Comme beaucoup d'enfants, petite, j'adorais les
contes. Et celui de
Riquet à la houppe de
Charles Perrault était un de mes préférés. L'esprit qui l'emporte sur la beauté qui, après tout, se fane, me rassurait. La morale de l'amour vecteur de changement de regard sur l'autre (et sur soi), me fascinait. le roman d'
Amélie Nothomb attisait ma curiosité et promettait d'animer ma nostalgie !
Ce conte moderne a été une revisite très agréable. L'idée générale est respectée, on ne le lit pas pour le suspense. Par contre, les personnages, Déodat et Trémière, sont délicieusement nourris et la trame contemporaine est très réussie.
Au-delà de la différence et de l'intégration, plusieurs sujets sont présents (parfois creusés, parfois évoqués), comme l'anorexie, les rôles parentaux, l'abandon affectif, l'attachement aux grand-parents, le fait de choisir une orientation professionnelle sur base de sa passion… Riche donc !
Les passionnés d'oiseaux seront séduits car Déodat les étudie et j'ai appris par exemple que la huppe fasciée a un hiéroglyphe à son effigie.
En particulier, le haut potentiel est abordé d'une façon rafraîchissante. Encore bébé, Déodat observe et commente les comportements de ses parents qui lui semblent bien étranges à travers le prisme de sa différence, déjà ressentie.
Trémière n'est pas bête et maladroite comme la princesse du conte original, mais douée de contemplation intense. N'est-ce pas délicieusement poétique?
Pas de fée ni de magie ici, à part celle de l'amour ! Celle qui permet de se reconnaître en reconnaissant “l'élu” ou “l'élue”. 99% des
contes finissent bien contre 6% des histoires d'amour balzaciennes selon le recensement partagé par l'autrice. Alors, à votre avis ? Quelle est la destinée de Déodat et Trémière ?