La balade de Yaya est une bande-dessinée dans un format à l'italienne, avec une à cinq vignettes par page. Ce petit format et ce peu d'images par planche sont un très gros atout pour le jeune lectorat (sept à neuf ans) à qui elle s'adresse prioritairement (à dix ans on l'appréciera encore du fait de l'intensité de l'action) . Elle contextualise les peurs enfantines traditionnelles à un moment tragique de l'histoire d'un pays (la Chine) et les évènements qui se déroulent dans cette fin des années trente du XXe siècle constituent les prémices de la Seconde Guerre mondiale, le Japon recommençant dès juin 1937 à dépecer la Chine qu'il avait déjà allégé de la Mandchourie en 1931. Tant par le fait que le "Lotus bleu" met en scène l'incident de Mukden, à savoir le dynamitage d'une voie ferrée par les services secrets japonais qui est mis au compte de brigands chinois par Tokyo, que par l'âge des petits héros (ici entre sept et neuf ans vraisemblablement), "La Balade de Yaya" constitue une excellente propédeutique à la lecture tant des aventures de Tintin que celle de San Mao célèbre très jeune héros de la BD chinoise des années trente à soixante-dix. Comme San Mao (Trois cheveux en français) au début de l'histoire Tuduo est un petit vagabond des rues de Shanghai. le hasard d'une rencontre avec la fille d'un très riche commerçant aisé de Shanghai va l'entraîner sur un périple qui devrait mener les deux enfants à partir du grand port de la Chine centrale (Shanghai) pour aller vers la colonie britannique de Hong-Kong. L'objectif est de permettre à Yaya de retrouver sa famille, dont elle a été séparée du fait qu'une de ses désobéissances s'est produite le jour où les forces nippones sont entrées dans Shanghai. Alors que dans les quatre premiers tomes les deux enfants étaient presque souvent ensemble, dans les deux volumes suivant leur parcours se distingue quoiqu'ils restent géographiquement proches. Dans ce sixième volume, à la suite d'une chute Yaya est devenue amnésique, elle erre dans un paysage enneigé situé à l'intérieur des terres au centre de la province du Zhejiang vers Ningbo. Tuduo est à sa recherche avec la compagnie inattendue de Sauce d'huître, un garçon d'une quinzaine d'années qui était l'humble second de Zhu exploitateur d'un groupe d'orphelins de Shanghai. La dimension de voyage initiatique pour l'héroïne s'est accentuée au cours du récit, ici un dialogue lors d'une partie de go (weiqi en chinois) entre Tuduo et Sauce d'huître permet de poser les avantages et les risques d'une indépendance vis-à-vis des adultes et la question de la révolte face à la maltraitance. Les problèmes sont toutefois distanciés, puisque dans l'histoire on ne parle pas de parents mais du rapport à Zhu.
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Retournement de situation dans ce tome ! Il semblerait que suite à sa chute dans la rivière, Yaya a perdu une partie de sa mémoire. Elle a oublié tous les évènements qui ont suivi sa fugue. Seul le visage de Tuduo persiste, comme un lointain souvenir du passé... Inutile de dire que Zhu profite de sa faiblesse pour la manipuler.
La tension dramatique est palpable dans ce sixième tome. Cette tension est perceptible dans l'évolution de l'intrigue mais aussi dans le changement climatique qui s'opère progressivement dans les décors. Nous glissons peu à peu dans l'hiver et ses paysages enneigés. Les dessins sont d'ailleurs très réussis, restituant à merveille la magie mais aussi la cruauté de cette saison, à la fois envoûtante et glaciale.
Dans le troisième tome, une scène avait retenu mon attention. Un renard faisait face à Yaya et la fixait d'un regard triste où brillait quelques larmes. Cette scène fantastique prend un sens dans ce sixième tome, ou du moins, elle y fait écho. C'est en effet un renard qui sauve Yaya des eaux. Pour ceux qui en doutaient encore, Yaya a bel et bien un lien particulier avec les animaux ! Ce lien donne une aura fantastique intéressante à la série.
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Toujours cette beauté des couleurs et des traits de visages des personnages dont je suis particulièrement fan !
De nouvelles péripéties, notament une dont je ne me serais jamais doutée. Comment va faire Yaya ? Livrée à elle-même, mais aidée par un très beau renard, je me demande comment elle va réussir à s'en sortir. J'ai beaucoup aimé le rapport à la nature esquissé dans ce tome.
La fin de ce tome promet une suite pleine de rebondissements.
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Ah oui, en nous laissant passer des nuits avec ces saloperies de serpents ?
écoute, je suis comme toi, j’ai pas de parents …
mais je préfère me débrouiller tout seul plutôt qu’on me traite comme un chien ….
Je me laisserais plus faire par personne. Si tu te révoltes pas, t’es cuit.
"- Vous pouvez me dire où on est s'il vous plaît ?
- Pars, petite, pars vite ! Ici c'est l'enfer !!"
Pourquoi je suis là ?
Peut-être parce que j'ai désobéi à mes parents.
Je voulais juste jouer du piano.
- Et tu crois qu'on est mieux, là ?
- C'est vrai, il fait froid et on a pas grand chose à manger... Mais pendant toutes ces années on a jamais eu le droit de jouer toi et moi. Et on est mieux parce qu'ici on est libres ! T'as déjà oublié les baffes et les coups de ceinture ?