Pour mon premier
Olivier Norek j'ai choisi un titre que je savais percutant. Percutant et révoltant, il l'est. Et passionnant.
Après une double introduction choc dans laquelle des vies sont à jamais bouleversées, le décor est planté. Ce roman, à mi-chemin entre thriller et plaidoyer écologiste, nous éclaire de façon sidérante sur l'état de la planète, sur le cynisme des grandes entreprises mondiales qui ne reculent devant rien pour continuer à s'enrichir, au mépris parfois de la vie humaine, et sur l'incapacité des États à mettre en oeuvre un plan d'action pour, non pas inverser le processus car il est déjà trop tard, mais au moins le ralentir.
L'histoire est assez simple : un homme, révolté, prend en otage le PDG de Total et exige une rançon de 20 milliards d'euros qui seront reversés à l'entreprise au fur et à mesure qu'elle réduira ses émissions de CO2 et financera la recherche pour décarboner l'énergie dont elle a besoin.
À coups de déclarations réelles toutes plus immorales et choquantes les unes que les autres qui sont ensuite répertoriées à la fin, dans un index, avec la date et le lieu où elles ont été prononcées,
Olivier Norek signe une sorte de docu-fiction choc sur l'irresponsabilité des puissants, et l'aberrante responsabilité que l'on fait peser sur le particulier qui bien consciencieusement trie ses déchets, baisse son chauffage et limite ses déplacements, alors que son
impact sur la planète est insignifiant comparé à celui des entreprises.
Changement climatique, pluies de grêlons meurtrières, zone entières inondées, bar à oxygène pour survivre dans une ville où la pollution y est suffocante, construction de bunker haut de gamme pour être prêt quand la vie sur Terre sera devenue impossible, l'auteur se projette légèrement, mais pas tant que ça. Les prévisions alarmantes des années 90 et 2000 étaient prises à la légère car elles concernaient un hypothétique futur. 30 ans après, la crise environnementale est bien réelle, s'accélère, et aucune action concrète n'est menée. Ou si peu.
C'est aussi fascinant qu'atterrant. Un très bon roman qui se lit rapidement, qui prend aux tripes et qui désespère un peu. L'auteur a beau proposer des solutions et essayer de convaincre que le capitalisme n'est pas l'ennemi de l'écologie et qu'il peut servir à améliorer les choses, qui le fera ?