De
Yôko Ogawa (née en 1962), j'avais d'abord lu "
La formule préférée du professeur": j'avais beaucoup apprécié cette première lecture. Maintenant je viens de découvrir "Iris hôtel", paru en France en 2000. Ce roman est très particulier. Il décrit une relation doublement « scandaleuse »: sado-masochiste, mettant en présence une jeune fille de 17 ans et un quasi-vieillard – jamais nommé, seulement désigné sous l'appellation "le traducteur".
Mari, jeune réceptionniste à l'hôtel, est aux ordres de sa mère qui est très exigeante. Un jour, elle est témoin d'une scène choquante: un client, qui n'est autre que "le traducteur", jette à la porte de sa chambre une prostituée furieuse. Plus tard, les chemins de l'homme et
De Mari vont se recroiser, et elle le suivra. Une relation étrange se noue entre eux. Ordinairement aimable avec elle, le vieil homme se révèle subitement agressif; la raison de son comportement est peut-être liée à la mort de son épouse, survenue quelques années plus tôt.
Yôko Ogawa décrit avec beaucoup de tact les scènes de sexe sado-masochiste. Quant à Mari, elle semble considérer ces relations comme normales et satisfaisantes. Elle écrit: « Plus la chair au service de laquelle je suis est laide, mieux c'est. Cela me permet de me sentir vraiment misérable. Lorsqu'on me brutalise, lorsque je ne suis plus qu'un bloc de chair, naît enfin au fond de moi une onde de pur plaisir ». Mais le lecteur craint beaucoup pour son intégrité physique, jusqu'au dénouement que je ne révèlerai pas.
Selon moi, "Iris hôtel" est un excellent roman, original, sur un sujet délicat, avec des passages intenses et d'autres presque anodins. L'auteure ne cherche pas à faire de la psychologie à bon marché et elle laisse la narratrice décrire les faits, simplement. Les personnages me semblent presque incompréhensibles, mais ce mystère ajoute beaucoup de sel au récit. Ceci étant, je ne trouve pas que
Yôko Ogawa écrit très bien, du moins si je me fonde à la traduction française. Je trouve même que son style est assez lourd.