Encore un auteur belge nouvellement connu. Gérard Bertot a commencé par écrire des romans policiers mettant en scène l'inspecteur
Thomas Owen. C'est sous ce nom que ses livres ont ensuite paru. Ami de
Jean Ray, il se tourne très vite vers le fantastique à partir des années 1945-1950. Textes courts et nouvelles prendront alors le pas sur le roman et pour cette première découverte, je dois dire que c'est très réussi. Un début dans lequel on se projette immédiatement, une évolution et une fin qui ne se termine pas par des points d'interrogation pour le lecteur.
Treize nouvelles que j'ai eu plaisir à lire pour la qualité de l'écriture d'abord :
« En tendant l'oreille, on aurait entendu le petit ruisseau sautillant, tout froid de la fraîcheur des bois, faire rire et chatouiller les pierres de son lit. »
Ensuite, comme déjà dit, on est tout de suite immergé dans le monde de l'auteur, d'autant plus que certaines nouvelles sont très courtes. Enfin, parce que j'aime le fantastique qui les composent : sortilèges, rêves devenant réalité, peurs, désirs mystérieux, vengeance issue de l'au-delà, poésie aussi mais pas toujours.
Non, pas toujours. A côté d'envoûtements ou de belles dames évanescentes, la mort est omniprésente. de plus, l'auteur a une fâcheuse tendance à inclure des personnages féminins pas joli-joli. Et il a un vrai don pour faire passer en peu de mots toute la laideur et la répugnance pour la gent féminine. Vieille, mal fagotée, prostituée (Les guetteuses), névrosée et soumise (L'impromptu d'Evora), aux intentions mesquines (Une véritable chinoiserie), machiavélique (Le voyageur), laide et répugnante (La truie), sans aucune morale (La belle vaincue et le troubadour).
« Elle avait de gros bras couleur d'abricot. Son visage luisant s'affaissant avec une expression vulgaire. Un cordon serré à la taille, pour soutenir un tablier noir, accusait d'informes rondeurs mouvantes. »
Je les ai toutes aimées ces nouvelles (je précise ;-). Mes préférées ? « Les retrouvailles » pour sa beauté, « Le voyageur » pour la tension et la surprise, « La boule noire » pour son originalité. Je lirai certainement encore un ou deux livres de cet auteur.