Quand l'écriture du prénom de l'autrice pose déjà des difficultés (il y a un tiret plat sur le premier « o »), c'est qu'on touche à l'exostisme. L'exotisme nippon, en l'occurrence, car ce livre constitue mon tout premier roman japonais.
Ce roman est la matérialisation parfaite de l'idée que je me fais de la culture japonaise (avec sûrement une bonne part de clichés euro-franchouillards) : lent et délicat. Bref, charmant.
L'intérêt de cette histoire, outre sa trame générale (une femme de ménage n'ayant pas fait d'études et son jeune fils se prennent d'affection pour son employeur : un vieux monsieur, ancien mathématicien, dont la mémoire s'efface toutes les 80mn), est qu'elle offre un véritable aperçu de la vie au Japon (du moins de la vie dans les années 90) : à travers l'enfant de 10 ans, on découvre le système scolaire ; à travers
la mère on découvre la mentalité toute en douceur, la non-rébellion, la pudeur, le respect des gens et des objets à son paroxysme ; à travers le vieux monsieur, on découvre la grande passion des Japonais : le baseball. Et les maths…
Pas pour les non-matheux ?
Ancien universitaire en mathématiques qui se raccroche à cette discipline pour ne pas sombrer, le vieux monsieur utilise les maths comme un mode de communication. Les chiffres et les formules ponctuent le récit, 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, … font les marioles et se targuent d'être des nombres premiers, le 0 vient vous montrer comme il est beau, les voyelles e et i, si chères aux langues, viennent faire un tour en algèbre. Les démonstrations mathématiques sont nombreuses, peut-être indigestes pour qui n'a pas au moins une once d'esprit scientifique, mais pas fondamentales pour appréhender l'histoire, et l'aura nippone de la prose se charge de rendre le tout poétique, voire magique. Les maths sont présentées comme une nouvelle fenêtre pour voir le monde et la beauté. En somme, les littéraires pur jus y trouveront leur compte.
Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il s'agit d'un coup de coeur, il manquait le petit truc qui me tiendrait en haleine, mais j'ai adoré passer du temps avec ce trio et leur ami, le chiffre parfait 28.
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