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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Étrange, fragile, parfois même un peu pervers, tel est le monde que Yôko Ogawa nous décrit dans ce recueil composé de deux courtes nouvelles : "Une parfaite chambre de malade" suivi de "La Désagrégation du papillon".

Dans ces deux nouvelles, nous retrouvons un même mode de narration, monocorde, qui apporte à chacun des récits une tonalité intimiste (habituelle chez l'autrice). Deux jeunes femmes dont l'identité ne nous est pas dévoilée se réfugient dans un univers qui leur est propre, un univers de douce folie comme pour échapper à une réalité trop difficile à affronter.

Yôko Ogawa mélange avec brio la beauté et la laideur pour mieux faire apparaître les fêlures, les blessures psychologiques de ses deux personnages féminins et l'espace d'un instant elle nous oblige à entrevoir la face sombre de la nature humaine.

Dans la première nouvelle "Une parfaite chambre de malade", la narratrice se remémore les derniers mois passés auprès de son frère cadet atteint d'une maladie grave et incurable. Elle entretient avec la chambre dans laquelle celui-ci est hospitalisé, une relation des plus étranges. Une chambre blanche, immaculée, aseptisée, dans laquelle elle se sent protégée et apaisée.
Obsessions morbides de la propreté, traumatismes d'une enfance marquée par une mère atteinte de maladie mentale, dans cette parfaite chambre de malade, le passé douloureux de la narratrice va progressivement remonter à la surface.

Dans la deuxième nouvelle "La Désagrégation du papillon", la narratrice s'occupe de sa grand-mère paternelle (Sae) qui l'a élevée depuis son enfance et qui est atteinte de démence sénile liée à l'âge. Elle se voit contrainte de la placer dans un établissement spécialisé "Le Nouveau Monde". L'absence et le vide laissés par la vieille femme vont peu à peu désorienter la narratrice, la déconnecter de la réalité et faire émerger, comme dans la première nouvelle, les souvenirs d'un passé troublé par l'absence d'une mère.

Deux nouvelles aux récits introspectifs et métaphoriques, riches de détails et de descriptions, dans lesquelles les couleurs et les sonorités foisonnent pour mieux nous emmener dans l'imaginaire de l'autrice.
Deux nouvelles dont j'ai personnellement apprécié la lecture mais qui pourraient déconcerter certains lecteurs de part une morbidité très présente et un rapport au corps et à la chair exacerbé mais qui soulèvent une thématique lourde de sens comme l'accompagnement en fin de vie, la capacité à faire son deuil, l'absence d'une mère, d'un frère, d'une grand-mère...

La lecture de ce recueil peut s'avérer très intéressante pour les lecteurs qui souhaiteraient découvrir l'autrice toutefois (et j'insiste) si vous êtes sous antidépresseurs ou en proie à des problèmes avec votre "moi" profond, il sera préférable de passer votre chemin et de vous diriger vers des romans longs comme "Instantanés d'Ambre" ou "Petits oiseaux" dans lesquels vous y trouverez une dimension plus poétique et somme toute moins tourmentée.
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Une chambre de malade blanche, propre, purifiée des miasmes de la vie humaine. Une pièce qui apaise la jeune femme accompagnant son frère aux portes de la mort. Un endroit différent de la maison souillée et désordonnée d’une mère ayant perdu la raison. Un lieu qui désincarne les corps et permet d’accepter leur disparition.

L’éloignement de Sae plonge sa petite-fille dans la solitude et l’irréalité. La normalité doit être confirmée par celle d’un autre, avait pensé la jeune fille alors qu’elle s’apprêtait à conduire dans une institution la vieille dame devenue dépendante.

Deux nouvelles pénétrantes, douces et âpres, deux passages d’un état à un autre, de la présence à l’absence.
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C'est toujours avec grand plaisir que j'ouvre ( ou ouvre de nouveau dans ce cas ) un livre d'un de mes auteurs préférés, Yoko Ogawa.

De manière générale, on retrouve dans ce récit le style de Yoko Ogwa, que j'affectionne tout particulièrement. L'écriture est composée de phases simples et courtes, mais cette sobriété sert une élégance remarquable, soulignée par l'emploi d'expressions visuelles, poétiques et parfois à la délicieuse incongruité qui renforcent habilement les émotions que l'auteur veut nous communiquer. Un style faussement simple, qui se révèle élaboré et immédiatement identifiable. Rares sont les auteurs à posséder un style si fort et particulier.

Le premier récit Une parfaite chambre de malade est très émouvant. Nous suivons la narratrice, une jeune femme, accompagner son frère perdu de vue et atteint d'une maladie mortelle dans les derniers mois de sa vie qu'il passe en chambre d'hôpital.
Tout sonne juste dans ce récit, et nous suivons avec une grande émotion le cheminement émotionnel d'un proche, la jeune femme, qui doit accompagner un être aimé vers la mort. de la stupeur liée à l'annonce de la maladie, la gêne des retrouvailles, les moments suspendus où l'ombre du passé passe entre les deux personnes, les moments où l'amour l'emporte et suspend la maladie inexorable. Toutes ces étapes sont retranscrites avec une certaine pudeur qui n'empêche pas beaucoup d'émotion sous la plume de Yoko Ogawa, qui montre avec habileté comment nos vies se retrouvent bouleversées, mises entre parenthèses par la maladie.
Sa vision de la chambre d'hôpital est aussi intéressante. Pour l'auteur, cette chambre avec sa propreté aseptisée où sont bannies les matières organiques, est un univers hors du monde, où règne un calme serein, prélude à la mort du malade.

Le deuxième récit m'a moins séduit. Une jeune femme qui a déposé dans une institut sa grand mère atteinte de démence sénile s'interroge sur le sens de sa vie, mais aussi sur la frontière ténue entre normalité et anormalité, réel et irréel.
Ce récit a un mérite, il est dérangeant : est-on coupable par ce qu'on abandonne la grand mère qui nous a élevé dans un institut, ou au contraire est-ce la laisser aux soins de personnes qualifiées ?
Autre aspect dérangeant, " l'abandon" de sa grand mère dans un institut pousse le personnage principal dans un crise existentielle. C'est ici que j'ai moins adhéré à l'histoire car Yoko Ogawa a fait le choix de matérialiser cette crise par une apparition du fantastique qui amène la jeune femme à douter de la réalité par un dérèglement de tous ses sens. Je n'aime par beaucoup le fantastique, j'ai donc moins aimé ce deuxième récit. Il n'en reste pas moins que Yoko Ogwa arrive, comme à son habitude, à instiller le malaise en nous, un malaise croissant au fur et à mesure que la confusion du personnage principal augmente. Et nous aussi ne pouvons nous empêcher de nous poser ces questions sur nos vies.

On retrouve dans ces deux récit la vision de Yoko Ogawa : les personnages sont confrontés à la remise en question d'un univers organisé par un fait bouleversant. Ces personnages évoluent dès lors dans la confusion, et tentent de se recréer un univers stable en cherchant les repères de l'habitude, ce qui n'est pas viable car ces habitudes ont été rendues caduques par la nouvelle donne. Ainsi dans une parfaite chambre de malade, le personnage se crée un nouvelle routine auteur de la maladie de son frère : aller lui chercher des raisins, parler avec le médecin, passer ses journées dans la chambre du malade... Dans La désagrégation du papillon le personnage principal est en crise car la jeune fille connait des illusions qui lui montent sa grand mère dans la maison alors que celle ci est en institut, signe du déni de la réalité de cette jeune femme qui préfère se réfugier dans l'illusion plutôt que d'admettre le bouleversement de son univers.
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Voici déjà quelques années que je souhaitais lire cet opus après avoir découvert quelques passages du livre dans l'une des oeuvres de Dominique Loreau.

Nous y retrouvons à nouveau la recette de Yôko Ogawa : 500 grammes de solitude, 300 grammes d'introspection, 50 grammes de paysage, 150 grammes de cloisonnement et 50 grammes de sentiment. Mélangez le tout et finalement vous obtiendrez une histoire ou plusieurs. le livre se découpe, ici, en deux histoires. Une parfaite chambre de malade et la désagrégation du papillon. J'ai globalement préféré la première histoire à la seconde. Malgré une traduction poétique, on ne parvient pas à cacher le coté cruel et obscur de l'oeuvre de Yôko Ogawa. La finalité reste la même. le coté onirique et envoûtant se mue en obscur effrois.

Ce livre traite à nouveau de la solitude, mais surtout du deuil, de l'oubli et du souvenir. L'un face à la mort via la maladie et le second via la vieillesse. L'oubli avant le néant, l'oubli avant le deuil. Les souvenirs que l'on n'oublient pas. D'ailleurs, les titres sont révélateurs. le papillon se désagrège et la chambre parfaite est blanche. Blanc couleur de deuil au pays du Soleil-Levant et chez nous il symbolise la pureté (de la chambre parfaite). Tout nous conduit vers notre funeste destinée. le corps s'en va, mais l'esprit reste avant le fragment final.

Plus je lis les livres de cette autrice et plus je me cristallise comme un papillon. Parce qu'on final elle parvient à faire refléter, en nous, quelque chose que l'on ne voit plus et qui nous pend au bout du nez.

Tout est parfait, tout se désagrège.
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Poursuivant la lecture des oeuvres de cet auteur, ce livre m'a semblé plus dur et déstabilisant. Il est constitué de deux nouvelles. La première raconte l'intimité entre un frère mourant et sa soeur. La démarche introspective de l'un et surtout de l'une est poignante. Comment conjurer cette douleur de vie et de mort dans l'espace étroit d'une chambre d'hôpital où tout est aseptisé, ne laissant rien passer de la Vie telle qu'elle est quand rien ne la menace. C'est dans un huis-clos tendu que la jeune femme se débat, "l'amour plus fort que la mort" même si l'on sait que l'autre ne sera plus. Tout se mesure, tout est dérisoire, tout a valeur. La deuxième nouvelle "La désagréagtion du papillon" est ardue à lire. Métaphores, conscient, inconscient : tout s'y mêle. Sa dureté réside non dans le style mais dans le fond qui interpelle cruellement. Normalité et anormalité, réel et irréel, moi et moi... notions perturbantes qui rappellent à l'ordre. L'héroïne obligée de "placer" sa grand-mère dans une institution vit l'absence en un dédoublement douloureux qui interpelle chacun d'entre nous sur la fin de vie. Il n'y a pas de description de maladie ni de mort mais une descente précise dans tout le ressenti de la perte et dans tout ce qui se greffe à jamais au profond de nous.

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Yôko Ogawa nous plonge avec deux nouvelles dans les bouleversements que provoque la maladie d'un proche. Que la maladie soit physique ou mentale, qu'elle survienne précocement ou bien qu'elle soit liée à l'âge, la détresse est la même.

Elle est synonyme d'inquiétude, de questions alors que le temps s'écoule. L'esprit s'envole, perdu dans des souvenirs, dont on craint qu'ils ne s'évanouissent aussi. S'accrocher à des éléments du quotidien devient une soupape de sécurité. Nos personnages accompagnent la vie qui s'échappe, les corps qui lâchent, l'esprit qui s'efface.

L'écriture est grave et poétique pour exprimer le deuil, l'inéluctable. Parfois, on a l'impression de s'écarter du sujet, caché derrière des situations, des objets, et pourtant il demeure obsessionnel, cicatriciel.

Entre déni et acceptation, ces deux nouvelles oscillent dans un cheminement aussi personnel qu'universel.
Lien : https://www.sophiesonge.com/..
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Une parfaite chambre de malade : Nouvelle sur le thème de la mort d'un être cher. Cependant, l'auteur ne met jamais de pathos dans son récit. Les sentiments sont pudiques. C'est une très belle nouvelle tout en retenue.
Le papillon désagrégé : Nouvelle sur la folie et l'abandon d'un être cher. Poétique, simple et sans pathos mais écrit très justement.

Ces récits donnent une impression de féminité, l'intime féminin.
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(Lu en 2007)

C'était la première fois que je lisais un ouvrage de cet auteur, suite à une recommendation qu'on m'en avait faite, et j'ai été agréablement surprise. OGAWA Yôko explore ici les thèmes de la mort et de la lente décrépitude, tout en mettant en lumière les sentiments de ceux qui resteront derrière ces mourants, devant désormais apprendre à vivre sans eux et à lutter contre la solitude que ce fait leur inspire. J'avoue avoir plus apprécié la première nouvelle que la seconde, qui me semblait partir quelque peu en dérive, mais dans l'ensemble, l'ouvrage est intéressant.
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Deux histoires, un thème et une ambiance bouleversants. Avec cette écriture toujours aussi paisible mais qui porte en elle des sujets terribles et qui remuent le lecteur. (Mais comment fait-elle ?)
Au final les deux histoires se mêlent, se ressemblent, se complètent parfaitement. Car les points communs abondent entre ces deux situations. La Désagrégation du Papillon va peut-être plus loin dans "l'abstrait".

Ce ne sont pas de ces histoires où les péripéties et retournements de situation n'arrêtent pas. Je ne sais pas si je me souviendrai de tout ce qui se passe dans ces nouvelles. En revanche, il restera une ambiance, un univers. La maladie, l'absence, l'oubli, la souffrance sont comme murmurés à l'oreille du lecteur. Ce qui n'empêche pas la présence d'une note plus dure voire dérangeante.

La suite sur mon blog !
Lien : http://blogameni.wordpress.c..
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Japon. Une femme accompagne son jeune frère atteint d'une maladie incurable et s'installe, pour ainsi dire, à ses côtés, dans sa chambre de malade. Dès lors, elle passe tous ses moments de liberté, les soirs après son travail ainsi que les fins de semaine, finissant par trouver la vie auprès de son mari sans intérêt, voire détestable.

Lire la suite :
Lien : http://monbiblioblog.blogspo..
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