoir tout quitter. Que doit-on emmener ? Ne prendre que le strict nécessaire ou emmener tout ce que l'on possède ? Bien entendu, quand on a pas de richesses, la question ne se pose pas, c'est l'angoisse de l'inconnu qui empare alors les personnages. En revanche, le dilemme est immense quand, comme les Corte ou les Perricand, on vit dans l'opulence.
Une fois ce choix établi, arrive le trajet de l'exode, bien différent selon les familles et surtout leur classe sociale. Là encore, les aventures et surtout les mésaventures des différents protagonistes du roman sont l'occasion pour l'auteur de dénoncer les travers des comportements humains. Dans ces moments, où l'on penserait que l'entraide prédomine, ce sont en réalité la lâcheté, la peur et la trahison qui triomphent.
Dans la seconde partie, on partage le quotidien des habitants du village de Bussy sous l'occupation et comment chacun d'eux réagit face à la présence des Allemands. Dans cette fresque, le lecteur est invité à partager l'intimité de certains habitants du village et notamment de Lucile, personnage central.
Quel dommage que ce roman soit resté inachevé en raison du triste sort réservé à Irène Nemirowsky. Pour conclure, une phrase extraite des notes manuscrites de l'auteur mises en annexes et qui résume parfaitement le ton du livre : « Si je veux faire quelque chose de frappant, ce n'est pas la misère que je montrerai mais la prospérité à côté d'eux ». C'est parfaitement réussi et c'est qui fait l'originalité du roman.
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deuxième guerre mondiale, l'arrivée imminente des allemands, l'exode, tous ces évènements décrits avec une rare finesse psychologique dans un style raffiné, l'homme aux mille facettes, qui devant l'urgence, la peur, la faim est capable du pire. La deuxième partie du livre s'intéresse plus particulièrement à l'occupation dans un petit bourg de province et dans sa campagne alentours. Les vainqueurs semblent vouloir se fondre dans cette vie provinciale, et les vaincus courbent l'échine pour tirer profit de cette invasion, mais dès qu'une brèche se forme ou un point de faiblesse apparaît chez l'occupant, les frustrations des habitants rejaillissent, et ils sortent leurs griffes acérées de haine.
L'auteur possède une clairvoyance de l'âme humaine sans désillusion. La correspondance annexe est très émouvante, on suit le parcours désespéré de son mari pour la retrouver alors qu'elle fut déportée et gazée dans le silence et l'indifférence de la guerre.
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