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sur 689 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Regarde en toi-même et tu y trouveras la lumière...
Difficile de croire cette maxime des Quakers pour une femme dont l'enfance a été jetée dans la boue des marais des Adirondacks, par sa mère de surcroit.
Il lui en a fallu du courage et de la volonté pour s'en sortir ! Recueillie par un couple quaker qui l'a dorlotée mais peut-être mal aimée, elle creuse sa voie intellectuellement et arrive sur les plus hautes marches de l'Université en étant élue première femme présidente.
Mais la boue est tenace et s'est insinuée dans les moindres recoins de son âme, faisant de sa vie privée un ratage complet et empiétant même sur sa vie professionnelle. Meredith Ruth alias M.R. ou ...Jewell ou....Jedina ? pourra-t-elle sortir de ce qui l'englue ?

Joyce Carol Oates, un de mes écrivains préférés, a fait fort avec « Mudwoman » car elle a réussi à m'engluer dans cette atmosphère délétère. Quand la maltraitance sur une enfant atteint ce summum de l'horreur, la folie guette.
Oui, l'intelligence peut sauver, oui, la volonté entraine vers le haut, mais arrive toujours un moment où le passé fétide remonte à la surface et fait des dégâts.
C'est donc très lent, nous entrainant dans une spirale de mort, mort à soi, mort aux autres. Une chronologie bouleversée, un ressassement continuel.
Des cauchemars, des hallucinations, des épisodes véridiques et consternants.
Non, Oates ne nous a rien épargné.
Oui, Oates est encore la reine du roman psychologique, quitte à nous perdre parfois dans les labyrinthes traumatiques.

Affolant. Mais addictif.
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Jaume Cabre dans Confiteor glisse dans la bouche d'un de ses personnages, écrivain de son état, qu'un bon roman ne se livre à sa lectrice ou son lecteur, qu'après plusieurs lectures. Faut-il appliquer ce principe à Mudwoman de J.C Oates ? Pour moi, ce fut presque le cas...
J'ai lu le roman en apnée mais éprouvé le besoin de le parcourir à nouveau pour détricoter la toile d'araignée dans laquelle je m'étais laissé entraîner par l'auteure. La suivre c'est accepter d'être déstabilisé et d'entrer dans un labyrinthe où l'on se perd, se retrouve pour mieux se perdre ensuite. Présent et passé se mêlent dans un subtil entrelacs au fil des chapitres et parfois dans le même chapitre. Heureusement, n'échappent pas à notre attention les signaux essaimés çà et là et qui sont autant de petits cailloux semés habilement sur notre chemin. Une phrase leitmotiv par exemple scande littéralement tout le roman : "préparée, tu dois être préparée" et crée une sorte de martèlement et de tension dramatique parfois très forte. Idem pour le thème récurrent de la chute décliné sur différents modes et qui là aussi marque des moments forts et déterminants dans le parcours de Mudwoman .
Même jeu du chat et de la souris avec le rêve et la réalité, le rationnel et l'irrationnel. Un événement conté de façon très réaliste dérape soudain vers un rêve souvent cauchemardesque de l'héroïne. Et -cerise sur le gâteau- la réalité est elle-même souvent mise en doute, notamment dans la scène finale narrée de façon à basculer presque dans le fantastique, tant et si bien que l'on se pose la question de sa réalité. Pas étonnant alors que le conte soit si présent dans le roman : il contamine par exemple la réalité au point qu'un événement réel est raconté avec les codes du conte , comme l'épisode du Roi des corbeaux où la trame du conte est utilisée pour raconter le sauvetage de l'héroïne de la boue où l'avait jetée sa mère.
J.C. Oates joue donc beaucoup avec les genres, le changement de perspective, les tonalités. Elle joue aussi avec les limites, nos limites, notamment au niveau de l'intolérable et de l'inacceptable. La scène inaugurale du roman par exemple est glaçante d'horreur puisqu'elle évoque un geste abominable, celui d'une mère en proie à un délire mystique jetant son enfant, l'héroïne principale, dans la boue, au bord de la Black Snake River.
Pourquoi alors, outre le plaisir ambivalent d'être dérangée dans mon confort de lectrice, ai-je beaucoup aimé ce roman ?
Je pense que la première raison est qu'il pose de façon magistrale la problématique suivante : comment survivre à l'horreur et même vivre sans porter constamment un masque, sans jouer le rôle que la société attend de celle qui a été sauvée miraculeusement et qui doit payer son dû. Comment ne plus vivre dans une forme d'imposture qui devient au fil des années insupportable. C'est ce défi que doit relever Mudwoman, sauvée de la boue et de la folie meurtrière de sa mère et devenue Présidente d'Université. C'est sa formidable capacité de résilience que J.C Oates sait si bien mettre en avant et c'est aussi ce qui m'a permis d'accepter toutes les scènes d'horreur très présentes dans les cauchemars de l'héroïne. Pas de complaisance, ni de voyeurisme, simplement une plongée dans les tréfonds tourmentés de la psyché humaine. Mais c'est parfois très éprouvant tout comme l'humour noir dont l'auteure fait souvent usage. Un humour grinçant ravageur, comme dans cette scène onirique où Mudwoman se marie avec un vétéran affreusement mutilé et dont elle décrit avec une précision clinique toutes les blessures. On serre les dents bien sûr, mais en même temps on est confronté de plein fouet avec la folie meurtrière des hommes et de la guerre.
J'aurais pu aussi évoquer d'autres richesses de ce roman mais je m'en voudrais d'abuser plus longuement de l'attention de mes lectrices et de mes lecteurs.
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Un bain de boue, ça vous dit ?
Il paraît que c'est bon pour la peau.
Pour la peau, oui. Mais pour le moral ?
Attention, le bain de boue qui vous est proposé ici a été concocté par Joyce Carol Oates. Celle dont le New York Times écrit : "Oates est un écrivain dangereux au meilleur sens du terme, un écrivain qui prend des risques de manière presque obsessive, avec vigueur et délectation."
Délectation, c'est bien le mot qui convient. On sent toujours dans les romans de Joyce Carol Oates qu'elle prend un plaisir fou à remuer son lecteur, à l'interpeller, à le surprendre, à le bousculer, à le malmener.
Et dans celui-ci, elle se montre exceptionnellement perverse.
Elle nous plonge dès le départ dans une atmosphère glauque et poisseuse. Elle nous embourbe dans son histoire. Et tout au long de l'ouvrage, elle fait naître chez son lecteur de l'inquiétude, de l'indignation, de l'effroi... toute une palette d'émotions.
Comme toujours, lire Joyce Carol Oates, c'est accepter de la suivre dans les méandres de sa pensée, de sa folie ; c'est accepter de s'embarquer pour un voyage qui sera tout sauf ordinaire.

Peut-on surmonter les blessures de son enfance ? Quel adulte devient-on lorsque l'on a subi un traumatisme ? Voilà les questions soulevées par ce livre. Et comme a son habitude, Joyce Carol Oates n'y va pas de main morte pour illustrer sa réflexion.
Comment grandir et devenir adulte quand votre propre mère a tenté de vous tuer, et d'une manière sordide au possible : en vous abandonnant "comme un objet de rebut" dans un marécage dont vous ne pourrez vraisemblablement pas ressortir vivante ?
Comment Mudgirl, petite fille jetée dans cette boue qui l'étouffe et envahit son nez, ses yeux, sa bouche et ses oreilles, va-t-elle grandir et devenir Mudwoman ? Comment Mudwoman peut-elle exercer de très hautes fonctions administratives, qui exigent en permanence concentration et précision alors qu'elle a une personnalité si tourmentée ?
Peut-on échapper à son passé ? Doit-on l'oublier pour avancer ?
Si vous voulez le savoir, lisez ce roman !
Joyce Carol Oates a dressé un portrait de femme saisissant : une femme complexe qui dévoile petit à petit ses multiples facettes et dont on suit avec horreur, (mais avouons-le, délectation !) la descente aux enfers.
Mudwoman regorge d'humour grinçant, déborde d'ironie, vous surprend, vous horrifie et vous ravit à chaque page. Le court chapitre "Mudwoman mariée." est à lui seul un chef-d'oeuvre du genre.
Plongez à votre tour, mais couvrez-vous d'un bon tablier et chaussez vos bottes de caoutchouc pour ne pas vous faire éclabousser par cette boue omniprésente dans le récit : Joyce Carol Oates est à la manoeuvre, plus machiavélique que jamais.
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Entrez dans les marais des Adirondacks , frissonnez d'horreur face à ce petit corps d'enfant au crâne rasé, précipité dans la boue par sa mère folle, qui croyait à une demande divine...

Mudgirl, fille de la boue, sauvée miraculeusement, devient Merry pour ses parents adoptifs, quackers aimants et généreux. Adulte, après des études brillantes, elle sera M.R , plus exactement Meredith Neukirchen, célèbre et première présidente d'université. Quel parcours!

Son travail l'accapare, d'autant plus qu'elle est perfectionniste. Et il faut lutter contre le conservatisme universitaire et les attaques misogynes. Une place minime est laissée à l'amour...

Son désir de perfection cache en fait une angoisse de perdre le contrôle et c'est à l'occasion d'un voyage sur les lieux de son enfance que tout ce bel édifice du pragmatisme et de la raison va s'écrouler....

J'ai aimé le choix de l'alternance entre Mudgirl, le passé, et Mudwoman, le présent. C'est l'aspect le plus passionnant du livre: l'écart entre les actions du personnage, son aspect raisonnable aux yeux des autres, et le ravage intérieur, la confusion mentale qui la conduisent à l'épuisement et la folie. Les démons de l'enfance vont - ils triompher?

Ce roman pose la question de la résilience, et surtout de ses limites. Après avoir connu un tel traumatisme, comment vivre, vivre et aimer? Tout l'art de cette géniale conteuse est de nous faire pénétrer dans les méandres de l'âme humaine, dans les méandres de la Black Snake, pour retrouver l'acte initial, celui qui a déterminé toute une vie.

Un roman remarquablement construit, puissant, bouleversant. L'un de mes préférés de l'auteur jusqu'à ce jour.

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Une toute petite fille est jetée dans la boue pour y mourir. Un sacrifice à Dieu que consent sa mère qui souffre de sérieux troubles psychiatriques. L'enfant est sauvée in extremis par un simple d'esprit. Soignée à l'hôpital, elle est ensuite confiée à une famille d'accueil.
Des décennies plus tard, M.R. se rend à Ithaca où elle doit donner une conférence. Elle demande à son chauffeur (mais pourquoi s'obstine-t-il à l'appeler madame et non pas M. R. ?) de s'arrêter près d'un pont qui enjambe une rivière.
Arrivée ensuite à son hôtel, très en avance parce qu'elle a toujours peur d'être en retard, elle travaille un moment puis sur un coup de tête loue une voiture et part vers le nord.
La vie de la petite fille, après qu'elle a été sauvée, alterne avec celle de la femme brillante qu'est devenue M.R. le lecteur n'a pas de mal à comprendre ce qui s'est déroulé.

Certaines scènes de Mudwoman sont éprouvantes. On ne sait pas toujours quand elles sont réalistes ou si ce sont des rêves ou une plongée dans la folie. La scène finale vous laisse d'ailleurs le choix entre plusieurs hypothèses.
Je me suis laissée happer par l'atmosphère singulière du livre et par l'histoire de Meredith dont la psychologie est peinte avec finesse.

Lien : https://dequoilire.com/mudwo..
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Première incursion dans l'univers de Joyce Carol Oates, par le biais de ce roman dense, que je qualifierai de thriller gothique.
C'est un roman sur l'enfance, l'abandon, la solitude, les failles intimes qui craquellent le cuir des peaux les plus solides, font brusquement vaciller, perdre pied, conduire jusqu'au bord de l'abîme, descendre dans les profondeurs abyssales de l'âme humaine... C'est une exploration souterraine, une descente en apnée.
Il y a ici ce double personnage, celui de l'enfance et celui du monde adulte... L'enfant abandonnée dans la boue d'un marécage par sa mère à demi folle, qui sera sauvée par un trappeur, recueillie dans une maison d'accueil puis adoptée par un couple de quakers...
Et puis l'enfant a grandi, a réussi brillamment ses études, sa carrière professionnelle. Elle est aujourd'hui Présidente d'une université prestigieuse des États-Unis. Elle s'appelle Meredith Ruth Neukirchen, mais tout le monde la nomme M.R., deux lettres froides, presque anonymes... Elle ne s'est pas toujours appelée ainsi, mais c'est un nom terne et sérieux qui lui convient bien à présent.
Que dire de son existence, de l'image qu'elle offre : une femme d'apparence forte, la quarantaine, qui assume ses nouvelles responsabilités, entend aussi y apporter ses idées progressistes dans un contexte post septembre 2001, celui d'une Amérique qui a peur, où le conservatisme républicain triomphe, usant des pires mensonges pour convaincre d'engager le pays dans une guerre contre l'Irak...
M.R. est une colosse, mais une colosse aux pieds d'argile... On la présente toujours comme quelqu'un de fort et de capable. Son existence est une terrible solitude, a-t-elle le temps d'aimer ? La possibilité d'aimer ? Elle a connu peu d'hommes jusqu'ici... Un amant (secret), presque inaccessible semble de temps en temps surgir dans sa vie comme un courant d'air... À moins que ce ne soit elle qui lui soit inaccessible...
Il a suffi de ce voyage qui l'amène à ce congrès qu'elle doit animer... Il a suffi d'un accident qui immobilise son véhicule, tout près de l'endroit où elle fut retrouvée, enfant, dans la boue d'un marais ; il a fallu ce lieu qui s'ouvre comme une faille en elle, comme une secousse sismique, revenir brutalement à son passé, ou plutôt que celui-ci la rattrape. Il a fallu ce jour pour faire revenir ce goût de boue dans la bouche, dans les yeux, dans le nez...
Elle a peur soudain. Elle est en proie à une détresse indéfinissable, tandis qu'un corbeau noir revient comme dans le ciel d'avant...
En lisant ce récit, je me suis rappelé cette citation de George Santayana que j'ai toujours trouvée belle mais énigmatique : "Ceux qui ne peuvent se rappeler leur passé sont condamnés à le répéter." Il me semble mieux la comprendre désormais...
Dès lors, elle revient à sa vie sociale et professionnelle, mais plus rien n'est comme avant, elle commence à perdre confiance en elle, elle arrive en retard à tous ses rendez-vous, ses engagements progressistes déplaisent de plus en plus, au sein même de son conseil d'administration, elle n'a plus la force de conviction d'avant...
Tout devient comme un engrenage édifiant... C'est comme si elle passait dans un autre coté de son cerveau, un monde invisible qu'elle ne connaît pas, ne maîtrise pas, elle qui jusqu'à présent savait tout contrôler, ou du moins en donner l'apparence....
C'est juste comme si elle s'était penchée un instant au dessus d'un gouffre inconscient, un puits vertigineux en elle, d'où surgissaient désormais les fantômes du passé...
Par delà le magnifique thriller psychologique que nous offre Joyce Carol Oates, d'une écriture remarquable, Mudwoman est un portait féminin saisissant qui ne cède rien, ni aux hommes de pouvoir, ni aux lobbying peu éthiques, dans ce contexte politique et social où deux Amériques s'affrontent.
Mudwoman, c'est aussi un conte cruel qui interroge sur la parentalité, le lien filial, les blessures de l'enfance, les secrets de famille... Mais à ce titre, c'est aussi un récit de résilience.
Je ressors de ce roman, envoûté, les nerfs à vif, sidéré aussi par la puissance de narration de l'auteure, qui ne laisse jamais en repos son lecteur.
Parfois un vers de Walt Whitman effleure les pages comme un rai de soleil sur une flaque de boue : "Je paresse et invite mon âme".
Dans une Amérique désenchantée comme celle d'aujourd'hui, comme il est heureux d'entendre ces vers et de lire des romans aussi puissants !
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Tout au long de ma lecture un certain malaise m'a accompagné; emprisonnée dans la tête de Mudwoman et engluée dans ses pensées sombres et chaotiques j'ai parfois eu du mal à refaire surface. Il est même arrivée qu'une subite claustrophobie me sorte violemment de ma lecture (pourtant je suis plutôt du genre à lire des livres flippants la nuit quand je suis seule à la maison).
Attention il ne s'agit absolument pas d'un livre d'horreur, rien à voir. C'est plus subtil que cela. Quel talent il faut pour réussir à provoquer une telle angoisse, et un tel sentiment d'oppression. de manière insidieuse et sans en avoir l'air l'auteur vous prend dans ses filets et resserre lentement l'étau. Son écriture précise comme un scalpel et à la fois ténébreuse et poétique ne vous laisse aucune chance: vous êtes happé, déconnecté de la réalité.

Joyces Carol Oates mène la danse de main de maître entremêlant avec talent rêve et réalité, passé et présent jusqu'à brouiller tous vos repères en conservant pourtant tout le sens et toute la logique du récit. Plus d'un auteur se serait pris les pieds dans le tapis mais pas cette grande dame. Elle guide son lecteur dans les méandres de l'âme humaine où l'enfer est pavé des meilleurs intentions. Elle emmène son lecteur au bord de l'abîme et le rattrape au dernier moment: un parfait numéro d'équilibriste!

Complètement immergée dans cette ambiance et dans l'univers de Mudwoman il m'aura fallu un peu de temps pour me dégager des marécages dans lesquels l'auteur m'avait plongé. En y regardant de près pas un seul des personnages ne m'a parut vraiment sain d'esprit: l'amant (secret) , les quakers, la famille d'accueil, les universitaires, les étudiants, ... aucun. Je ne vais pas développer pourquoi: interdiction formelle de spoiler, mais vraiment regardez les de près et vous verrez qu'ils ne sont pas nets!

Si naïvement vous pensez qu'il vous suffira de refermer ce livre pour le quitter alors je vous conseille d'y réfléchir à 2 fois avant de l'ouvrir. Parce que Mme Oates est redoutable et vous retourne comme une crêpe avant même que vous n'ayez eu le temps de comprendre ce qui se passe!
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Sa mère voulait la tuer en le précipitant dans un marais environnant, après lui avoir rasé la tête puis l'avoir vêtue d'une chemise de nuit. Cette petite fille a déjà vécu des horreurs avec cette mère folle et son compagnon qui profite de la situation sur sa soeur et elle, pourtant seuls moments de douceur, aussi effroyables soient-ils. Qui de Jewell, cinq ans ou Jedina, trois ans a survécu ?

C'est un trappeur qui a découvert cette petite fille dans les marais, couverte de boue. Elle ira vivre dans une famille d'accueil où les nombreux enfants placés ne seront pas tendres avec elle. Elle sera adoptée par un couple dont la petite fille est décédée. Ils lui donneront le même prénom, beaucoup d'amour et pourtant…

Mérédith grandit, étudie, et va devenir M.R., elle obtient une bourse qui lui permet de s'éloigner de ses parents adoptifs. Brillante, elle sera nommée Présidente d'une université. M.R. a 41 ans et revient dans sa région à l'occasion d'un séminaire. La vision du marais lui fait remonter les sensations de son enfance d'un bloc. Incapable de résister, elle ne sera pas présente au séminaire. Elle est au coeur du marais, retrouvant la misère, l'odeur, la déchéance des habitants du marais.

M.R. va perdre ses repères, faisant des cauchemars, mettant sa vie professionnelle en danger. Elle ne peut résister mêlant passé et présent.

L'auteure nous fait vivre la descente aux enfers de cette femme alternant passé et présent, failles et cauchemars, réalité et visions, jusqu'à cette dépression inexorable et profonde.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Joyce Carol Oates nous narre l'histoire de "Mudwoman", une petite fille abandonnée par sa mère dans les marécages, vouée à la mort, et qui sera adoptée par une famille de quakers aimants à l'âge de 6 ans pour devenir Meredith Ruth Neukirchen. L'enfant aura un destin brillant en poursuivant ses études de philosophie à Cornell, puis Harvard, et en devenant l'une des premières présidentes d'université féminines. le destin de Mudwoman est marquée par la mort, celle à laquelle elle échappe ou encore qui frappe ses proches, et la solitude. Pourtant, Mudwoman n'en souffre pas, elle s'en accommode. Elle ne parvient jamais complètement à s'attacher, à ses parents adoptifs ou ses amants, et vit de manière distanciée. Jusqu'à ce que sa carrière commence à se fissurer. Ou à moins que ce ne soit son désir de se plonger dans ses racines qui ne refasse surface.
Encore un très beau roman signé par l'auteur, érudit et intelligent. Une passionnante analyse d'un personnage à la psychologie torturée qui n'arrive pas à saisir sa propre identité. Bref, un livre qui mérite d'être découvert.
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Il y a Mudgirl, Jewell, Jedina, Margareth Ruth, M.R. et Mudwoman. Toutes, une seule personne, une femme qui a réussi professionnellement mais qui traîne un passé trouble, opaque, gluant, un passé fait de boue et de souffrance.
Mudgirl, enfant, est retrouvée dans un marais dans un état pitoyable. Les services sociaux la placent dans une famille d'accueil plutôt turbulente. La police l'identifie mais est-elle Jedina ou sa soeur Jewell ? Qu'importe, un couple de quacker l'adopte et l'appelle Meredith Ruth.
M.R. est impressionnante. Titulaire en philosophie, elle est nommée à la tête d'une université américaine. Intelligente, empathique, très humaine et juste, elle a tout pour conduire ce poste avec brillance. Mais M.R. est aussi Mudwoman, cet être qui a connu l'abandon, la maltraitance et l'indifférence. Elle cache au profond d'elle cette fragilité et un besoin d'amour et de reconnaissance. Ce refoulement ne peut tenir éternellement et le point de rupture n'est pas loin…
Plusieurs qualificatifs me viennent en tête pour décrire ce roman : fort, poignant, brillant. C'est une lecture qui prend du temps, parfois l'ennui pointe le bout de son nez mais la richesse des thèmes et les réflexions qui l'accompagnent foisonnent et apportent beaucoup. Identité, construction de soi, apparences, solitude, relations parents-enfants, hommes-femmes, ambition, folie, survie.
La chronologie n'est pas toujours claire, la réalité non plus et pourtant, que j'ai aimé lire ce livre. Pas de pathos, juste de la sincérité. Mudwoman est une femme complexe et attachante. Son parcours, entre ombre et lumière, pas toujours facile à suivre, m'a entrainée plus loin que ce que je n'aurais pu imaginer…
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