Un de mes livres favoris que je relis régulièrement. Je suis fasciné par cette histoire d'amour entre une jeune fille de 17 ans et un homme d'une soixantaine d'années. Amour basé sur une relation de domination et de sévices. C'est aussi un roman d'initiation. Une passion qui sera incomprise et sévèrement jugée par la société puisqu'elle se terminera par la mort. Tout y est. Un chef-d'oeuvre.
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Un roman déroutant que ce livre-là !
Pris par hasard dans les rayons d'une bibliothèque amicale, parce que le quatrième de couverture promettait juste ce qu'il fallait comme résonance attirante, je me suis donc attaché à en parcourir les premières pages, avec une envie d'exotisme et d'indolence.
Indolence, tu parles ! Si le chapitre initial pose gentiment le cadre d'un hôtel miteux dans une station balnéaire du sud-Japon, l'héroïne, une adolescente encore mineure et exploitée par sa mère, nous fait vite déchanter pour aller nouer une relation de soumission sexuelle avec un vieillard intrigant qui l'initiera au bondage et à la domination. Elle ne finira par ne plus vivre que pour ces moments passés avec son maître, prenant tous les risques jusqu'à entraîner leur chute. Par chance pour elle, elle sortira indemne de cette aventure, contrairement à son partenaire à qui l'affaire coûtera beaucoup.
Le livre est particulièrement bien écrit, à moins qu'il n'ait été bien traduit, ce qui n'est jamais facile à déterminer concernant une langue aussi exigeante que le français. Les situations y sont décrites avec finesse, sans jamais tomber dans le scabreux ou la facilité. On finit le roman un peu déconcerté, avec la mine de celui qui est allé trouver quelque chose qu'il ne cherchait pas forcément. Pour autant, voilà une lecture intéressante, surprenante qui nous laisse le sentiment de ne pas avoir perdu son temps.
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Livre "prenant" malgré le trouble qui peut en découler. Nous pénétrons la folie et les fantasmes. Un homme âgé, étrange, douteux; une jeune fille, qui ne l'est pas moins. Un hôtel dirigé par une mère castratrice et que l'on aime difficilement. Une rencontre entre les deux premiers. Une relation plus que trouble, sado-masochiste. Une société condamnant l'homme perturbé et "soutenant" une jeune fille "innocente" mais dont l'innocence apparente nous dérange puisque nous, nous savons. Nous savons ce qu'il en est et dans quels tourments, elle se précipite. La séance du foulard (avant d'en savoir plus) nous ferait presque plaindre le "pauvre" veuf. Nous espérons l'amour mais il ne sera pas présent puisque l'homme disparaîtra sans un regard, sans un mot. Une si jolie petite plage avec ses vendeurs de crème glacée, le flux et le reflux qui, comme les héros, amènera déchets et pourriture... Un superbe livre dérangeant et fascinant. Une écriture qui coule et se donne sans aucune entrave et là est le miracle, aucune vulgarité n'enveloppe ce récit d'une adolescente qui découvre ce qu'elle porte au plus profond d'elle-même...
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J'écris la cinquantième critique de ce court roman (sur Babélio) et il est le sixième livre que je découvre d'Yoko Ogawa. Après avoir fini ma lecture, j'ai découvert aussi la vingtaine de critiques les plus récentes.
J'ai envie de défendre l'auteure, mais elle n'en a pas besoin car toutes et tous reconnaissent la qualité de son écriture, sa pudeur, sa clarté, sa limpidité, sa précision, sa finesse et la liste paraît ne pas s'arrêter. Et je partage totalement tous ces avis. Quelque soit le titre, Ogawa a un style inégalable et d'une beauté rare.
J'ai envie de défendre le livre. Il est d'abord un livre de la transgression. Il débute par cette scène à l'hôtel Iris où la prostituée fait un esclandre car elle refuse un "service" demandé par le client. On ne sait pas lequel mais cela est clairement posé. Quitte à choquer, je me suis posée la question de savoir qui transgresse qui ? Mari, l'héroîne, littéralement exploitée par sa mère, une mégère, frustrée, radine, desséchée, incapable d'amour envers sa fille, et qui serait bien capable de la prostituer (j'imagine, mais elle est tout à fait capable de la vendre...) rencontre une forme d'amour dans la transgression. Transgression de l'ordre social, transgression de son éducation, elle doit mentir, se cacher, inventer des stratagèmes, pour retrouver le traducteur, qui devient son amant, son mentor, son bourreau. Elle passe d'un bourreau, sa mère et son ordre social, à un autre bourreau, le traducteur, qui ne représente aucun ordre que lui-même et qui parait plus hors la loi que dedans. Mais, ce qui peut paraître dérangeant, ce bourreau là elle l'a choisi, elle a été attirée, aimantée. Elle accepte d'accéder à la jouissance, au plaisir extrême, en passant par un abandon de son corps, de son âme, absolu, total. Elle l'accepte. Et elle aime et elle en jouit (oui cela va choquer mais c'est ce qui est écrit, seule la dernière scène est en contrepoint). Et elle en ressort plus forte (avec quelle indifférence, elle aborde les interrogatoires à la fin).
Ogawa aborde donc la transgression dans la sexualité. Jamais elle ne porte un jugement. Mari ne juge pas son expérience.
Et puis, il y a la langue, l'outil d'échange. le traducteur est traducteur, donc une histoire de langues..., sa sexualité est très axée sur le lingus : la première séance sexuelle est édifiante à ce point de vue, la séance des chaussettes, il prive souvent Mari de ses mains, elle ne peut utiliser que sa bouche... et son neveu a été amputé de la langue, ce qui ne l'empêche pas de s'exprimer y compris sexuellement. Et à la fin, Mari tiendra sa langue puisqu'elle ne parlera pas aux enquêteurs.
Ce que nous dit là Yoko Ogawa est très très puissant.
Je ne peux même plus évoquer la vague de chaleur, les poissons, la métaphore de l'île...
Les livres de Yoko Ogawa sont pour moi comme les cages à écureuil dans les jardins d'enfants. Attirants par leurs titres, les couleurs, la couverture (toutes magnifiques, bravo l'éditeur), le premier chapitre avec le cadre et les personnages, tu te précipites et là... chute, sommet, perdition, circonvolution, retour en arrière, torsion, sauvetage de l'équilibre in extrêmis, ou re-torsion et donc soit chute, soit plénitude.
Lire Yoko Ogawa c'est être dans une cage à écureuils et atteindre le sommet sans se casser la figure.
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