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sur 414 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Légende d'un dormeur éveillé" n'est pas un roman mais une biographie romancée d'un poète que j'aime beaucoup, Robert Desnos. En quatre parties bien distinctes, l'auteur nous révèle les principaux événements de la vie de ce grand poète, des années 20 à l'Occupation.
Tout le monde connaît Robert Desnos, et a appris à l'école au moins une de ses poésies ("Une souris de dix-huit mètres avec un chapeau sur la tête"...ça vous parle ?!). Mais Desnos ne se réduit pas à cette image que l'on a de lui, ni à ce poème que les petits apprennent encore à l'école.
Sa vie est finalement peu connue, même si tout le monde sait que le poète est mort en déportation.
Le récit débute alors que Desnos vient de rentrer de Cuba. Nous sommes en 1928.
Nous faisons avec lui des haltes fréquentes à Montparnasse, nous écrivons dans son atelier de la rue Blomet, nous croisons des noms connus comme Antonin Artaud, Jacques Prévert, Louis Aragon, Paul Eluard, mais aussi Pablo Neruda, Picasso, Garcia Lorca...et bien d'autres.
Nous buvons un coup au café des "Deux magots" ou passons la nuit à débattre avec les artistes surréalistes, ou bien encore à danser au Bal Nègre...
Nous traversons les années auprès de lui et de ses amis ! Une impression étrange de promiscuité, comme si nous étions là nous-aussi, à chaque instant, en train de discuter avec ses amis...
Robert Desnos est toujours hanté par Yvonne (la chanteuse Yvonne George) qui a contractée la tuberculose et se noie dans l'opium entre deux séjours au sanatorium. Mais il finit par tomber amoureux fou de Youki Foujita, qui deviendra son grand amour et à laquelle il restera attaché toute sa vie.
Mais toutes deux le feront beaucoup souffrir...car elles sont volages et instables, mais d'un autre côté, elles seront source d'inspiration pour le poète.
Dans ce milieu d'artistes parisiens de l'avant-guerre, tout le monde ne pense qu'à s'amuser, à boire, à manger, à discuter mais aussi à abuser de drogues diverses et à mélanger le tout dans un cocktail détonant.
C'est bien l'image que j'avais des années folles à Paris !

Mais dans ce milieu intellectuel particulier, la fête n'empêche pas les artistes d'être également très réalistes. Tous voient très vite les dangers de la montée du nazisme en Europe...
Robert Desnos, dans ses chroniques, continuera à écrire et à dire ce qu'il pense, sans présager qu'un jour tout cela pourrait se retourner contre lui, et cela ne l'empêchera pas non plus de s'engager dans la résistance, ce qui causera sa perte...
J'ai eu du plaisir à découvrir ce récit romancé, mais cela ne m'empêche pas moi aussi, de rester lucide et critique...

J'ai trouvé très longue la première partie. Or c'est justement celle qui permet au lecteur d'accrocher avec le récit et les différents personnages...
Les petits potins de l'époque, les amours trahis des uns ou des autres, les excès en tous genres, j'avoue qu'ils ne m'ont pas spécialement passionnés...
La seconde et la troisième partie nous font découvrir ce poète impétueux, mais si sensible et ses multiples facettes.

J'ai aimé la personnalité très attachante du poète, sa façon d'aimer, son désir de justice et sa liberté d'action et de ton....
J'ai aimé que le texte soit étayé de vers du poète, sélectionnés juste au bon moment et avec une grande justesse....
J'aurai aimé que soient davantage développés, les idées du poète, son ressenti, son besoin de liberté et tout ce qui a fait de lui un être à part...
J'ai moins aimé la quatrième partie du récit qui cite des extraits du journal (supposé ou réel ?) de Youki...

J'aurais aimé finalement un livre plus court car il y a des passages où je me suis presque ennuyée (surtout au début) et où j'ai eu envie d'abandonner la lecture...
Retrouvez ma critique complète sur mon blog...
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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De la vie de Robert Desnos, dont la poésie m'a séduite dès mon adolescence, Gaëlle Nohant fait un bouleversant récit qui nous entraîne dans le Montparnasse des années folles avec André Breton, Apollinaire. Desnos se veut libre, très vite il se détache des mouvements qui l'enchaînent. C'est un homme joyeux, amoureux de la vie, entouré d'amis tels que Prévert, Aragon, Jean-Louis Barrault, Pablo Neruda...et amoureux de Youki, jusqu'à la fin de sa vie.
Desnos se révolte contre la dictature, contre l'injustice, et fait preuve dans toutes les circonstances, même les plus dramatiques, d'un optimisme sans faille.
Oui, Gaëlle Nohant provoque une rencontre magnifique entre Desnos et son lecteur! C'est aussi une page de l'histoire qui est racontée ici, avec les tragédies qui l'ont marquée.
Je retiens de ces pages une leçon de courage et de sincérité.
" Une fourmi de dix huit mètres
avec un chapeau sur la tête
ça n'existe pas, ça n'existe pas..."
Ou l'art de mettre de la poésie sur le tragique.
Merci encore Monsieur Desnos, et Merci Madame Nohant
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Ce livre est le roman, ou plutôt la biographie à peine romancée de Robert Desnos, l'auteure s'étant contentée d'imaginer les dialogues et de combler peut-être quelques blancs de l'histoire.
Nous vivrons donc avec émotion les amours multiples (jusqu'à sa Youki) du poète, sa participation au mouvement surréaliste jusqu'à sa rupture avec Breton, ses amitiés avec les poètes et artistes du temps dont Eluard, Foujita, Prévert et bien d'autres, puis son engagement progressif dans la Résistance, avant que sa chérie Youki ne prenne la plume pour imaginer ses derniers jours de déporté à partir des lettres qu'elle a reçues et de quelques rares témoignages de rescapés, une fin si émouvante.
C'est le portrait d'un personnage magnifique d'humanité et de talent, victime de la barbarie et célébrant jusqu'au bout la vie, l'amitié, l'amour.
Le tableau de l'époque, du foisonnement artistique de l'entre-guerres et du drame de l'Occupation de la France par les nazis est particulièrement réussi.
C'est écrit avec une grande sensibilité, fidélité aux faits et avec la bonne idée d'avoir inséré des extraits de poèmes de Desnos entre les paragraphes, respirations enchantées, l'auteure étant comme amoureuse de son héros.
Car comment ne pas aimer cet homme ?
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C'est un sacré pari de la part de Gaëlle Nohant. Ressusciter un poète oublié ou mal connu, une figure qui pour certains est synonyme de plaque de rue, de nom de lycée ou de comptine enfantine. Réussir à transmettre sa passion, à faire découvrir cet homme (je n'ose pas dire redécouvrir car j'avoue mes immenses lacunes à son sujet) et parvenir à nous faire regretter de ne pas l'avoir rencontré. Pari gagné si l'on en juge par les commentaires unanimement enthousiastes qui ont accompagné la parution de Légende d'un dormeur éveillé.

Un sacré pari, oui, parce qu'il n'est pas facile d'entrer dans ce roman et que je me suis fait peur pendant une bonne soixantaine de pages. le Robert Desnos de la fin des années 20, début des années 30, dans le Paris des surréalistes mêlant poètes, cinéastes, peintres et muses, enchaînant soirées, discussions, conquêtes féminines... j'ai eu du mal à m'intéresser à lui. Un peu gênée peut-être par cette avalanche de noms, les anglo-saxons disent name dropping, qui me donnait le vertige. Difficile de faire émerger le poète dans tout ça, encore moins l'homme quand soudain, au détour d'une phrase : "... lui dont l'unique snobisme est de ne pas trier ce qu'il aime en fonction du bon ton. Entre Les Pieds Nickelés et Les Chants de Maldoro il refuse de choisir, son esprit curieux se nourrit de tout ce qu'il voit, goûte, respire.", l'envie s'éveille, "Son écriture est une possession et un vertige, une plongée, une odyssée sans limite et sans boussole. Elle est la seule puissance capable de l'arracher à la perdition amoureuse, à l'exquise souffrance d'aimer", puis se renforce. Mais c'est au milieu des années 30, lorsque la montée des nationalismes influence et interroge la vie intellectuelle et que l'homme se révèle dans toute sa splendeur, laissant affleurer le futur résistant, farouche défenseur des libertés que Robert Desnos m'a complètement ferrée.

A partir de là, ce livre est un régal. Gaëlle Nohant parvient à mêler habilement les fils qui narrent l'homme aux multiples activités, le poète, l'amoureux fou, l'homme de presse et de radio, le conteur pour enfants et le citoyen du monde, au moment où ce monde devient fou. On comprend son parcours, comment se nourrit sa création à travers ce qui l'entoure, le sens qu'il trouve peu à peu et qui irrigue son travail. On découvre un homme obstiné à rendre la vie plus belle à ceux qui l'entourent, par le pouvoir des mots, de l'imagination et des rêves. Jamais un livre n'a mieux porté son titre. L'émotion monte crescendo, grâce à la belle écriture de Gaëlle Nohant, portée par l'amour de son sujet et mêlant finalement sa voix à celle de Youki, le grand amour de Desnos dans un final de toute beauté.

En referment ce superbe roman, on n'a qu'une envie, se précipiter chez un libraire pour acquérir quelques oeuvres de Robert Desnos mis en appétit par les quelques vers ou extraits de Journal qui ponctuent et illustrent judicieusement le livre. Pari gagné donc, et haut la main ! C'est avec un immense plaisir que je rejoins désormais le fan-club de ce roman et le cercle de plus en plus étendu des amoureuses de Robert Desnos.

Impossible de terminer sans citer l'un des extraits du Journal (1944) de Robert Desnos inséré par l'auteur :

"Que chaque jour t'apporte sa joie. Au besoin, provoque-la, prémédite-la. L'homme n'est homme que de sa naissance à sa mort. Avant comme après il n'est que matière même si, dans cette matière, est déterminé son destin d'homme."
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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J'aimais déjà beaucoup Desnos.
C'est pourquoi j'ai demandé et reçu ce livre via l'opération Masse critique. Merci mille fois à Babelio et au Livre de Poche pour cet envoi.
Car à présent, en plus d'aimer la poésie de Desnos, j'y suis profondément attaché. Gaëlle Nohant a su restituer avec vie et talent la vie de cet homme épris de justice et de liberté.
Le récit biographique émaillé de citations est une forme idéale pour unir la vie et les oeuvres.
Petit à petit, dans la deuxième moitié du livre, quand on sent arriver la catastrophe finale, l'émotion est devenue poignante et m'a étreint toujours davantage. C'est là qu'on sent l'attachement qui s'est créé.
Je retiens notamment les histoires pour enfants inventées pour égayer Jacques Fraenkel, le petit garçon terré dans son appartement.
La première partie est plus joyeuse et légère. On revisite les milieux poétiques et la vie nocturne parisienne des années 1920 et c'est délicieux.
Et puis il y a les amours malheureuses du poète, mais vécues sans romantisme, dans la fidélité à l'autre et à soi, quoi qu'il en coûte.
Et on se précipite pour lire ou relire des textes de Desnos. Rien de tel pour cela que de se plonger dans le très beau volume édité par Marie-Claire Dumas en Quarto Gallimard.
Deux petites réserves malgré tout.
Le style de Gaëlle Nohant, très fluide, est trop sage pour son sujet. Elle décrit des mouvements de révolte violente et de répression atroce avec trop de gentillesse à mon goût.
Et aussi, dans la première partie uniquement, l'auteure cherche à nous faire croiser toutes les personnalités rencontrées par Desnos. A la longue, cela tourne à la galerie d'esquisses (pas une galerie de portrait, chaque personnalité étant sommairement évoquée). Peut-être aurait-il mieux valu approfondir celles qui ont compté vraiment.
Mais cela n'a pas empêché la proximité que j'ai gagnée avec Robert Desnos en lisant le très beau livre de Gaëlle Nohant.

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Gaëlle Nohant à travers la légende d'un dormeur éveillé nous fait revivre la France des années folles, du Front populaire, de la guerre,de la collaboration, de la résistance.
Pour nous emmener dans ces différentes époques, elle nous conte la vie de Robert Desnos.
Nous voilà au centre de la vie artistique parisienne,partageant la vie des surréalistes, découvrant Foujita et Youki ,passant de la Rue Blomet au Bal Negre sans oublier les vapeurs d'ether,d opium.
Cette biographie romancée de Robert Desnos nous touche car elle est entrecoupée des extraits de poèmes de Desnos et de l'évolution de sa personnalité et de ses engagements
D'un engagement littéraire ( rupture avec André Breton) il va passer peu à peu à un engagement politique que les soubresauts de l'histoire va rendre très engagé.
La réussite de ce livre est de marier avec bonheur la vie artistique et littéraire avec la réalité de la grande histoire
Ce livre m'a permis de découvrir la poésie "positive" de Robert Desnos
Toujours être positif, vivant !
Suite le même sujet : art et histoire des années 1930 /1945 , je vous conseille la trilogie de Dan Franck le Temps des Bohème et plus particulièrement le tome 3 : MINUIT
C'est une bonne introduction afin de connaître et de comprendre la frénésie de cette époque artistique et de son rapport la guerre, la collaboration et la resistance
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Desnos était pour moi un personnage très méconnu...j'avoue avec honte que j'en connaissais seulement le nom, un peu l'histoire, et très peu la vie. Quant aux textes....lors de mes études, aucun de mes professeurs n'a eu l'intelligence ou la présence d'esprit de me faire découvrir ses textes...Trop moderne sans doute, on en restait aux classiques. Bien dommage Et je ne suis certainement pas le seul lecteur dans ce cas.
D'autant plus qu'on ne lit pas un livre de poésie, d'un trait, comme on le fait avec un roman. Non ! Pour moi la poésie se déguste pas petites touches, quelques minutes par ci, par là...
Gaëlle Nohant dont le livre figurait dans le rayon "Nouveautés" de la médiathèque qui fait mon bonheur, m'a fait découvrir LA poésie, non pas celle qui parle du temps qui fait, du vent ou des petits oiseaux, mais celle qui colle aux émotions de son auteur, à sa vie, à ses rencontres, à ses émotions face au monde dans lequel il vit. Elle m'a fait découvrir la poésie de Desnos par petites touches subtiles.
Elle a effectué un énorme travail de recherche documentaire à la fois dans l'oeuvre de Desnos, mais aussi dans celles de ceux qui ont croisé sa vie. Elle nous permet de découvrir sa vie, ses rencontres, les personnes qui ont fait un bout de route ou croisé le fer avec lui, le monde artistique, littéraire ou politique de son époque, et surtout ses engagements notamment contre la peine de mort.
Romancé, certainement, elle n'était pas dans sa chambre à coucher et n'a pas participé aux repas ou aux conversations qu'elle nous permet de vivre...elle imagine cette vie, ces rencontres, ces émotions..
Qu'importe après tout!
Ce texte s'appuie sur de nombreux livres qu'elle cite en fin d'ouvrage, écrits sur Desnos, sur l'homme et le poète, sur les époques de sa vie, sur des biographies de certains de ses contemporains....On croisera pèle mêle et en désordre Aragon, Picasso, Alejo Carpentier, André Breton, Éluard, Garcia Lorca, Man Ray, Jean-Louis Barrault, Jean Cocteau, le peintre Foujita, Henri Jeanson, Rrose Sélavy et Antonin Artaud et j'en passe. Nous sommes nombreux à connaître leur nom, mais sans plus, elle leur donne une part de vie, celle qu'ils ont partagée avec Desnos.
C'est celle du Tout-Paris de l'entre-deux guerres, du Paris de l'occupation, et des collabos, des intellectuels qui, par bassesse, choisirent l'Allemagne et de ceux qui risquèrent leur vie au nom de la liberté qu'ils écrivaient.
Régulièrement le texte de Gaëlle Nohant est imagé par quelques vers de Desnos, par quelques uns de ses textes. Ils illustrent les engagements de l''homme, dépeignent ses états d'âme du moment, ses peines et ses amours.
C'est un secret pour personne : il sera déporté, parce qu'il avait décidé d'agir et de parler malgré les risques, il mourra dans les derniers jours de la guerre...Paris était libéré, il était encore dans les camps nazis.
Une fin de livre, qui nous permet de comprendre le titre, une fin de livre chargée d'émotion, de tendresse et d'amour.
Un coup de coeur passionnant malgré quelques longueurs dans la première partie.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Gaëlle Nohant, Légende d'un dormeur éveillé - 2017 -

Exofiction - C'est un très beau livre que celui-ci qui raconte la vie de Robert Desnos, le poète surréaliste. Nous le suivons dans ses amours tumultueuses avec Yvonne et Youki, dans son aventure avec le surréalisme, dans ses fêtes avec ses amis : Pablo Neruda, Federico Garcia Lorca, Jean-Louis Barrault, Madeleine Renaud, Jacques Prévert, Antonin Artaud, Paul Éluard et d'autres que je connais moins. Puis vient le moment de la guerre et de son activité dans la Résistance. Pour le reste, on s'émeut avec Youki et l'on sait que cet homme habitera notre mémoire longtemps.

Desnos était un homme libre, entier et l'on apprend à apprivoiser sa poésie à travers les extraits de poèmes cités. Gaëlle Nohant a su nous toucher par le regard tendre qu'elle pose sur l'homme et l'oeuvre. J'ai beaucoup aimé.
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Si je vous dis : années folles, entre-deux guerres, surréalisme, résistance , ça vous évoque quoi ou qui ?

André Breton, Paul Eluard, Louis Aragon, Jacques Prévert, Jean Cocteau, Antonin Artaud le suicidé...

Oui bien sûr mais aussi : Federico Garcia Lorca, Pablo Neruda, Alejo Carpentier...
Mais aussi la peinture de Foujita, de Picasso, d'Yves Tanguy...
Et le théâtre de Jean-Louis Barrault ...
Pourtant là il y a un nom qui manque à cette liste, celui de Robert Desnos, le poète, pas toujours surréaliste, mais toujours opposé au fascisme, Desnos le crève la faim, le journaleux, l'amant malheureux, l'ami de plus grand nombre, l'opposant à tous les extrémismes, le résistant, le déporté.
C'est une biographie romancée très réussie, lumineuse, passionnante que celle de Gaëlle Nohant. On y croise tout ce qui a compté à l'époque, les artistes, les penseurs, les militants, les amis du poète, toujours courant après la liberté, toujours en quête d'amour.
Un splendide tableau de cette période si riche mais qui court à grand pas vers le désastre.
J'ai vraiment aimé cette biographie, Robert Desnos l'amoureux absolu, le guetteur éveillé, celui qui donnerait jusqu'à sa dernière chemise, le faussaire magnifique qui loin des lumières fabrique les faux papiers nécessaires à ses amis juifs.

Robert Desnos qui peut faire le coup de poing pour des idées, pour défendre un ami mais qui refuse l'encartement au Parti Communiste et qui affirme « Que chaque jour t'apporte sa joie. Au besoin, provoque-la, prémédite-la. »
Robert Desnos farouche opposant à tous ce qui limite la liberté
Robert Desnos l'homme de radio que j'ignorais totalement et qui donne envie d'avoir accès à ces archives radiophoniques. Ah écouter la complainte de Fantômas !!!
Le conteur pour enfant, si bien sûr je suis certaine que vous savez qu'une « fourmi de dix-huit mètre ça n'existe pas »
Robert Desnos l'amoureux qui croyait avoir « une étoile pour veiller sur moi et une sirène à retrouver. » l'amoureux d'Yvonne que la tuberculose guette, de Youki hélas mariée au peintre Foujita…
Parfois ce Paris de l'entre-deux guerres est un rien trop foisonnant, l'avalanche de noms peu donner le tournis mais tant pis car je pourrais y revenir le jour où je le voudrais et cette vie intellectuelle était tellement effervescente qu'il est certainement difficile d'en rendre compte simplement.
La mort de Desnos, elle, je la connaissais, elle termine de façon abrupte,douloureuse et poignante cette biographie
Un livre au souffle certain, à la dimension historique réussie, à l'évocation talentueuse d'un homme dont on souhaiterait avoir été l'ami.
Ne vous laissez pas impressionner par la taille du livre, il vaut absolument l'effort de lecture
A lire pour tous les amoureux de poésie, de peinture, de théâtre ou d'histoire.


Lien : http://asautsetagambades.hau..
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La littérature est une passion française. Et comme toutes passions, elle provoque des dérangements, des tremblements, des malaises. Comme l'idée saugrenue de mettre à l'honneur Charles Maurras, fondateur de L'Action française, grand prosateur peut-être, homoncule infâme plus surement.

Et Céline, bien sûr, Céline. le grand et le terrible, qui de son VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT n'en finit plus de hanter les cénacles et de provoquer des prurits d'admiration béate. Et l'on sinue, on contourne et on louvoie pour expliquer, amender : c'est que vous comprenez... C'est un génie.

En quoi le Génie est-il une excuse ? Ne serait-ce pas, plutôt, une circonstance aggravante ? Si tant est qu'il y ait génie...

Et face à un Luchini postillonnant, vibrionnant d'enthousiasme, bramant "Céline, Céline", je rêve souvent d'une femme calme et posée, susurrant dans un soupir, clair et définitif, : "Desnos, Desnos...".

Gaelle Nohant tire Desnos de la torpeur oublieuse où l'on a eu le tort de laisser Robert Desnos dormir.

D'une plume alerte, incisive, Gaelle Nohant fait revivre un poète libre, insoumis, surréaliste qui n'aime pas plus se plier aux diktats mesquin d'un André Breton, petit Stalinien de plume qu'aux nouveaux maîtres de la sphère culturelle du Paris collaborationniste. le prince des poètes ne fut jamais le poète des princes.

Surtout, l'écrivaine montre l'absolue modernité de ce touche à tout qui fit de sa vie un poème, qui la consuma.

Enfin, ce dormeur éveillé est un amoureux des femmes et d'une en particulier, Youki, qu'il aima d'un amour incandescent et inaltérable.

Bref, un sacré bonhomme que ce Desnos. Certainement pas un saint, il pouvait commettre lui aussi quelques médiocrité mais à l'heure du choix, il sut faire ce qui est juste.

Ces quelques 500 pages de cavalcade dans un paris d'après guerre qui sombre peu à peu dans la collaboration la plus crasse sont rendues avec une justesse et une verve qui laissent admiratif.

Entrelardé des vers puissants, prothétiques et beaux, tout simplement beaux, de Desnos, LÉGENDES D'UN DORMEUR ÉVEILLÉ nous montre que la bohème ne dura qu'un entre-deux mais que ces années là... C'était quelque chose !

Je déteste dévoiler un dénouement mais il est de notoriété publique que Desnos mourut en déportation, dénoncé par les amis que fréquentait Louis Ferdinand Céline assidûment.

Un de ses compagnons de détention rapporta, qu'à une aube, réveillé brutalement par les SS et au garde à vous dans le petit matin glacial, dans l'une de ces décisions absurdes, chaotiques que produit le pouvoir absolu d'hommes sur d'autres hommes, ce jeune homme murmura à Desnos "C'est mon anniversaire aujourd'hui".

Et Desnos de répondre

"C'est gentil de m'avoir invité".

Et ça... Cela vaut toutes les phrases du Destouches.
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