Biographie romancée et sensible de
Robert Desnos par l'auteure de la « Part du feu ».
En abordant ce nouveau genre littéraire, G. Nohant change de registre et emprunte une plume poétique. Se glissant dans les pas du grand poète mort en déportation, elle retrace non seulement son éveil à l'écriture en général et à la poésie en particulier mais aussi ses convictions d'homme qui se traduiront par un engagement dans la Résistance, sans renier ses amours flamboyantes, ses amitiés indéfectibles ou ses coups de sang pour ne pas dire ses coups de gueules.
Si j'ai eu quelques difficultés à entrer dans l'histoire, la première partie est un peu laborieuse et scolaire, je me suis très vite laissée embarquer dans le Paris des années 1930, grouillant de promesses et de dangers. le rythme s'accélère avec l'entrée en scène des Surréalistes ou les apports des artistes venus se réfugier à Paris pour y trouver la fraternité, la liberté de vivre et créer bien loin de l'Allemagne nazie ou de l'Espagne franquiste.
Reconnu comme auteur, poète, critique littéraire, homme de radio,
Desnos côtoie et devient l'ami des plus grands (Foujita, Picasso,
Eluard, Breton, Barrault…), il aime les plus belles femmes, les plus fantasques aussi, surtout l'époustouflante Youki.
L'effervescence artistique atteint son apogée tandis que Paris bruisse du bruit des pas de bottes avant de sombrer dans l'Occupation.
G. Nohant arrive avec talent à tenir à la fois le récit historique national et le chemin singulier de l'homme. Touches par touches, elle nous en confie ses joies, ses doutes et surtout son appétit de vie. Sa plume libérée, elle devient plus poétique sans pour autant singer son sujet.
Avec l'arrestation de
Desnos, le récit prend un nouveau tournant. L'auteur en livre alors les rênes à Youki. La compagne à éclipses, frivole et volage, se transforme en une femme amoureuse, déterminée à sauver son homme des camps.
Le ton se densifie au fur et à mesure de la tragédie. le drame prend le pas sur les paillettes.
La voilà ainsi poignante se révélant à elle-même dans sa vérité première.
La dernière partie, atypique par rapport au reste, est aussi la plus forte émotionnellement et la plus réussie d'un point de vue stylistique.
Bien loin de la biographie sage et linéaire, « la légende d'un dormeur solitaire » constitue une puissante épopée en compagnie de brillantes étoiles par trop filantes.