Ce diable d'homme voyage, est battu aux élections, fait fortune, donne des bals, se ruine, attrape le cholera, guérit, bâtit un château avec un théâtre privé, se ruine encore une fois, part pour l'Angleterre en compagnie de son fils, repart pour la Russie et le Caucase, repart encore pour l'Italie et pour Naples où il va rester quatre ans, et, entretemps, accumule les conquêtes comme s'il en pleuvait: Mélanie Waldor, modèle d'Adèle dans Antony; Bell Krebsamer, qui lui donne une fille; Ida Ferrier, qu'il épousera, avec pour témoin ce légitimiste désabusé de Chateaubriand. En contemplant Ida Ferrier, qui était une belle créature, aux appas généreux sur le point de faiblir, Chateaubriand murmure : " C'est une malédiction : tout ce que je soutiens s'écroule."
(p.41, Alexandre Dumas)
La clef de Balzac, ce n'est pas l'observation, c'est l'imagination. Dans ses livres, comme dans sa vie, Balzac est le contraire d'un réaliste... C'est la même puissance d'imagination qui le ruine en affaires et qui le fait triompher dans ses livres. On connaït le mot célèbre : " Revenons à la réalité : parlons d'Eugénie Grandet."
(p.24)
L'imagination de Balzac est d'abord l'expression d'un tempérament formidable. C'est une énergie, c'est un courage. Il n'avait pas tort de se considérer comme " le Napoléon des lettres"... Dans les vicissitudes et dans les déceptions, accablé de dettes, poursuivi par les créanciers, emprisonné à plusieures reprises, il poursuit sans se lasser son oeuvre gigantesque.
(p.25)
...la grandeur de Zola est de faire passer dans une oeuvre monumentale " à peu près l'état contemporain du savoir", selon la formile de Michel Serres, et d'apporter à ce travail de titan à la fois les fruits d'une très large expérience politique et sociale, acquise notamment dans le journalisme, et aussi et surtout le concours décisif d'un souffle romantique et d'un tempérament épique.
(p.108)
La faiblesse de Zola, aujourd'hui, est ce qui hier faisait sa force et sa nouveauté : le parti-pris scientififque -ou pseudoscientifique- , le côté roman à thèse, la manie expérimentale, l'esprit systématique.
(p.111)
Il y a, au Metropolitan Museum de New York, un beau tableau de Manet, intitulé "Sur l'eau". Il représente une barque avec deux personnages : une femme mystérieuse sous une voilette, un bellâtre en tricot de corps. L'eau monte jusqu'au bord supérieur du tableau. Il n'y a pas d'image plus exacte ni plus suggestive de l'art de Maupassant, peintre lui-même de l'eau, des guingettes, des relations brutales et des amours passagères. Nous le lisons encore parce que son style lumineux jette un rayon de pitié sur la noirceur du monde.
(p.127)
Il y a un mot qui ne va pas bien à Flaubert, c'est le mot "talent". Il n'est pas couvert de dons, il n'est pas tellement brillant. Il est plutôt solide que doué. C'est un travailleur de génie... dans une lettre superbe il écrit à Maupassant :" trop de putains ! trop de canotage ! trop d'exercice! Oui, monsieur, il FAUT, entendez-vous jeune homme, il FAUT travailler plus que ça. Tout le reste est vain, à commencer par vos plaisirs et par votre santé; foutez-vous cela dans la boule... Ce qui vous manque, ce sont les PRINCIPES; on a beau dire, il en faut; reste à savoir lesquels. Pour un artiste, il n'y en a qu'un : tout sacrifier à l'Art..."
(p.97)
"Une petite merveille ! le seul conte écrit par Jean d'Ormesson et qui ressemble tellement à ses yeux bleus et pétillants ! de 8 à 120 ans !" - Gérard Collard.
Il était une fois, quelque part dans une vallée entourée de montagnes, un petit garçon comme tous les autres...
À retrouver à La Griffe Noire et sur lagriffenoire.com
https://lagriffenoire.com/l-enfant-qui-attendait-un-train.html