J'ai découvert Gaëlle Nohant avec
La part des flammes et j'ai retrouvé avec plaisir son style et son talent pour raconter les histoires inscrites dans la grande Histoire. Je ne connaissais pas
Robert Desnos et cette erreur est réparée grâce à ce magnifique roman. le destin méconnu de ce poète méritait pleinement cette éclairage tant il est tragique et lumineux à la fois.
Cette biographie romancée est écrite de manière poétique en harmonie avec les vers de
Desnos qui s'intercalent dans le récit d'une façon magistrale. Ils donnent une résonance particulière au roman et l'enrichissent. le style est fluide et je me suis laissée emporter par les mots et les vers. Des années folles à l'Occupation, de la résistance aux camps de concentration, je suis passée par différentes émotions grâce à l'écriture qui installe une ambiance d'abord lumineuse puis de plus en plus sombre et délétère lorsque la crise se profile dans les années 30. Et en même temps, tout comme
Desnos, le roman reste optimiste jusqu'au bout et l'espoir est présent tout au long de la vie du poète qui a la force de tenir grâce à ses
poèmes dans les moments les plus durs. de ce fait, j'ai été touchée par cet homme, par son insouciance et ses convictions.
Par ailleurs, j'ai beaucoup aimé le rapport de
Desnos avec le mouvement surréaliste, sa prise de distances avec
André Breton, toutes ses rencontres avec
Man Ray, Picasso,
Eluard ou encore
Garcia Lorca. Cette plongée au coeur dans le surréalisme, sa création artistique et cette époque m'a plu énormément alors que je ne me suis jamais intéressée à cela auparavant et je n'avais qu'une envie : ouvrir un recueil de
poèmes « desnosiens ».
Enfin, la dernière partie est écrite sous forme de journal écrit par Youki, la deuxième femme de sa vie, qui parle à
Desnos en l'exhortant à survivre suite à son arrestation et retrouve ses amis poètes. La fin est poignante et cette partie, avec un style différent du reste du roman, est très prenante et je l'ai lu rapidement. A l'inverse, le début du roman a été assez laborieux car il était dense, l'auteure installe tous les personnages et j'ai eu tendance à m'y perdre et à me forcer à avancer. Je me suis laissée embarquer petit à petit, je trouve que le roman monte en puissance au fur et à mesure et c'est d'autant mieux que ce soit dans ce sens-là. le petit bémol est donc qu'il était un peu long, je pense que le livre aurait gagné en rythme en ayant deux-cent pages de moins et en se perdant moins dans les descriptions du début sur les nombreux personnages et les lieux.
Une excellente découverte à mettre entre toutes les mains et un vibrant hommage à un poète trop méconnu.