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3,71

sur 227 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Et moi, je vis toujours », le titre du dernier roman de Jean d'Ormesson, ouvrage édité quelques semaines après son décès, pourrait intriguer si on ne connaissait pas le côté malicieux de son auteur. Ni roman historique, ni livre d'histoire, c'est un roman « autobiographique » de l'Histoire.
« L'Histoire », tel devait être à l'origine le titre de ce roman, mais Jean d'Ormesson l'a jugé trop sérieux.

Ce livre est écrit à la première personne, mais ce « je » qui sans cesse virevolte ne représente pas l'auteur, mais l'Histoire ; l'histoire de l'humanité entière. Jean d'Ormesson nous fait partager sa passion de l'Histoire et ses passions littéraires et historiques. « Longtemps j'ai erré dans une forêt obscure. J'étais presque seul » ; ainsi commence le roman. Dès les premières pages, nous accompagnons les premiers pas de l'homme primitif qui s'éveille à la conscience. Le développement du langage, de la pensée, de l'écriture, a pris des milliers d'années, Jean d'Ormesson nous le raconte en accéléré.

De la préhistoire à aujourd'hui, Jean d'Ormesson visite plusieurs milliers d'années d'histoire, de littérature et de sciences. Tantôt à Athènes, Rome, Byzance ou Paris, témoin de la guerre de Troie ou de la chute de Constantinople, ami d'Ulysse ou assassin d'Archimède, matelot à la découverte du Nouveau Monde avec Christophe Colomb, témoin de l'invention de l'imprimerie ou simplement jolie servante dans une auberge, il est successivement un homme ou une femme, un poète ou un guerrier... Il rencontre Platon, Homère, Ronsard, Marco Polo, La Fontaine… et de nombreux autres personnages célèbres…

Jean d'Ormesson livre de nombreux détails avec l'habileté de l'académicien mais également la légèreté et la vivacité de l'homme qui aime la vie. Ce livre, qui permet de réviser ses connaissances en culture générale, pourrait paraître obscur ou ennuyeux, mais le talent de l'auteur est de le rendre intelligible et accessible à tous.

Jean d'Ormesson a l'art de la citation, de l'ironie et de l'anecdote qui souvent attirent le sourire.
Exemple : un aristocrate, condamné à mort durant la Révolution, est amené à la guillotine sur une charrette. Il demande qu'on ne lui ligote pas les mains car il est en train de lire. Au moment où il doit descendre, il corne le livre et il le met dans sa poche…

Il termine ce livre ainsi : "Ne me jugez pas trop sévèrement. Je vaux mieux que ces souvenirs lacunaires et aléatoires qui, non contents de s'emparer de ma voix, ne constituent, en dépit de leur ambition, qu'un livre de plus parmi les autres."
Aujourd'hui Jean d'Ormesson pourrait ajouter : ce livre est « épatant », et il aurait raison.
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Jean d'Ormesson fut, Jean d'Ormesson n'est plus...

"Et moi, je vis toujours" son dernier roman, où quand L Histoire nous livre son autobiographie.
Sous divers personnages, l'histoire prend corps depuis les temps les plus reculées jusqu'aux plus proches...

C'est un réel plaisir que d'enfourcher sur la plume de Jean d'Ormesson pour traverser les temps, les âges et les espaces. Une démarche un peu similaire que vient d'entreprendre E.E. Schmitt en huit volumes...
Mais là, le temps presse, la faucheuse est en route. On le ressent d'ailleurs sur certains chapitres qui semblent un peu bâclés quand on connait la faculté de l'auteur à développer subtilement les détails.
Qu'importe. le style "classique" si élégant de l'auteur m'embarque, encore une fois, une dernière fois ; son érudition me subjugue ; ses choix, ses prises de position...
Bref, depuis bien longtemps amateur de la prose de Jean d'Ormesson, je n'ai plus que la ressource de me tourner vers les quelques ouvrages attente dans ma PAL pour assouvir le besoin que j'éprouve de temps à autre de me replonger dans cette prose sublime, apte à faire sentir la musique des mots jusque dans les énumérations de lieux et de personnages exotiques.

L'Histoire se raconte. Et si Jean d'Ormesson s'était pris pour l'histoire, lui qui sent "le vent du soir" se lever ? On sait pour l'avoir entendu le déclarer : "Pour ce qui est de la modestie, je ne crains personne."
Alors ?
Adieu l'artiste.
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Et moi je me pose cette question : qui est ce "je" qui nous livre la quintessence de l'Histoire Universelle de L'Homme ? Il est là, toujours où L'Homme est, comme un monolithe kubrickien. Sans porter de jugement, il partage ses turpitudes. Est-il l'âme de l'Homme ? Ou n'est-t-il qu'un témoin fidèle et constant; une allégorie de l'Histoire qui se réincarnerait en des personnages plus ou moins actifs ?
Il faut se laisser le découvrir au rythme de la belle prose de Jean d'Ormesson, se laisser doucement envahir par les personnages qui ont forgé l'histoire de L'Homme.
Et là où l'éditeur et où certain lecteurs voient une autobiographie, je ne vois « que » la biographie de l'histoire de notre univers. Là est la grande originalité ce dette oeuvre.
J'ai senti à l'approche de la conclusion du roman poindre comme une désillusion de l'auteur. Là où, dans ces derniers opus, surgissait l'idée de Dieu, comme un espoir ; ici c'est la froideur du hasard qui règne en maître dans la destinée de l'Homme.
Là où il ne pouvait se résoudre à ce que tout cela ne soit qu'une « farce » sans but, et bien il semble l'envisager, peut-être désabusé par l'égrainage des horreurs ponctuant l'histoire de l'homme.
Et moi, je me sens peiné de voir cet auteur chéri nous quitter sur cette note triste.

Contrairement à ce qu'avance l'éditeur, je n'ai jamais senti sourdre dans ce texte une autobiographie de l'auteur. Certes, l'essence de l'auteur modèle de plus en plus ses choix, ses références historiques qui deviennent de plus en plus littéraires - celles qu'il a tant aimé- pour faire, à l'extrême rigueur, de ce roman un portrait de l'auteur en ombre chinoise et c'est superbe.
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Oui, à peu près toute ma vie, j'aurai lu Jean d'Ormesson. Et croyez-moi c'est pas ce que j'ai fait de plus mal tant Papy Jean est pour moi avant tout synonyme de plaisir de lecture. Et moi je vis toujours restera son dernier livre et je m'en serais voulu de l'avoir négligé. Jean d'O. tournait peut-être un peu en rond ces dernières années mais les ronds de d'O. valent leur pesant de bonheur. Je l'ai déjà écrit à plusieurs reprises, cet homme ne m'a presque jamais ennuyé. Bien peu d'êtres humains peuvent en dire autant, et je ne parle pas que des écrivains.

Ma complicité avec Jean date des années 70. Vous avez vu, quand je parle de d'Ormesson je ne dis pas les sixties. On est là certes dans une qualité France mais tellement séduisante que c'est au delà d'un nationalisme racorni, tant l'esprit est omniprésent dans ses livres. D'où me vient alors cette sensation, pour tout dire un peu inquiétante, d'assister au chant du cygne, non seulement du cher Jean, après tout la Grande Egalisatrice attendait depuis pas mal de temps le ludion cultivé, mais aussi de la grande aventure de mes lectures.

C'est vrai aussi que peut-être je n'ai trouvé qu'une certaine application de bon aloi. Nous n'en sommes plus à la fête d'Au plaisir de Dieu ou de sa si jolie trilogie toscane et romanesque (Tous les hommes en sont fous, le vent du soir, le bonheur à San Miniato). Ou plus encore le merveilleux Voyez comme on danse. Cet homme, souvent perçu comme irritant, même par moi de temps en temps, m'a fait rêver. Et puis bien sûr,avec le temps...il est parti, ayant presque tout dit.
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Que de connaissances et d'érudition dans ce roman qui signe la fin d'une carrière impressionnante au service des lettres et de la culture! M. Jean d'O comme vos intimes acolytes aimaient vous appeler, ô combien aimerais-je avoir le centième de votre savoir et de vos talents littéraires!
Et pourtant, j'ai eu bien du mal à lire votre livre jusqu'au bout: j'aurais tellement aimé tout retenir!
Oui, mais voilà, un Jean d'Ormesson, il n'y en a qu'un et ceci pour l'éternité...
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Longtemps les conquérants eurent célébrations
Suivis par les penseurs, philosophes, érudits.
Naissance, vie et mort, leur civilisation
Muraille ensevelie, poussière puis oubli.

Le pinceau et la toile, du Tintoret la main
sublime la beauté, paysages et corps.
Travaillant sans arrêt, du soir au matin,
Peaufinant entités et somptueux décors.

La page blanche vole vers l'écrivain ardent
amoureux des beaux mots, jette sur le papier
poème, ode, balade, dictionnaire et roman
envahissent les villes comme les cavaliers.
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Une vision du monde à travers son regard malicieux, les interrogations d'un homme et de l'Homme. On traverse l'histoire avec des personnages variés, hommes ou femmes. La plume est impeccable. Que dire de plus? Merci pour les oeuvres qu'il nous laisse et que je découvrirai au gré de mes envies de lecture.
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A passé 90 ans Jean d'Ormesson écrivait encore et toujours. Je me suis amuse a lire cet ouvrage , comme je m'amusais à lire nombre de ces précédents livres. Comme une muse qui virevolte, Jean d'O se promène et nous balade d'une époque à une autre, d'une discussion l'autre comme dans ces salons littéraires du XVIIIe siècle qu'il devait sûrement chérir comme s'il était saisi de la nostalgie d'une période révolue. Ces heures de lecture furent une belle promenade littéraire, promenade d'agrément, mais toujours en agréable compagnie, même si certains paysages me plaisaient davantage que d'autres.
L'Histoire est la muse gracieuse de Jean d'Ormesson. Elle se donne le beau rôle en ne quittant pas le balcon d'où elle observe le tumulte des jours, le fracas des guerres et des haines, les joies de l'amour ou de l'esprit.
Cela se lit comme l'on boirait un vin fruité de saison. La muse a un faible pour la France, et la nostalgie de sa grandeur passée; elle regrette cette période géo-centrée, en Europe, en France, qui prendrait la deuxième pour la première en cette période commencée par Louis XIV et clôturée par Napoléon dans la morne plaine de Waterloo. Mais lucide, Jean d'Ormesson ne perd pas de vue cette belle promesse de paix et de développement qu'apporte le projet européen, depuis l'après-guerre jusqu'à nos jours.
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Un défi très culotté de la part de Jean d’Ormesson d’oser retracer dans un geste littéraire et à la première personne le destin de l’humanité, pourtant l’auteur réussit haut la main son pari tant nous sommes aspirés par ce défilé ininterrompu d’événements fondateurs et de grands personnages qui ont façonné des pays et des continents. Guerres, découvertes scientifiques, connaissances philosophiques, rien n’échappe au regard amusé de l’Histoire qui prends plaisir à se mélanger aux humains pour suivre les hauts et les bas de cette drôle d’espèce.
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Le dernier livre de Jean D'Ormesson est un essai audacieux sur l'histoire de l'humanité. Sous les apparences d'un personnage fictif, « astre errant de l'histoire » (181), le narrateur voyage dans le temps; il guide les lecteurs, de la nuit des temps à aujourd'hui, à travers de grands personnages et des événements marquants de l'histoire de l'humanité, de la littérature et des sciences. « Je suis le temps. » (278) « Je suis l'histoire. » (279). Ce long et lent survol encyclopédique lie des personnages, des événements marquants, des oeuvres variées, des découvertes remarquables. Lecture facile et agréable, le lecteur pénètre les grands pans de l'histoire de l'humanité. « J'ai porté la tunique, la toge, la cuirasse, le voile, le pourpoint, les hauts-de-chausse, le frac, le froc, le complet veston, la dentelle, la mousseline, la jaquette, le corset, la cotte, la cotte d'armes ou de mailles, la salopette, le heaume, le haubert, le vertugadin, le jean, la crinoline, la soutane. Je me mettais à enfiler la blouse du médecin, de l'infirmière, de la pharmacienne, du laborantin, du technicien. » (262) L'humanité s'incarne, s'incarne dans un univers qui a aussi son histoire! (273)
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