Joyce Carol Oates est une auteure que j'aime beaucoup, mais dont je ne connaissais que les romans pour adultes. J'ai d'ailleurs été surprise quand je me suis rendu compte qu'elle avait également écrits des romans destinés à un public plus jeune. La curiosité de savoir s'ils étaient très différents de ceux que j'avais lus a été la plus forte, et j'ai bravé les interdits de Monsieur-mon–banquier et des Dieux-de-tous-les-trucs-de-la-mer-et-de-la-terre pour découvrir cette autre facette de son écriture.
Résultat : j'ai beaucoup aimé. Commencer une nouvelle année avec une telle lecture est annonciateur d'une bonne année livresque.
Jenna a 15 ans, et son univers s'est effondré. Quand elle se réveille dans cet hôpital, elle le sait, plus rien ne sera comme avant. Un accident de voiture, et tout son équilibre est bouleversé. Sa mère est morte et son corps à elle est si brisé qu'elle ne le reconnaît plus. Elle ne se reconnaît plus. Lorsque son père, qu'elle ne voit jamais, vient lui rendre visite, le peu de repères qui lui restaient s'envole. Seule. Elle est seule. Les gens qui sont là pour elle, son oncle, sa tante, ne le voient pas. Elle ne veut qu'une chose, se cacher, trouver un endroit où se réfugier.
Mais la vie ce n'est pas ça, et même lorsque tout s'écroule, il faut continuer. Réapprendre à marcher, aller au lycée, faire semblant que tout va bien. Mais Jenna ne peut pas. Elle ne peut plus. Elle n'est plus qu'une coquille vide.
Joyce Carol Oates plonge avec une justesse impressionnante dans la psyché de l'adolescente, dans ses errances, dans ses tendances autodestructrices. Ses mots sont d'une précision acérée pour nous décrire sa descente aux enfers, ce mal-être qui la dévaste. Pas de faux-semblants, pas de bluette pour adolescents, pas de récit trop romancé. Ce personnage détestable qu'est devenu Jenna (elle ne communique pas, fréquente les mauvaises personnes, se moque de tout, trompe tout le monde) est dépeint avec une vérité bouleversante. Et dans ce réalisme, dans cette vérité,
Joyce Carol Oates a su distiller une empathie qui a fait que je me suis attachée à cette gamine qui ne cherchait qu'à se réinventer. J'ai même craint la fin, connaissant l'auteure, mais elle est, comme le reste de son récit, très juste.
Qu'il s'agisse de ses romans pour adultes, ou de ses récits destinés à un plus jeune public (adolescents/ jeunes adultes), la plume de cette auteure est portée par une force incroyable. Au cas où vous en douteriez, ce récit n'a fait que conforter une conviction profonde :
Joyce Carol Oates est une de mes auteures préférées.
Lien :
http://lelivrevie.blogspot.f..