Solitudes
Dans une maison de retraite du sud de la France, la rencontre inattendue d'une très vieille pied-noire et d'un très vieux moudjahid (combattant de la guerre d'indépendance). Les ennemis d'autrefois découvrent vite quelles complicités les lient, au delà de leurs inimitiés anciennes, plus proches l'un de l'autre que de tous les autres pensionnaires et, dans l'humour et la tendresse, décident de faire route ensemble vers l'ultime liberté. Histoire qui pourrait sembler convenue, mais ce que j'en ai beaucoup aimé, c'est l'immense compassion avec laquelle est décrite cette déchéance, cette dépersonnalisation, cette impossibilité de contact qu'apportent les maisons de retraite et le cheminement vers la mort. Non qu'elles soient puantes et mal gérées, le cadre volontairement choisi ici, pour les besoins de la démonstration, est une maison bien tenue, entourée de jardins, avec un personnel attentif et gentil. Mais on y a perdu ses repères, le contact avec les siens, on glisse vers la mort en passant par l'inéluctable déchéance, même lorsque, comme Yvonette, on a été une femme intelligente, active et généreuse, une ancienne institutrice qui « a la conviction soudaine, dans la honte et la trahison de son corps, que perdre un pays, en comparaison, ce n'est rien »
Sur un sujet très grave, un beau livre plein de tendresse.
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