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EAN : 9782709606202
386 pages
J.-C. Lattès (01/05/1987)
3.59/5   54 notes
Résumé :
" Il y avait deux bouteilles de champagne dans le coffre de la voiture. Nous les débouchâmes toutes les deux et nous bûmes au goulot à la santé de Pandora.
- Au passé ! dis-je en riant. - Au passé, vieux frère ! dit Javier. - Au passé ! dit Agustin. - A l'avenir ! dis-je en vidant la dernière des deux bouteilles. A l'avenir qui n'est rien d'autre qu'un passé en voie de fabrication. Nous avions bu pas mal. Nous avions un peu pleurniché. Nous arrivâmes à l'aéro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
«_ Qu'avons-nous fait de notre vie ?
_ Mais des souvenirs, lui dis-je. Nous en avons fait des souvenirs. Et peut-être une histoire. »
Quid de ce dernier volet de la trilogie le Vent du Soir ? Toujours aussi agréable à lire, empli de bons mots, de citations et d'histoires savoureuses.
Jean d'Ormesson promène ses personnages imaginaires sur tous les fronts de la seconde guerre mondiale. On y croise Churchill, Staline, Molotov, Lucky Luciano qui apporte son aide au débarquement de Sicile, et tant d'autres. Les soeurs O'Shaugnessy tiennent toujours la vedette. L'une devient le factotum indispensable de Churchill. Si Hess, le second d'Hitler, saute en parachute au-dessus de l'Ecosse en 41 ce serait par amour pour une autre, et la troisième aurait démasqué le fameux espion Ciceron à Ankara. Autant dire qu'elles sont partout, qu'elles voient tout et qu'elles participent à tout. Ca finirait presque par en devient lassant.
Le personnage le plus intéressant est donc paradoxalement celui qui ne fréquente ni les grands hommes ni les grands événements. Jeune lycéen dijonnais puis khâgneux parisien à Henri IV, ses souvenirs d'études, de concours ou de discussions littéraires et philosophiques avec ses professeurs se révèlent passionnantes. On ne se demande pas bien longtemps qui a bien pu inspirer ce personnage. Les anecdotes et les réflexions sentent trop le vécu pour qu'on ne devine pas que ce Jérôme, qui derrière ses études classiques et la préparation du concours d'entrée à Normale Sup, parvient à oublier les drames de l'occupation, doit énormément à son auteur. Les bons mots sont délicieux : « Jérôme tira au sort une lettre de Cicéron à son ami Atticus. Il l'attaqua avec vigueur. Elle se défendit bien. » C'est un charmant garçon, bon camarade, et, comme son créateur, il donne envie de (re)lire Chateaubriand à travers cet extrait de la Vie de Rancé :
« D'abord les lettres sont longues, vives, multipliées; le jour n'y suffit pas : on écrit au coucher du soleil, on trace quelques mots au clair de lune. On s'est quitté à l'aube; à l'aube on épie la première clarté pour écrire ce que l'on croit avoir oublié de dire dans des heures de délices. Pas une idée, une image, une rêverie, un accident, une inquiétude qui n'ait sa lettre. Voici qu'un matin quelque chose de presque insensible se glisse sur la beauté de cette passion, comme la première ride sur le front d'une femme adorée. Les lettres s'abrègent, diminuent en nombre, se remplissent de nouvelles, de descriptions, de choses étrangères; sûr d'aimer et d'être aimé, on est devenu raisonnable : on se soumet à l'absence. Les serments vont toujours leur train; ce sont toujours les mêmes mots mais ils sont morts; l'âme y manque : "je vous aime" n'est plus qu'une expression d'habitude, un protocole obligé, le "j'ai l'honneur d'être" de toute lettre d'amour. »
Nostalgique ? Oui, sans doute.
« Elle avait vingt-huit ans. C'était l'âge, en effet, où, après avoir brisé tant de coeurs et ravagé tant de carrières, les héroïnes De Stendhal et De Balzac se mettent à verser quelques larmes avant de songer à la retraite. »
Sentez-vous, comme moi, se lever le Vent du Soir ?
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Non ! Je n'ai pas pris ! Ce roman de 359 pages fourmille d'invraisemblances. de surcroît, sa construction qui embrasse pas moins de 8 personnages centraux, devient un labyrinthe incompréhensible. D'Ormesson doit son succès bien plus à ses relations qu'à son talent d'écrivain. Bien sûr, il met en avant sa virtuosité de conteur mondain. A le lire, j'entends ses personnages qui ont eu la chance de côtoyer les grands de se monde et qui profitent de leur expérience pour assener des propos invérifiables et invraisemblables. Sur le coup, on est séduit par se babillage de fin lettré puis, les portes du salon fermées, on se rend compte que tout cela n'est que du vent. Les rappels historiques véridiques ne sont incrustés dans le texte de l'auteur que pour éblouir le gogo et lui faire prendre des vessies pour des lanternes. Jamais je n'ai cru à la vérité de ces personnages : les soeurs O'Shaughnessy et les frères Romero à qui, par ailleurs, je ne trouve aucune profondeur, aucune densité humaine mai seulement l'apparence d'une statue de cire au musée Grévin. Tout est superficiel dans ce roman jusque dans les réflexions sociopolitiques qui se résument à de lapidaires et faciles propos d'après concert. Nous sommes loin de la rigueur de construction d'un Michel Tournier, loin aussi de la concision chirurgicale d'un Curzio Malaparte dans « Kaput » lequel -à travers un simple rapport de témoin- nous contraint à des abimes d'interrogations.
Au plus fort des massacres perpétrés lors du conflit Serbo-croate, le dandy D Ormesson tentait de nous apitoyer sur le sort de l'architecture de Dubrovnik, indifférent qu'il semblait l'être aux malheurs des civils. A la lecture du « bonheur à San Miniato » j'ai ressenti cette même indifférence face à un écrivain plus tenté de broder sur des existences imaginaires que de dresser le terrible constat de la folie humaine.
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Il s'agit du dernier livre d'une trilogie sur le 20ème siècle. Il suit "Le vent du soir" et "Tous les hommes en sont fous".


Pandora, l'ainée des 4 soeurs O'Shaughnessy est morte. L'auteur, dans sa retraite à San Miniato, en compagnie de Javier Romero, se rapelle la guerre et l'après-guerre des 4 soeur.

Comme pour les deux autres, j'ai adoré. Mais il faut avoué que je suis une fan de D'Ormesson.
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Troisième et dernier volume, ouf! A part la Toscane, rien de sensationnel hormis le style de l'auteur à qui on pardonne volontiers cet égarement trilogique.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Quelque chose explosa. Jérôme, au vol, avait attrapé son nom. Immobile et muet, cloué au sol par la foudre, une joie immense l'emporta. C'était fini. La consternation des vaincus l'emportait de très loin, car ils étaient plus nombreux, sur l'allégresse des vainqueurs. Jérôme osait à peine lever les yeux autour de lui : il craignait de voir un reproche dans le regard des exclus. Seuls les cancres et les génies étaient parfaitement à leur aise : il était acquis depuis toujours que les premiers s'amusaient de tout et que les seconds seraient reçus. Quelques cancres, avec de grands sourires, serraient la main aux génies. Deux ou trois réputations solidement établies avaient été laissées sur le carreau. On cherchait autour d'elles les motifs de l'échec : un exposé de philosophie trop difficile et qui était passé au-dessus de la tête des examinateurs ou des prises de position politique un peu rudes, dans un sens ou dans un autre, sur la Convention nationale, sur les massacres de la Commune, sur l'affaire Dreyfus, sur le 6 février. Dans un coin, auprès d'une fille assez jolie, un garçon de province pleurait. Jérôme était partagé entre un bonheur fou et une gêne mêlée de tristesse. A quelques phrases, à quelques mots près, il aurait pu, lui-aussi, être rejeté de la terre promise... Il crut qu'il allait se mettre à pleurer. Pour faire revenir l'allégresse, il dut se dire presque à voix haute : "Je suis entré à l'école. Je suis normalien."
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Devant Hitler, elle ne pensait à rien. Elle éprouvait un malaise. Elle le dissimulait en partie à cause de son amant. Elle ne se privait pourtant pas d'en parler à mots couverts avec lui.
_ Il me fait un peu peur, lui disait-elle.
_ Aux autres aussi, grâce à Dieu. Et beaucoup plus qu'un peu, répondait Rudolf Hess.
_ Et à toi ?
_ C'est mon chef.
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- J'ai une copie remarquable, disait M. Nivat. Elle est de notre ami Seignelay.
Jérôme rougit de plaisir. "Chateaubriand, à votre sens, marque-t-il la fin d'une époque ou le début de temps nouveaux ?" Le sujet l'avait inspiré. Il avait construit sa copie sur les contradictions du vicomte. Il avait ouvert sur Chateaubriand, issu de l'Ancien Régime, écrivain d'emblée classique, et pourtant disciple de Rousseau et précurseur de Hugo. Il était passé à la vie politique, au culte de la tradition, à la fidélité aux Bourbons. Mais aussi au respect de la liberté de la presse. Il avait conclu en montrant que l'ambassadeur, le ministre, le pair de France, si attaché au passé, ne se distinguait pas de René, fils de Jean-Jacques, d'où allait sortir tant d'avenir : tout son siècle d'abord, et une partie du suivant, qui est encore le nôtre.
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De nouveau, Agustin et moi, nous arrivions tous les deux pour briser quelque chose chez une des sœurs O'Shaugnessy. Ce n'était plus la morale qui nous envoyait. C'était la politique. Vanessa était anglaise, Rudolf Hess était allemand. L'ange de la guerre prenait son envol : chacun chez soi. Vanessa essaya bien de discuter un peu. Mais vous vous souvenez peut-être de la pâte bizarre dont était faite les quatre sœurs. Celle-là aimait Rudolf Hess et elle aimait Agustin. Elle se laissa convaincre de partir avec nous.
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Francis va bien. Il grandit. Il va avoir cinq ans. Je me demande déjà ce qu'il fera in the fifthies, in the sixties - dans quinze ans, dans vingt-cinq ans. Papa m'a demandé, avec beaucoup de précautions, s'il n'était pas tourneboulé par l'absence d'hommes autour de lui. Je lui ai répondu que c'était plutôt sa mère qui en était tourneboulée.
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"Une petite merveille ! le seul conte écrit par Jean d'Ormesson et qui ressemble tellement à ses yeux bleus et pétillants ! de 8 à 120 ans !" - Gérard Collard.
Il était une fois, quelque part dans une vallée entourée de montagnes, un petit garçon comme tous les autres...
À retrouver à La Griffe Noire et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/l-enfant-qui-attendait-un-train.html
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