Rocio emménage dans la maison de sa grand-mère décédée. On est en Argentine en 2021. Sous fond de crise sociale, elle profite de l'isolement pour revenir sur l'histoire de sa famille. Son arrière grand-père était un communiste italien qui a migré en Argentine pour fuir le fascisme, avec sa femme et leur petite fille, Vilma, la grand-mère de Rocio.
Le trait est rond, un peu naïf, les décors font la part belle aux motifs de décorations, tapisseries, couvre-lit, rainure du bois, renforçant l'aspect vieillot de la maison et aussi l'ambiance confinée de l'histoire.
Ce n'est pas vraiment une saga familiale, du moins, on n'est pas dans le récit romanesque et encore moins romantique, elle en prend même le chemin inverse, l'aventure n'a rien de glorieuse. Sans faire de remous, on va s'attacher à comprendre le caractère acariâtre de cette Grand-mère. C'est un récit tout en intimité et en pudeur qui laisse le thème du secret de famille venir sournoisement nous envelopper. Ça parle de l'Argentine, de sa société, des relations familiales, du déracinement, mais surtout de la famille au sens général, avec les histoires de mariages arrangés, de l'hypocrisie qui règne dans la société, de la place de la femme… le rythme est lent, laissant le poids du passé venir peser sur l'avenir.
Le titre est d'ailleurs judicieusement trouvé,
Naphtaline, ce sont ces petites boules qu'on mettait dans les placards pours protéger des mites les vieux vêtements auxquels on tenait, ceux qui avaient connus les secrets de familles, qui portaient les regrets, les espoirs déchus, les moments de faiblesse, ceux d'une époque révolue, mais dont l'odeur reste tenace.
Une lecture à prendre en douceur, qui ne propose pas du grand spectacle, mais qui n'en est pas moins imposante et marquante.