C'est un livre que j'ai choisi pour une LC sur Babelio, une expérience nouvelle pour moi, d'autant qu'elle va sans doute être une LS (lecture seule, et non lecture stupide, je l'espère).
Joyce Carol Oates, une auteure que je connais assez peu au regard de sa production prolifique, mais dont les livres lus,
Les chutes, il y a des années, et
Délicieuses pourritures récemment, m'avaient impressionné.
Mais ici, cette lecture de
Mudwoman, c'est plutôt une déception, je crois que j'en attendais trop..
Et pourtant, le thème m'attirait.
Mudwoman, l'histoire est celle d'une enfant jetée dans la boue à 3 ans par une mère prise de folie à composante mystique (comme c'est souvent le cas), et qui, sauvée, puis plus tard adoptée, devient une brillante universitaire, élue, à 42 ans, Présidente d'une prestigieuse Université américaine.
Ce thème du « transfuge de classe », de ces êtres humains qui se sortent d'une enfance dans un milieu défavorable, voire misérable, me parle beaucoup, et fait mon intérêt par exemple pour l'oeuvre d'
Annie Ernaux. Et aussi, les moteurs du changement de condition, et les problèmes que ce dernier pose.
Dans
Mudwoman, Oates traite le thème, un peu comme dans les autres romans que j'ai lu d'elles, sur le mode que je qualifierais de la tragédie grecque, dans lequel l'être humain n'échappe pas à son destin, destin qui guide implacablement les actes des humains (ce qui, dans sa version moderne, pourrait se nommer l'inconscient). Mais, chez Oates, les êtres humains arrivent finalement à surmonter la puissance de ces forces souterraines, et trouvent souvent le chemin de l'apaisement, c'est ici le cas.
La narration emprunte régulièrement les chemins de l'onirisme et du fantastique, du rêve étrange au cauchemar horrible.
L'auteur alterne les chapitres racontant l'histoire de la « Mudgirl » Jewell Kraeck, depuis l'enfant de 3 ans jeté dans la boue d'un marécage par sa mère biologique jusqu'à son adolescence chez les Neukirchen,ses parents adoptifs, et celle actuelle de la «
Mudwoman » Meredith Ruth, (dite MR) Neukirchen, femme dans la quarantaine qui vient d'être élue présidente de l'Université de Cornell, femme progressiste et qui se veut accessible à toutes et tous, cependant très seule et très rigide, et dont le psychisme va se fissurer progressivement suite à son surmenage, à l'hostilité de certains collègues ou d'étudiants ultra-conservateurs, et l'amener à questionner son identité, à être rattrapée par un passé qui ne passe pas.
Mais finalement renouer les liens affectueux avec son père adoptif, Konrad Neukirchen, et peut-être retrouver la serenité.
Alors que les chapitres consacrés à l'enfant Mudgirl sont plutôt concis et forts, j'ai trouvé ceux qui racontent la vie universitaire de la
Mudwoman encombrés de récits annexes trop longs, par exemple les pages de la relation de la
Mudwoman avec un collègue enseignant, les retrouvailles avec son professeur de mathématiques du collège, les digressions sur la guerre en Irak etc... Au point qu'à certains moments je passais très vite des pages. Au point aussi qu'après la lecture d'un peu plus de cent pages, je n'étais pas loin de lâcher le livre. Au point que je me suis souvent demandé où l'auteure voulait m'emmener.
Au total, un récit certes fort et oppressant, mais que j'ai trouvé mal maîtrisé, nettement moins bon que les autres romans que j'ai lus. Donc de la déception par rapport à ce que j'en attendais.