Je suis
Amélie Nothomb depuis ses débuts il y a plus de 30 ans et 30 romans. Chaque année, à la mi-août, elle donne le coup de sifflet du départ de la fameuse rentrée littéraire et il allait de soi que je courus à la librairie pour acheter le Nothomb de l'année. Très souvent, lire sa prose florissante et son style si particulier me fit passer un excellent (même si un peu court) moment de lecture. Évoquant chaque nouveau Nothomb, les critiques parlèrent de bon cru ou de mauvais cru. En ce qui me concerne, je me fis à chaque rentrée ma propre idée du dernier Nothomb, ayant cure de tous ces crus et autres millésimes.
Rarement, je fus déçu du Nothomb nouveau, et récemment, avec l'expérimental
Soif et l'autobiographique
Premier sang, je fus plutôt enchanté de ce que madame Nothomb nous avait proposé.
Hélas, je ne puis en dire autant du « cru » 2022. Après les 50 premières pages où je reconnus la patte et la légèreté de style de l'autrice,
le livre des soeurs s'enfonça petit à petit dans un drame familial de plus en plus verbeux, décousu, partant dans toutes les directions pour terminer de manière pesante, entre répétitions et drames à la pelle, dont certains voulurent même avoir la connotation onirique propre à l'autrice, mais avec un résultat involontairement, voire peut-être même volontairement comique, ce qui rendrait son livre encore un peu plus gênant.
Songeant à ma déception, je fus obligé de me rendre à l'évidence que 30 années de Nothomb étaient suffisantes. Oui,
le livre des soeurs est le livre de trop de cette autrice, qui depuis 30 ans nous conte à quel point elle fut une enfant précoce et incomprise par des parents jamais à la hauteur de son génie. Une « incomprise », qui a forcé de vouloir se démarquer de ses pairs, finit par s'emmêler les pinceaux et perdre sa crédibilité.
Il est temps pour moi de tourner la page Nothomb, ses mots n'ayant plus de pouvoir sur moi.