Oates durant les 1110 pages de son roman brosse le portrait d'une femme captivante, magnifique, mystérieuse :
Marilyn Monroe dont le vrai nom est Norma Jeane Baker. Une femme enfant dont la vie a été marquée par des drames épouvantables. D'abord, sa mère souffrait de schizophrénie paranoïde et elle a dû être internée lorsque Norma Jeane était enfant. N'ayant pas de père, la jeune Norma Jeane sera placée dans un orphelinat et ira de foyer d'accueil en foyer d'accueil car sa mère refusait de signer les papiers lui permettant de se faire adopter. À l'adolescence, pour échapper aux familles d'accueil et à l'orphelinat, elle n'a eu d'autres choix que de se marier à 16 ans. Puis, elle a décidé de devenir mannequin. Vite repérée en raison de son sex-appeal, elle deviendra en suivant les conseils de photographes et de producteurs à Hollywood,
Marilyn Monroe, une
blonde faisant rêver les hommes, une bombe sexuelle dont l'aura illuminait l'écran. Une
blonde conçue, moulée pour le plaisir de l'homme.
Dans ce livre, il est aussi question de ses trois mariages. le premier lorsqu'elle a seize ans avec un jeune homme qui ira servir son pays durant la D
euxième Guerre mondiale. Ensuite, il y a celui avec une icône du sport : Joe DiMaggio. le couple se séparera après quelques mois d'union compte tenu de la jalousie de DiMaggio et de ses actes de violence envers sa femme. Finalement, elle épouse le célèbre dramaturge de l'époque
Arthur Miller avec qui elle restera mariée quelques années.
Marylin Monroe, c'est aussi une femme qui ne réussira pas à avoir d'enfant en raison probablement de nombr
eux avortements. C'est une femme qui a tenté de trouver un sens à sa vie, mais qui ne semble pas l'avoir découvert.
Marilyn Monroe, c'est également une lectrice de
Schopenhauer,
Tchekhov,
Ibsen, Miller, et tant d'autres…
Marylin Monroe, c'est aussi sa liaison avec l'homme le plus puissant des États-Unis : J.F. Kennedy. Marylin Monroe, c'est une mort remplie de mystères. Une mort qui a frappé l'imaginaire de l'Amérique. Marylin Monroe, c'est une petite flamme dans la nuit, une petite flamme trop belle pour survivre, trop naïve pour un monde dirigé par des loups.
Marilyn Monroe, c'est la petite Norma Jeane, une enfant de l'Amérique qui croyait que Clark Gable était son papa.
Marilyn Monroe, c'est le fantasme de bien des hommes.
Marilyn Monroe, c'est le rêve américain.
Marilyn Monroe est morte seule, droguée, alcoolique, pauvre. Elle n'avait que 36 ans.
Oates a rendu un sublime hommage à Norma Jeane. C'est en tombant sur une photo de Marilyn à dix-sept ans que l'autrice a décidé d'écrire un roman sur cette jeune fille ressemblant à sa propre mère.
Je n'ai pas décidé de faire un livre sur
Marilyn Monroe. C'est en découvrant une photo de Norma Jeane [graphie adoptée par l'auteur] prise en 1944 quand elle avait dix-sept ans que j'ai eu envie d'écrire sur cette jeune fille ordinaire, quelconque, une Américaine typique avec ses chev
eux foncés et son visage rond, qui ne ressemblait à rien à
Marilyn Monroe.[…] C'est grâce et à cause d'Hollywood qu'elle s'est métamorphosée, qu'elle est devenue un miracle. Ce qui compte pour moi, c'est la vie privée de Norma Jeane, comment cette vie privée s'est transformée en produit. (Extrait de l'entrevue de
Joyce Carol Oates, par Catherine Argand)
L'oeuvre de Oates demeure une fiction. Toutefois, elle a fait de nombreuses recherches, elle a scruté à la loupe la vie de
Marilyn Monroe, ses films, ses photos, ses entrevues, etc. Elle rend un hommage à cette femme qui avait du talent et qui était très perfectionniste. Elle en dévoile toute la complexité, elle en fait un être torturé à bien des égards, une femme aux idées suicidaires, une femme qui voulait être Norma Jeane Baker. Entre l'être et le paraître, la ligne est parfois bien mince.
J'ai été totalement subjuguée par ce livre dès son inoubliable incipit. J'en sors perturbée, meurtrie, déroutée. L'écriture entraîne le lecteur dans une spirale infernale dont il ne peut échapper. C'est fou, c'est hallucinant, c'est l'Amérique dans toute sa brutalité, dans toute sa bestialité, dans toute sa perversité.
Comme le soulève Rollo Freund, un employé d'une compagnie cinématographique :
Vous éprouvez d'authentiques émotions, mademoiselle Monroe ! C'est pour cela que vous êtes une actrice brillante. C'est pour cela que les gens voient en vous une image magnifiée d'
eux-mêmes. C'est une illusion bien sûr, mais le bonheur réside dans l'illusion ! Parce que vous vivez dans votre âme comme une chandelle qui vit dans sa propre combustion ! Vous vivez dans notre âme américaine ! (p. 1026)
En refermant les pages de ce roman, une partie de moi s'est transformée. Je ne regarderai plus jamais une photo de
Marilyn Monroe de la même façon.
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blonde/
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