« Ne dis rien à moins que tu ne puisses améliorer le silence » a dit
J.L. Borges. Cette phrase m'a fait penser au nouveau livre d'
Olivier Demangel, «
Station Service ».
Il a su, par ce roman, améliorer le silence. Sa capacité à vous transporter dans le monde puissant, réel et intime de son personnage principal et des dédales de son parcours, en le rendant à la fois proche et lointain, l'art de choisir les mots, comme si chacun d'eux était compté, à sa place, nous envoutant et nous fascinant, montre le talent d'
Olivier Demangel et le classe parmi les grands.
Impossible de lâcher le roman du premier mot au dernier. Ses personnages sont précis, extrêmement bien construits, ses digressions nous laissent un moment de répit en nous permettant de nous évader d'une réalité monstrueuse tout en nous ouvrant les portes d'un monde imaginaire que seul un grand écrivain peut offrir à ses lecteurs.
Olivier Demangel réussit à nous montrer un personnage troublant qui semble refuser d'entrer en contact avec le lecteur et qui, toutefois lui dévoile son monde à travers ses digressions d'une richesse littéraire infinie, une vraie prouesse !
Après avoir lu «
111 » son premier roman déjà plus que prometteur, la lecture de "
Station Service » me laisse penser qu'
Olivier Demangel n'a pas fini de nous envouter.
Je voudrais pour finir, citer un écrivain incontournable,
Aharon Appelfeld « Sur le choix des mots, l'extrême actualité, l'économie des descriptions et des enjolivures, l'ascèse des explications et interprétations, l'absence d'allusions sur l'apparence : simplicité, droiture, un étonnement dénué de doutes, un silence entre les phrases, entre les mots. » Cette citation semble décrire ce roman et il semble incontestable qu'
Olivier Demangel a déjà rejoint les hautes sphères des écrivains. Impossible de ne pas lire ce livre, si comme moi, vous pensez que la littérature est l'essence même de la vie.
Y. Rubinsky