Publié en 1942, aux "Auteurs Associés", l'un des premiers romans de
Thomas Owen est un mystère policier, un "whodunit" qui respecte les codes du genre, mais les transgresse pour mieux les tourner en dérision. Car s'il y a bien un meurtre et une belle galerie de suspects, Owen organise un léger décalage, un pas de côté à chaque chapitre, versant souvent même dans l'étrange. Par exemple, il y a cette agence Spectra qui procure des sensations fortes et morbides à ses clients. Tous les personnages sont liés entre eux par d'étranges coïncidences. Les dialogues sont d'une théâtralité réjouissante, l'atmosphère poisseuse. Tout au long du récit, l'humour caustique, acerbe, fait mouche, révélant les habitudes peu reluisantes, les travers de ces personnages hauts en couleurs. Comme ce colonel à la retraire, cet escroc italien lâche, ce chef de la sûreté prêt à renier ses principes, et ces nombreuses femmes inquiétantes et imprévisibles. Enfin, on retiendra la langue à la fois élégante et acide, ce style unique qu'Owen a forgé au fil de ses nouvelles et de ses romans étranges.