J'ai abordé ce roman avec une grande curiosité; pas de quatrième de couverture ou si peu, un titre énigmatique et une couverture qui m'a rappelé "
La salle de bal" d'
Anna Hope, que j'avais beaucoup aimé; on voit sur les deux couvertures des jambes de jeunes femmes autour desquelles tourbillonne une jupe jaune pour
Anna Hope et une jupe bleue pour
Christine Orban. Dans les deux romans, tout à fait différents par ailleurs, la danse est métaphore de la liberté.
Tina, alors dans la quarantaine, trouve, chez sa mère des lettres qui la replonge au temps de ses 18 ans et tout lui revient en mémoire 25 ans après; ses souvenirs fabriquent la trame de ce roman. Amoureuse de Marco, un jeune de son âge, elle est attirée par le père de celui-ci, Simon, presque soixante ans; on suit ses tiraillements, sa culpabilité, son mal-être, ses interrogations face à cette situation "amorale" et ingérable pour une adolescente, femme en devenir. On est également témoin de la plongée dans la violence et l'auto-destruction de Marco ainsi que de l'addiction de son père à la jeunesse de Tina qui l'éloigne provisoirement de la vieillesse et de la solitude.
Tina subit la décision des hommes, celle de Marco d'abord qui installe un "moratoire" de quatre mois sur leur relation croyant avoir été trompé puis celle de Simon qui veut la posséder. Elle est ballottée entre deux hommes sans savoir ce qu'elle veut vraiment, elle. Elle se retrouve dans une situation schizophrénique : avec Simon, Tina est une femme et sans Simon, elle redevient une adolescente. le plus terrible, c'est qu'elle se sent coupable vis-à-vis de Simon, de Marco, de sa mère qui pourtant ne trouve rien à redire à la situation, de la morale. Elle ne peut trouver aucun soutien à l'extérieur d'elle-même.
Christine Orban rend bien cette zone grise où une adolescente perdue, qui découvre le désir, ne peut rien contre la volonté de l'adulte; on ressent de l'empathie pour Tina, on voudrait l'aider.
L'emprise d'un adulte homme sur une jeune fille immature est au coeur de bien des débats actuellement (on ne peut éviter de penser au livre de
Vanessa Springora "
Le consentement") et ce roman a le mérite de nous y faire réfléchir à travers la fiction.