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sur 227 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je vous mets cinq étoiles pour votre roman parce que vous êtes entré dans le temps et l'histoire et qu'il ne m'appartient plus de vous juger.
Qui d'autre que Jean d'Ormesson pouvait m'offrir cette promenade dans le temps avec l'histoire. J'ai aimé découvrir ce que vous aimiez dans ce monde à travers vos yeux, votre légéreté et votre bonne humeur. Quel émerveillement !
Vous vous êtes posé beaucoup de questions que nous nous posons aussi: le temps, la vie, la mort et toutes ces interrogations qui peuvent assombrir l'existence et vous nous en avez fait part avec légéreté, même si vous n'en aviez pas les réponses. Peut-être les avez-vous maintenant ? En tout cas, merci pour cette dernière promenade qui me propose quelques escapades pour mieux découvrir ces hommes et ces lieux qui comptaient tant à vos yeux et aussi pour votre oeuvre que vous nous avez laissé.
Merci à vous Jean d'O pour Ces moments de bonheur, ces midis d'incendie. Vous nous manquerez.
Et voilà ma critique qui n'en est pas une, car le coeur a ses raisons que la raison ignore.
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Quelle aventure ! Je n'avais pas lu la quatrième et je m'attendais pas du tout à cela, je pensais plus un livre d'adieu, sur sa vie, sa carrière, un flash back. Mais loin de moi d'imaginer, courir toute une histoire, celle de l'humanité.
J'ai beaucoup appris, peut être moins retenu car c'est dense, riche, j'ai découvert des pans d'histoire qu'on survole voire passe carrément à l'école, et j'ai retrouvé avec plaisir des personnages haut en couleur qui me donne l'envie de les relire comme Voltaire, Molière.
C'est l'histoire donc plus des lieux, des personnes illustres que nous offre l'auteur. C'est très intéressant pour ceux qui aiment l'histoire ou la découverte de petites anecdotes sur telle ou telle époque, ou fait historique.
Sans compter bien sûr la plume savoureuse de Jean D'Ormesson. Franchement il tire sa révérence par un bel ouvrage comme si il avait mis sa pierre à l'édifice de la grande Histoire, et gravé de son nom son oeuvre auprès des grands de la littérature, et il peut bien, c'est grandement mérité.
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L'Histoire sans lui

Pour son dernier roman, Jean d'Ormesson réécrit l'Histoire du monde à sa façon, érudite, exaltante, pétillante. Champagne!

« Tantôt homme, tantôt femme, je suis, vous l'avez déjà deviné, je suis l'espèce humaine et son histoire dans le temps. Ma voix n'est pas ma voix, c'est la voix de chacun, la voix des milliers, des millions, des milliards de créatures qui, par un miracle sans nom, sont passées par cette vie. Je suis partout. Et je ne peux pas être partout. Je vole d'époque en époque, je procède par sondages, je livre mes souvenirs. » le narrateur omniscient de ce superbe roman commence par jeter un oeil hors de la caverne où il se reposait pour nous parler de sa vie, de l'invention du feu qui va bouleverser sa façon de voir le monde, de se déplacer, de se nourrir mais aussi ses relations avec les autres. « Longtemps je m'étais déplacé de bas en haut et de haut en bas. Maintenant je marchais droit devant moi, la tête haute, impatient et curieux. le soleil n'en finissait pas de se lever devant nous. Je découvrais avec ahurissement, avec admiration un monde nouveau dont je n'avais aucune idée: des peuples, des langues, des villes, des religions, des philosophes et des rois. »
C'est ainsi que de fil en aiguille, d'un continent et d'une époque à l'autre Jean d'Ormesson va nous livrer un époustouflant récit, côtoyant aussi bien Alexandre le Grand que Napoléon, des bords du Nil à ceux du Tibre, de Christophe Colomb à Robespierre, du long de la Muraille de Chine aux baraquements d'Auschwitz.
Et moi je vis toujours est un régal de tous les instants, tellement riche qu'on aimerait cocher chaque page, pouvoir réciter tant de passages savoureux, histoire de s'approprier un peu de l'esprit aussi brillant qu'espiègle de cet immortel qui a décidé, ultime pied de nez de l'académicien facétieux, qu'après tout cette immortalité n'était pas faite pour lui, qu'il lui fallait bien un jour aller voir si tout ce qui se dit sur «l'autre côté» avait un semblant de vérité.
S'il nous fait partager son érudition, il nous sert aussi de guide à Vérone: « allez donc à Vérone. Vous y prendrez un repas de rêve aux Dodici Apostoli, vous irez voir les portes de bronze de l'église San Zeno, vous admirerez dans l'église Sant Anastasia le tableau de Pisanello - Saint Georges délivrant la princesse de Tréhizonde - où brille la croupe d'un cheval blanc. Et vous vous promènerez sur le Ponte Pietra où flotte encore au-dessus de l'Adige, le souvenir de Dietrich von Bern. » Bien entendu, il n'oublie pas Venise et ses merveilles, à commencer par les vénitiennes: « J'ai été gondolier à Venise. Je m'appelais alors Marcantonio. Je dois l'avouer: je ramais fort, je chantais assez bien et j'étais plutôt joli garçon. Je promenais de temps en temps sur la lagune la fille d'une de ces familles hautaines de Venise: Bianca Cappello. J'ai eu de la chance: elle est tombée amoureuse de moi. Elle habitait un palais sur le Grand Canal. J'avais un petit logement à San Pietro di Castello, derrière l'Arsenal. Elle avait seize ans. J'en avais dix-neuf. Elle n'avait pas froid aux yeux. »
Et c'est ainsi que l'on passe du coq à l'âne, si je puis dire, que l'on passe des grandes idées aux grands sentiments, du principal au trivial.
Reste la plume virevolante d'un auteur qui parvient à nous faire partager sa jubilation, allant même jusqu'à se mettre dans la peau du Jean d'Ormesson imité par Laurent Gerra en affirmant qu'il a bien connu les auteurs dont il nous présente les oeuvres: « J'avais connu beaucoup de monde. J'étais jeune encore. Je n'étais plus un enfant. Tout m'amusait : je m'amusais moi-même. Une occupation nouvelle était entrée dans ma vie : je me mettais à lire. Sinon déjà à Athènes, du moins un peu plus tard, à Rome et à Byzance, je lisais Platon, Sophocle, Hérodote, Thucydide. Je les ai connus. Je peux vous l'assurer: ils ont existé. Ce ne sont pas des inventions de savants fous ou de poètes exaltés. le talent, le génie se promenaient à l'ombre de l'Acropole: Athènes était alors le centre et la gloire du monde connu. » 
Iconoclaste et facétieux, l'ex pilier du Figaro s'amuse à s'imaginer communiste, à trouver la Révolution inévitable et, par un raccourci audcieux, à y mêler sa belle Vénitienne: « Ce n'est ni une invention scientifique ou technique, ni une oeuvre d'art, ni un ouvrage de l'esprit. C'est un bouleversement, une idée, une explosion collective. On s'est beaucoup demandé si elle aurait pu être évitée. C'est de nouveau l'histoire de la brioche de Bianca Cappello. La Révolution était nécessaire et inéluctable puisqu'elle a eu lieu. Il n'existe pas de plan B à mon parcours torrentiel. Il n'y a pas d'alternative. À chaque instant, dans la grandeur et la petitesse, dans la justice et la vanité, dans l'enthousiasme et dans l'horreur, ce qui est fait est fait et ne pouvait pas ne pas être fait. La Révolution vient de loin, elle a mûri, elle a été longuement préparée. Elle devient inévitable. Comme l'avait prévu Voltaire, elle éclate comme une grenade. » Et la déflagration est telle qu'elle secoue le monde sur bien des années, emportant dans son sillage bien des rêves de liberté, d'égalité et de fraternité. C'est une chose étrange à la fin du livre que de constater combien Jean d'Ormesson nous manque déjà.
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Dans L'Histoire du Juif errant, Jean d'Ormesson racontait le mythe de ce juif condamné à parcourir le monde jusqu'à la fin des temps pour avoir refusé un verre d'eau à Jésus sur le chemin du calvaire. Dans Et moi, je vis toujours, il prolonge ce récit au moyen d'une prosopopée, figure de style qui consiste à donner la parole à une entité qui ne peut la prendre. En l'occurrence, il s'agit de l'histoire universelle des hommes, qui se raconte elle-même en s'incarnant tour à tour dans différents personnages, tantôt humbles, tantôt puissants, de la préhistoire jusqu'à l'époque contemporaine, en passant par les conquêtes d'Alexandre, la chute de Rome, la naissance de l'Islam, la découverte de l'Amérique, la Renaissance, la poésie de la Pléiade, l'art baroque, le miracle du classicisme français, le siècle des Lumières, la Révolution française, l'émergence de la science et les grandes guerres du XXème siècle. Ludique et léger, le récit vole de personnage en personnage, jouant sur les points de vue, les époques, et les lieux pour mieux souligner l'incroyable diversité de l'aventure humaine. A l'arrivée, cela donne un livre passionnant, d'une érudition foisonnante et légère, curieuse, papillonnante, mobile et versatile, capable d'embrasser de son intelligence les grands récits de l'humanité dans un tourbillon vertigineux de 280 pages qui laisse le lecteur ébloui et pantois. Présente dès l'incipit malicieusement inspirée de Proust et de Dante (“Longtemps, j'ai erré dans une forêt obscure.”), la littérature parcourt tout le récit, comme si l'Histoire ne pouvait exister sans les troubadours, poètes et écrivains qui l'ont transmise de génération en génération jusqu'à nous. Dans les dernières pages, elle cède la place à la philosophie et la métaphysique, à l'heure où l'écrivain vieillissant s'efface devant ses interrogations sur l'avenir de l'humanité face à la marche du temps.

Avec ce dernier roman, Jean d'Ormesson nous fait relire l'histoire des hommes, mais il se raconte aussi lui-même à travers les thèmes, les idées et les lieux qu'il a admirés et mis en scène dans ses ouvrages précédents (L‘Histoire du Juif errant, bien sûr, mais aussi son Autre histoire de la littérature française, ou Un jour, je m'en irai sans en avoir tout dit). Davantage qu'une histoire de l'humanité, Et moi, je vis toujours est aussi une autobiographie intellectuelle, le testament d'un être curieux et passionné, amoureux des livres et des hommes. Certes, le livre n'est pas exempt de défauts, et on décèlera bien ça et là quelques traces de coquetterie ou de narcissime. Mais c'est aussi un très beau témoignage qui enchantera tous ceux que la disparition du grand écrivain a laissés orphelins.
Lien : http://www.carnetlecture.com..
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Qui est moi ?
Est-ce lui ?
Est-ce moi ?
Non en vérité, il s'agit de Nous.
Nous qui avons quitté les arbres pour les grottes, nous qui avons quitté les grottes pour les huttes, nous qui avons quitté les huttes pour les maisons, nous qui avons quitté les campagnes pour les villes, nous qui voulons quitter la Terre pour d'autres planètes…..
Un récit de l'histoire de l'Humanité depuis ses débuts jusqu'à nous.
Nous Humanité qui ne nous contentons jamais de ce que nous avons et qui avançons, avançons dans une fuite en avant dans laquelle nous n'hésitons pas à détruire tout sur notre passage.
Un joli résumé de cette l'histoire de l'Humanité.
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Une invitation au voyage de l'Histoire de l'Humanité.
Pour sa dernière balade littéraire, Jean d'Ormesson nous offre une foisonnante plongée au coeur de l'aventure Humaine.

Nous volons de continents en continents, nous traversons les siècles et les époques, nous redécouvrons les grands personnages de l'Histoire, du philosophe au mathématicien, de l'empereur au roi, de l'artiste à l'écrivain, nous naviguons de ville en ville, nous virevoltons de religion en religion, nous voguons d'invention en invention.

Le narrateur n'est autre que l'Histoire de l'Humanité qui prend tour à tour le rôle de différents personnages. Une belle façon pour Jean d'Ormesson de nous exposer son point de vue et de s'attarder sur les sujets qui le passionnent.
Le plus surprenant est que la lecture reste fluide et légère, elle n'est pas indigeste malgré le contenu dense et érudit.

Une pépite, un joyau qui retrace notre Histoire, nos origines. La dernière balade littéraire offerte par Jean d'Ormesson.
Tout simplement fabuleux.
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Des origines de l'Homme aux temps modernes, redécouvrir une histoire de l'humanité, narrée à la première personne, comme si celle-ci était une personne, trouble quelque peu dans un premier temps, puis, au fil des pages devient un possible et et finit par devenir une évidence.
De belles réflexions sur notre place et notre histoire, un fil conducteur semble s'en dégager mais l'histoire n'est pas terminée et nous devons écrire la suite.
J'ai découvert tardivement les oeuvres de Jean d'Ormesson mais il m'a toujours inspiré un sentiment d'apaisement et de lâcher-prise. Il a sans doute vécu une fin de fin de vie réconciliée avec lui-même et les autres, car c'est pas les échecs et le recommencement que nous pourrons peut-être un jour nous rapprocher d'une humanité en paix avec elle-même, la nature et l'univers.
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Le titre « Et moi, je suis toujours vivant » me fait penser à un vers du poème Ultima Verba tiré de Les Châtiments de Victor Hugo « Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là ! ». Rien à voir avec le témoignage d'opposition du poète à l'empereur Napoléon III, encore que l'un comme l'autre sont de grands hommes qui ont marqué leur temps, et ce à travers la plume chacun à leur manière. Mais, ici, cela évoque la perpétuité. La présence toujours vivante du poète ou de l'écrivain. L'ouvrage éblouissant, ici, posthume de Jean d'ORMESSON évoque une présence éternelle transcendant la mort par ses écrits et ses oeuvres. Les « géants » ne nous ont pas quittés. Ils sont toujours là pour nous parler, nous guider, nous alerter, nous élever.
Le livre est éblouissant de richesses culturelles, de références littéraires, scientifiques, philosophiques, médicales, historiques…Il se lit très vite, et même trop vite. C'est un cheval fou lancé au galop racontant l'Histoire avec un grand « H », notre « Histoire », celle de l'Humanité, celle que nous autres Hommes, avons construite sur des générations, des millions d'années…jusqu'à notre ère.
La lecture est fluide, légère, simple et vulgarisée car ce grand philosophe s'adresse au plus grand nombre pour nous parler de nous. Les chapitres sont courts et remplis d'espérance, de vivacité, de positivisme, de joie et de satisfaction, de grandeur comme un hymne à l'humain et aux grandes choses accomplies dans tous les domaines, de l'homo erectus à l'homo sapiens-sapiens, de découvertes en conquêtes, Jean d'ORMESSON nous transmet son savoir et la richesse de sa culture pour nous apprendre qui nous sommes. Il donne une merveilleuse leçon d'Histoire sur notre parcours, le chemin accompli et à suivre. La part de l'Homme dans toutes les disciplines à travers le temps, notre héritage et le sien. L'on révise notre Histoire, l'on parcoure différentes époques à travers des personnages dont nous prenons l'apparence pour côtoyer les plus grands : Racine ou Montesquieu, Lafontaine ou Diderot, Gengis Khan ou César, Aristote ou Averroès, Socrate ou Hegel, Ulysse ou Colomb, Copernic ou Galilée, Napoléon ou Alexandre, Abraham ou Mahomet, Saint Thomas d'Aquin ou Marco Polo, Titien ou Gutenberg, en passant par le Tintoret et Bramante, puis par Akbar et Shah Jahan, et bien d'autres encore. C'est l'Histoire des cinq continents remémorées et étalée sur ces 280 pages fascinantes. Quelle aventure !
Jean d'Ormesson nous prend par la main, et tel un guide spirituel, nous accompagne et nous montre quelle est son Histoire à lui, ce qui l'a marqué, ce qu'il a retenu d'elle, ce qu'il a retenu de l'Humanité et, ce avec affection comme un ouvrage autobiographique avec ses personnages et ses époques préférées. Il nous livre sans ambages et avec sincérité l'Histoire qu'il aime, partage avec nous sa passion d'elle.
L'emploi du pronom personnel « Je » un peu déroutant au départ permet au lecteur de se mettre à la place du narrateur, du personnage principal qu'est l'Histoire car c'est elle qui parle et l'auteur à travers elle ; c'est son héritage, ce qu'il nous laisse et nous dédie comme une offrande, un cadeau depuis l'au-delà. Non, l'Histoire n'est pas morte. Nous sommes toujours là et elle, aussi. Et, nous quittons ce livre avec regret, mais certainement grandi et plus riche qu'auparavant
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Mélange d'un essai et d'un cours d'histoire intégrale, ce roman n'en est pas un. C'est le premier et l'unique roman de son genre et je sais que jamais je ne lui trouverai un équivalent. Il est impossible à décrire, il est à lire. J'espère croiser à nouveau sa route dans une brocante, pour le reprendre page après page, ligne après ligne. C'est un livre si dense, si riche, et qui nous en apprend sur nous-même. J'ai complètement décroché sur les dernières pages, perdue dans les noms, les faits, les découvertes de notre science d'aujourd'hui tandis que j'écoutais d'une oreille distraite les périodes de la puissance de Rome, l'Égypte, même les découvertes en Mésopotamie, plongée dans mes souvenirs et la nostalgie de la beauté que m'inspirait L Histoire auparavant. À quel moment ais-je perdue cet attrait, cet intérêt pour L Histoire ? Quelque part entre la Renaissance et les débuts de la République je crois. Quel dommage. L'Histoire et ses souvenirs sont pourtant bien plus précieux que l'inintérêt que leur portent aujourd'hui nos générations contemporaines.
Merci à Jean d'Ormesson pour ce voyage dans L Histoire. Un voyage peuplé de rebondissements et de péripéties, une lecture si fluide qu'on en perçoit les battements et la mesure dans notre tête sous cette plume si facile et experte. Il faudrait presque le lire les yeux fermés et s'imaginer sur un radeau qui dévale un torrent, franchi des cascades pour se reposer quelques instants dans le calme qui précède la prochaine tempête et qui repart de plus belle, ballotté et presque explosé.
Ce livre c'est l'histoire de l'Histoire, si bien écrit que j'en suis tombée amoureuse.
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Comme il m'est difficile d'écrire une chronique sur un livre de Jean d'Ormesson, paralysée, sans doute, par le personnage que j'admirais tant !

Tout comme l'"Histoire du Juif errant", paru en 1991, l'académicien offre une promenade, pas toujours chronologique, traversant la civilisation de la Préhistoire jusqu'au XIXe siècle en passant par la naissance de l'écriture en Egypte, ses tombeaux et ses palais somptueux, la philosophie grecque étudiée par Platon, Socrate et les autres, l'ambition de César à Rome contrariée par la naissance du christianisme, tout comme les conquérants Charlemagne, Alexandre le Grand, Napoléon, la révolution de l'imprimerie, l'art des peintres vénitiens comme Titien ou le Tintoret, le Siècle des Lumières en France avec Voltaire, Boileau, Molière, Racine... le livre est riche de références, au niveau de l'érudition du teneur de plume.

Jean d'Ormesson ne se contente pas de parcourir L Histoire, il s'attarde sur les découvertes qui ont révolutionné la civilisation, souvent dans l'incompréhension et la fureur de leurs contemporains. le monde d'aujourd'hui est né de l'affrontement perpétuel de la Science, permettant l'accession à certaines connaissances, et de la théologie, enseignée par l'Église, jusqu'à ce que la première prenne son indépendance en rompant tout lien avec la métaphysique.

Endossant, tour à tour, des personnages secondaires, voire insignifiants, mais toujours au contact d'un "Grand" qui a laissé son empreinte dans L Histoire, le lecteur est propulsé dans diverses époques, immergé dans l'ambiance plus ou moins survoltée des temps anciens, de façon bien plus vivante qu'en lisant un livre d'histoire. D'ailleurs, il explique lui-même son cheminement : "Tantôt homme, tantôt femme, je suis, vous l'avez déjà deviné, je suis l'espèce humaine et son histoire dans le temps. Ma voix n'est pas ma voix, c'est la voix de chacun, la voix des milliers, des millions, des milliards de créatures qui, par un miracle sans nom, sont passées par cette vie. Je suis partout. Et je ne peux pas être partout. Je vole d'époque en époque, je procède par sondages, je livre mes souvenirs."

La "petite voix", qui m'accompagne, habituellement, pendant mes lectures, a été avantageusement occultée par celle, si chaleureuse et posée, de l'écrivain, avec cette pointe d'espièglerie et de fausse modestie qui le faisait s'exclamer, enthousiaste : "C'est merveilleux !", "C'est épatant !"

Monsieur d'Ormesson, avec votre désir perpétuel de plaire et votre souci de transmettre, vous m'avez offert une lecture parfois ardue, parfois légère, qui est, comme d'habitude, une mine de réflexion philosophique sur le temps qui passe, toujours plaisante par la qualité de votre vocabulaire, de votre érudition, de votre humour facétieux et de votre émerveillement de tout. Vos livres et vos pensées me manquent depuis déjà 5 ans !
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