AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 2424 notes
N°775 – Août 2014.

MERCURE- Amélie Nothomb – Albin Michel (1998)

Nous sommes en 1923 et une infirmière, Françoise Chavaigne, gagne l'île de Mortes-Frontières où elle doit soigner la pleurésie d'une jeune fille, Hazel, qui vit là avec un vieil homme, le capitaine Omer Loncours. Elle apprend de la bouche de ce dernier qu'il l'a recueillie à la suite d'un bombardement qui l'a laissée affreusement défigurée.D'emblée des relations de confiance s'installent entre les deux femmes ; pourtant, la consigne est de ne pas parler de cet événement ni évidemment de son aspect physique.. sous peine de mort ! Elle ne tarde pas à s'apercevoir que l'absence de miroirs, d'objets réfléchissants et la position des ouvertures vitrées lui interdissent de se voir. Elle apprend que le vieil homme couche avec Hazel et aussi l'existence d'une autre femme, Adèle, que le capitaine à sauvé de la mort quelques vingt ans auparavant, qu'il a séquestrée en lui faisant croire qu'elle avait été défigurée par un incendie et qui se serait suicidée. Dans les deux cas il s'agit d'un mensonge entretenu par le capitaine alors que les deux femmes sont d'une éclatante beauté.

J'ai eu l'impression de lire un roman policier mais ce n'en est pas un. En revanche j'ai bien eu le sentiment d'être en présence d'un roman à l'eau de rose, par ailleurs peu convaincant, avec ses développements sur l'amour, le bonheur, le consentement à l'acte sexuel, la jalousie, la volonté de demeurer incarcérée c'est à dire sous l'emprise de Loncours, la virginité et sur les personnages stendhaliens. La localisation sur une île, dans un manoir sombre ajoute un côté exotique et même un peu théâtral, du genre « unité de lieu », à moins que cela n'évoque le jardin d'Eden, au moins pour le capitaine. le jeu de mots facile sur les noms des femmes et surtout sur celui du vieillard n'ont pas non plus retenu mon intérêt (O.Loncours pour « capitaine au long cours » qu'il était effectivement).

Je note cependant que le concept de résurrection que j'avais déjà remarqué dans « Le fait du prince » (La Feuille Volante n°772) revient sous sa plume. En effet l'auteure présente Hazel comme la réincarnation d'Adèle ce qui peut-être à mes yeux une piste intéressante, c'est peut-être aussi tout simplement un fantasme ou une obsession d'Amélie Nothomb ! L'arrivée dans la vie du capitaine d'Hazel est présentée comme un cadeau des dieux, un bienfait du hasard, Pourquoi pas après tout mais on peut parfaitement voir aussi dans cet homme vieillissant, un sadique et un vicelard ?

L'épilogue d'un roman est toujours attendu par le lecteur. J'ai déjà dit dans cette chronique que le « happy-end » ne me plaît pas du tout et la première version emprunte beaucoup au roman feuilleton pour midinettes. Ici, c'est peut-être un avantage puisqu'il est double, un peu comme si le lecteur avait le droit de choisir. Là aussi pourquoi pas ? Je choisis quand même d'y voir quelque chose qui, en tant qu'auteur, m'a toujours étonné, c'est la liberté de personnages dont j'ai pu vérifier personnellement qu'elle existe et pas seulement en tant que concept. Quand on écrit une fiction, on a une idée assez précise du scénario mais il arrive parfois qu'au cours des développements une histoire différente s'impose à vous, et vous vous laissez faire en vous demandant où tout cela va vous mener...Mais là aussi, c'est peut-être moi qui divague !

©Hervé GAUTIER – Août 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          40
Le cadre est grandiose, les noms incroyables : l'île de Mortes Frontières, la ville de Noeud… le capitaine Omer Loncours, nom prédestiné pour un vieux marin, vit dans l'île qu'il a achetée. Fortuné, il est entouré de son personnel dévoué, de sa jeune pupille Hazel et de beaucoup de questions sans réponses !
Un mystère plane sur cette île… Par exemple, pourquoi Hazel ne doit en aucun voir le reflet de son propre visage dans un miroir ?
Françoise, jeune et belle infirmière appelée au chevet d'Hazel qui est souffrante, va tenter de lever le voile sur ces secrets qui rendent l'ambiance lourde et angoissante malgré l'amitié qui va réunir les deux jeunes femmes.
Derrière l'amour du vieillard se cache une folie coupable, une perversité presque acceptée… La machination est tellement parfaite qu'elle fonctionne à merveille !
Amélie Nothomb brosse avec brio un monde clos dont le héros principal est un vieillard misanthrope. Il n'est pas sans rappeler l'univers de son premier roman, Hygiène de l'assassin. le style y est aussi incisif, l'amour aussi absolu, l'enchaînement des faits aussi inexorable qu'effroyable.
Mercure est une construction magnifique mais désespérée. Pourtant elle n'est pas dénuée d'humour, de cet humour dérisoire qu'ont les personnages sans espoir.

Michel ANge, novembre 2005
Commenter  J’apprécie          40
Mon livre préféré de Nothomb ! J'adore l'idée de l'héroine s'échappant de sa prison grâce à la pile de ses lectures, une histoire qui n'envie rien au romantisme dans le style
Commenter  J’apprécie          40
< L'amour :c'est une maladie qui rend mauvais. Dès que l'on aime vraiment quelqu'un, on ne peut s'empêcher de lui >

Lire Nothomb est toujours une bonne idée. Que ce soit lorsque l'on manque d'envie de lire ou que le temps fait grise mine. Elle sait nous transporter ailleurs. Dans son inextricable esprit foisonnant de mots, de philosophie et de poésie.

Elle sait nous révolter, nous dégoûter et nous faire rêver. Nous rendre avide. Et ça c'est une sacrée qualité pour une autrice.

Ce roman ne déroge pas à la règle on découvre un pan plus noir de la plume de Nothomb à travers ce huis clos. Je l'avais déjà lu plus jeune, mais en grandissant certaines situations ont un sens bien différent. Plus intéressant et intriguant que jamais.

Il nous montre les tréfonds du coeur et de l'âme. À quel point l'amour peut être bon et terrible. Une merveille.
Commenter  J’apprécie          30
J ai découvert les romans de Mme Nothomb il y a peu et ai tout de suite apprécié comme dit précédemment le style et l univers . Certes tous ne m ont pas procuré le même plaisir . Celui ci « Mercure » selon les avis des amis de Babelio était souvent recommandé. Et en effet je l ai trouvé très bien , dans la droite ligne de l auteure , et très efficace . Ses productions produisent sur moi un effet addictif à l image d'une bonne série télé.
Commenter  J’apprécie          31
J'ai plongé dans ce bouquin sans vraiment savoir à quoi m'attendre. Première fois avec Nothomb, c'est un peu comme un premier rendez-vous amoureux, on sait jamais vraiment ce qu'il va se passer. Et là, paf, j'apprends qu'une jeune femme et un monsieur pas tout jeune vivent dans un manoir sans aucun reflet ! Pas de miroir, pas de selfies, rien. Un peu le concept de la maison sans wifi, mais en plus old school... Imaginez ! Bloqué avec un septuagénaire sur une île sans voir votre reflet pendant... un bon moment (Pas de selfie, vraiment?). Mais où est le piège ?

J'ai dévoré ce roman d'une traite. L'intrigue est construite principalement à travers les interactions plutôt que les descriptions, ce qui rend la lecture frénétique et addictive.

Un léger bémol réside justement dans cette construction. Les protagonistes semblent très complexes. C'est leur caractère qui rend cette lecture si troublante et envoûtante. J'aurais apprécié une narration omnisciente un peu plus présente pour plonger plus profondément dans leur esprit ! Cependant, Amélie Nothomb laisse toujours une part d'imagination au lecteur...

Même si le récit ne s'attarde pas toujours sur les descriptions, il y a des scènes d'une beauté purement esthétique. C'est comme si, malgré la cadence effrénée de l'histoire, Nothomb appuyait sur le bouton pause de temps à autre, nous offrant des moments visuels, dignes d'une toile de maître, où tout semble suspendu dans un élégant ralenti.

Si vous cherchez un livre qui allie le mystérieux à l'esthétique, le voici, le voilà. 📖🤫
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          30
Amélie Nothomb fait montre ici de beaucoup d'imagination ; le suspense est entretenu jusqu'au bout.
Le roman se lit très facilement.
Le style de l'autrice est à la fois simple et abouti.

C'e n'est certes pas un chef d'oeuvre, mais un livre honnête.
Commenter  J’apprécie          30
(Relecture, et d'une traite !)

Hazel est une jeune femme de 23 ans, très laide, qui vit sur une île déserte avec Omer, un monsieur de 77 ans, qui ne l'aime pas que d'un amour chaste...

Françoise, la trentaine, infirmière, est mandatée pour venir s'occuper d'Hazel ; elle lui fait la conversation tous les jours, elles deviennent amies.

Hazel pourrait partir de l'île mais elle est si laide qu'elle ne l'imagine pas. le capitaine a fait en sorte qu'elle ne puisse voir son reflet dans aucune surface : ni miroir, ni vitres, ni eau stagnante...

Françoise qui n'apprécie pas le capitaine, et qui n'est pas appréciée de lui, cherche par tous les moyens à faire entendre raison à Hazel...

Très étonnant, 2 fins sont possibles.

On retrouve le style Nothomb, mais moins complexe et plus abordable. Moins alambiqué, moins "joutes verbales", même s'il y a beaucoup de dialogues fins.
Très bonne idée centrale, mais dont je ne peux pas vous parler... ;)

Beaux hommages à la littérature.
Commenter  J’apprécie          30
Mercure est l'un de mes titres préférés d'Amélie Nothomb. Un roman qui m'avait marquée à sa parution en 1998. J'ai eu envie de le relire et je reste sur ma première impression, ce livre est génial, incroyable.

Il s'agit d'un huis-clos. Omer Loncours est un vieux capitaine qui après avoir parcouru les mers, a acheté une île proche de Cherbourg, l'île de Mortes-Frontières et y a fait construire une maison particulière, sans fenêtre à hauteur des yeux, sans miroir et aucune possibilité d'apercevoir son reflet.

Il vit reclus dans cette île gardée par ses sbires avec Hazel, sa pupille avec qui il entretient une relation particulière ; amour ou tyrannie ?

Hazel est une jeune femme qu'il a rencontré il y a cinq ans, elle avait dix-huit ans à l'époque, c'était à Point à Pitre, un horrible incendie avait tué ses parents, défigurée lui avait-il dit, il l'a prise sous son aile l'emmenant sur son île ; un paradis ou un enfer ?

Françoise Chavaigne est infirmière, elle arrive sur l'île pour soigner Hazel. Elle va découvrir le secret d'Omer Loncours, sa tromperie pour conserver cet amour égoïste. Françoise reviendra chaque jour, apprivoisant Hazel, lui offrant un peu de joie, dans l'espoir de la sauver...

C'est un conte cruel comme Amélie sait les écrire, qui nous parle de l'amour, des contradictions de l'être humain, de sa cruauté ou générosité... C'est quoi l'amour ? Bourreau ou gardien ? On s'en pose des questions sur la nature humaine mais aussi sur le pouvoir libérateur des livres et de l'écriture, une constante d'Amélie déjà présente dans ce récit.

Narcisse ou Eden ? Paradis ou enfer ? À vous de voir !

Avec cette plume si caractéristique, une écriture subtile, fluide, cynique et déstabilisante, Amélie nous offre deux fins, à vous de choisir !

Ah la complexité des sentiments !

Je suis fan et touchée par ces propos qui ont l'air un peu loufoques, cruels mais suscitent toujoujours autant de questions sur la nature humaine.

Ma note : ♥♥♥♥♥
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          30
Amélie Nothomb peut toujours surprendre malgré la pendule finement réglée qui lui fait publier un romain une fois l'an dans un style toujours aiguisé. Elle nous propose ici deux fins possibles, n'ayant elle-même pas pu trancher entre ces épilogues sortis de son imagination.
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (5891) Voir plus



Quiz Voir plus

Que savez-vous d'Amélie Nothomb ? (niveau facile)

Amélie Nothomb est née...

En Chine
En France
A Bruxelles

8 questions
1182 lecteurs ont répondu
Thème : Amélie NothombCréer un quiz sur ce livre

{* *}