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Après plus de 70 critiques déjà publiées, je ne souhaite pas faire mon intéressant.
Je me limiterai donc à, succinctement :
1) exprimer mon ressenti ;
2) poser un constat ;
3) émettre un petit bémol.
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1) Ayant précédemment savouré ses délicieux polars cubains mettant en scène Mario Conde son héros récurrent, je suis littéralement tombé sous le charme d'un Leonardo Padura au sommet de son art en observateur lucide, sensible et impartial des tourments historiques de ce court vingtième siècle ;
2) N'est-il cependant pas à craindre que ce roman soigneusement documenté (trop pour certains : il faut effectivement s'accrocher à de solides références historiques et idéologiques pour ne pas être largué), soucieux du moindre détail, d'une crédibilité à toute épreuve (j'en connais modestement un bout sur la vie et les idées de Léon Trotsky pour en juger) ne fasse plus guère écho auprès d'une génération post chute du mur de Berlin bien éloignée de cette époque où le fond de l'air était rouge ... (du moins nous fûmes nombreux à le croire) ? ;
3) Comme d'autres avant moi, raison pour laquelle je ne lui ai pas octroyé une cinquième étoile, je n'ai pas été convaincu par le portrait qu'il nous propose de Sylvia Ageloff (militante trotskyste états-unienne séduite par Mercader afin d'approcher l'entourage du "Vieux") :
a) inutilement caricatural quant à sa supposée naïveté ;
b) tendancieux eu égard à sa prétendue insignifiance intellectuelle et politique ;
c) sottement misogyne à propos de son physique péremptoirement jugé disgracieux.
Force est d'ailleurs de constater que Leonardo Padura ne fait généralement pas dans la nuance avec ses personnages féminins (Caridad del Río Hernández : mère atrocement castratrice de Mercader ainsi que le grand amour espagnol de ce dernier - África de las Heras : d'une extrême froideur affective et idéologiquement possédée).
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En commençant la lecture de cet ouvrage, je n'avais pas pris conscience que j'allais lire une oeuvre monumentale. de plus, je pensais plus à une oeuvre fictive basé sur des faits réels. S'il est évident que la rencontre entre le personnage central du livre et "l'homme qui aimait les chiens" est une pure invention, le reste relève plus d'un document historique aux allures de roman richement documenté. Afin de bien comprendre la part du vrai et du faux, je me suis renseigné au fur et à mesure de la lecture sur les événements relatés dans le récit pour me rendre compte qu'il concordait parfaitement à la réalité. L'auteur est un merveilleux conteur qui allie faits historiques et romance d'une manière subtile et bougrement efficace. Un vrai voyage dans le temps, un véritable plongeon dans les affres d'une période trouble, marquée par la peur, les menaces, les prisons, les tortures et, au final, la mort.
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Il y a trois protagonistes dans ce livre : le révolutionnaire russe Léon Trotski, son assassin Ramon Mercader, et le narrateur cubain. On suit Troski, le proscrit, dans son exil difficile de la Turquie au Mexique via la France et la Norvège, on suit Mercader de la guerre d'Espagne à son recrutement par les services soviétiques dans le but de tuer Trotski, et le narrateur nous offre son éclairage sur la réalité cubaine de la fin du XXe siècle. C'est surtout un témoignage terrible sur la réalité du stalinisme, qui ruina à jamais le rêve communiste devenu cauchemar, dévoyé qu'il fut dans le totalitarisme. On entre difficilement dans le roman, sans doute à cause d'un style qui peut paraître lourd et épais. Mais tout se décante assez vite et, horrifié, fasciné, écoeuré, on ne le lâche plus
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"L'avilissement d'un rêve"
Ramon Mercader del Rio est l'assassin de Trotski. Plus que son portrait, c'est aussi et surtout celui d'un système : le stalinisme qui est ici, à travers une écriture claire et précise, mis à nu. L'auteur nous entraine dans un véritable tourbillon romanesque : "Ce fut le temps où se concrétisa la grande désillusion".

14/01/2015
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Voilà un grand roman.
Leonardo Padura est, notamment, écrivain et journaliste. Il est cubain et écrire des polars représente une gageure : pas de criminalité officielle à Cuba. Alors, pour parler de son pays, il triture les enquêtes ou évoque des intrigues survenues dans d'autres contrées.
Avec L'homme qui aimait les chiens, il fait coup double.
Leonardo Padura nous emmène à la découverte des destins convergents de Trotsky et de Ramón Mercader, son assassin à Mexico. le premier est une figure du bolchevisme qui a dû s'exiler pour échapper à la haine de Staline. le second est un soldat de la République espagnole qui a lutté en vain contre Franco. Rallié au communisme, il sera volontaire pour sacrifier sa vie à la grande cause. Mais sacrifier sa vie ne signifie pas mourir. C'est bien pire.
Un troisième personnage occupe une place très importante dans la narration : il s'agit de Ívan, le narrateur, écrivain cubain raté, qui, à travers l'histoire de ces deux personnages historiques, va décrire sans concession la vie cubaine des années 1970 à nos jours.
Si ce roman peut être qualifié d'historique et de politique, il est néanmoins à la littérature tout entier. Les sentiments de chacun n'ont pu qu'être extrapolés sur la base d'archives et la sensibilité fictionnelle de l'auteur fait le reste. Si la construction est assez conventionnelle : un chapitre par personnage comme une valse, 1-2-3, 1-2-3, le lecteur y trouve son compte car la somme d'informations à enregistrer rend bienvenues les ruptures dans le récit. Et puis, cela a du sens : il est important de comprendre comment les personnages vivent simultanément les événements et les introspections et digressions du narrateur sont indispensables à la démonstration par laquelle conclut l'auteur.
Le rythme ainsi donné tient le lecteur en haleine car si la fin est connue, les circonstances le sont beaucoup moins.
Je découvre avec ce roman une très belle plume.
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C'est l'histoire de deux destins tragiques : celui de Trotski menacé, qui va être obligé de fuir la Russie, persécuté par l'implacable Staline et celui de son assassin : Ramon Mercader qui va être " choisi" pour accomplir ce célèbre crime en août 1940 !
De chapitres en chapitres, on découvre un troisième personnage : Ivan Cardenas Maturell qui suite à sa rencontre sur une plage de la Havane d'un homme accompagné de deux lévriers " barzoï ", va devenir le narrateur de ce face à face qui va nous tenir en "haleine" pendant 802 pages qui débutent à la révolution russe jusqu'à l'assassinat pour finir par la vie chaotique de Mercader jusqu'en 2009.
Il faut rendre " hommage"à Leonardo Padura qui nous plonge dans les affres de ces révolutions (russes/espagnoles/cubaines...) avec la modestie de mentionner qu'il s'agit de " fiction" ! Il va nous entrainer dans 70 ans de stalinisme dur, cruel, autocratique, sanguinaire qui a brisé tous ceux qui se trouvaient sur son chemin au nom de la cause soviétique ! Un récit bouleversant de réalisme rempli d'intrigues, de trahisons, de mensonges, de manipulations sans compter les cadavres !
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Ce roman très intéressant regroupe, en fait trois récits : l'exil de Trotsky après son bannissement d'URSS pour s'être opposé à Staline et à la bureaucratie du régime ; la guerre d'Espagne où nous rencontrons Ramon Mercader, activiste communiste espagnol qui suivra une formation pour devenir l'assassin de Trotsky ; enfin l'histoire d'un écrivain cubain raté, qui sera à l'origine de ce récit.
"Les trois histoires ne sont pas parallèles mais consécutives, l'une est la conséquence de l'autre", souligne Padura. Cette subtilité, qui rétablit la continuité historique au-delà du procédé narratif, est tranquillement à contre-courant de l'histoire officielle en vogue à La Havane. A entendre les Cubains, le stalinisme était un problème purement européen, qui ne les touchait guère. "Staline a fondé le seul modèle socialiste réellement existant, et à Cuba nous l'avons appliqué, sans pour autant répéter ses crimes".
A noter que Mercader, après avoir été libéré de prison en 1960, part pour l'URSS où il est fait Héros de l'Union soviétique et chevalier de l'Ordre de Lénine, puis passe le reste de sa vie à Cuba où il travaille pour le KGB et comme conseiller de Fidel Castro. Il aurait été inspecteur des prisons castristes.
Commentaire de Jorge Semprun : « Admirable parabole d'une vie militante, n'est-il pas vrai ? Des combats de la guerre civile espagnole à l'inspection des cellules d'isolement dans les prisons de Fidel Castro, en passant par les secrets puants de l'appareil de sécurité russe : toute une vie de fidélité. »
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Quand j'ai commencé ce récit je ne m'attendais pas à une lecture aussi intense. Sous couvert d'un titre anodin, nonobstant sympathique, ce roman historique m'a tenue en haleine quatre jours durant. le point d'orgue c'est l'assassinat de Trotski en 1940 à Mexico. Au-delà de cet événement trois histoires en parallèle vont se croiser. le long exil de Léon Trotski, la préparation et le crime du meurtrier Ramón Mercader et en toile de fond la difficile subsistance du narrateur, Ivan, vétérinaire cubain de fortune meurtri par la vie. C'est lui qui va recueillir les confidences de Ramón Mercader. le point commun de ces 3 personnages mais aussi le point de départ du roman c'est l'amour des chiens, comme un supplément d'âme qui serait accordé à chacun, un peu comme si quelqu'un qui aime les chiens n'est finalement pas foncièrement mauvais. (Je vous rassure les chats aussi ! Je désamorce aussi la remarque « Ils aiment plus les chiens que les hommes ». Encore que !)
On va évidemment croiser Frida Kahlo, Diego Rivera et même André Breton mais surtout un labyrinthe de personnalités réelles, une multitude de clandestins aux pseudonymes multiples, des victimes des purges staliniennes, aux combattants communistes de la guerre d'Espagne, des militants et politiques européens ou mexicains. Bizarrement - mais peut-être pas ! le roman ayant été publié en 2009 - Castro n'est pas cité une seule fois. Proche des personnages la peur nous accompagne à chaque page. Leonardo Padura est un auteur de roman policier et sait nous accrocher. L'issue est connue, pourtant il parvient à décrire l'intensité de la préparation de l'assassinat pendant près de 100 pages. Plusieurs vaines tentatives nous laissent sur notre faim, partagés entre le refus de cet acte odieux et le fait de passer à autre chose de moins lourd.
Le regard de Padura est sans concession, ni pour Staline et ses proches, ni pour le régime cubain, ni pour les communistes staliniens intransigeants français comme André Marty ou espagnols, comme la Pasionaria,Dolores Ibarruri. En revanche en nous faisant suivre Trotski et Mercader, en restituant leur portrait psychologique, on accède, non pas à l'empathie, mais à une approche distanciée. Il n'en fait pas des héros positifs mais des victimes d'un système.
La dernière partie se situe 25 ans plus tard à l'heure où les chars entrent dans Prague. Ramón Mercader réside à Moscou, son mentor a lui aussi payé au prix fort son implication sans faille. Les rescapés ne peuvent que constater la faillite du système et l'échec de leurs idéaux.
Un tableau d'une époque terrifiante. Passionnant ! Une belle lecture sur un sujet qui n'est pas aisé !

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Un excellent roman historique, d'une grande densité : bien que basé essentiellement sur les affres du régime soviétique sous Staline (dont le point central reste l'organisation de l'assassinat de Trotsky), j'y ai découvert et appris de nombreux éléments, sur la guerre d'Espagne et l'arrivée de Franco au pouvoir, sur la situation au Mexique dans les années trente, sur la situation à Cuba des années soixante-dix jusqu'aux années 2000. L'Histoire du communisme dans ces différents pays y est traité avec beaucoup de précision historique, même si nous restons dans le roman.
Les aspects psychologiques des personnages sont approfondis, les personnalités sont réalistes, pas des héros, juste des êtres humains remplis de doutes, de peurs, de regrets, de fausses certitudes aussi.
Une lecture qui ne m'a pas laissée indifférente, puisqu'au contraire elle m'a poussée à me poser des questions, et m'a donné l'envie de faire de plus amples recherches sur certains points historiques abordés dans le roman.
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Fresque foisonnant de détails historiques adroitement mêlés à la fiction, "L'homme qui aimait les chiens" emmène le lecteur à Cuba, d'abord, puis en Espagne, en Union soviétique (l'ex-URSS), en Turquie, en France, en Norvège et enfin au Mexique, suivant le parcours extraordinaire de Lev Davidovitch Bronstein, plus connu sous le nom de Léon Trotski.
L'auteur, Leonardo Padura, est un écrivain cubain confirmé qui s'est rendu célèbre grâce à ses romans policiers. Avec talent, il mène de front le récit que fait Iván, un écrivain à la peine, installé à La Havane en 2004, et la vie mouvementée de Trotski. Sans concession pour la situation de son pays, il rappelle : « …des années irréelles, vécues dans un pays obscur et lent, toujours chaud, qui s'effondrait plus chaque jour. »
Brusquement, on délaisse Cuba pour se retrouver à Alma-Ata, ville du Kazakhstan (Almaty aujourd'hui), le 20 janvier 1920, avec Trotski, Natalia Sedova, son épouse, leur fils, Liova, et leur chienne, Maya, de la race barzoï. Mis à l'écart, déportés par Staline, les voilà maintenant, par moins 40 degrés, près de Samarkand, en Ouzbékistan aujourd'hui.
Enfin, voici Ramón Mercader, en pleine guerre civile d'Espagne, avec sa mère, Caridad, qui lui demande de tout donner pour la cause. L'auteur décrit bien l'ambiance et les luttes internes entre les diverses composantes du camp républicain. le récit foisonne d'anecdotes. Il est haletant aussi alors que chacun sait comment cela va se terminer…
Grand amateur des livres de Raymond Chandler, Iván, sur la plage de Santa María del Mar, lit la nouvelle intitulée « L'homme qui aimait les chiens », publiée en 1936. Sur cette même plage, il se lie avec un homme étrange qui vient faire courir là ses deux lévriers russes, des barzoïs encore. Cet homme dit s'appeler Jaime López.
Au fil des pages, le lecteur s'attache aux pas de Trotski, travailleur acharné qui, dans sa sévère disgrâce, réalise ses propres erreurs et comprend toute l'horreur d'une dictature stalinienne qui élimine sans cesse tous ses compagnons de route. En 1932, Trotski et sa famille perdent leur citoyenneté soviétique. Il est même déclaré : « Ennemi du peuple » alors qu'en URSS, des millions de paysans meurent de faim, des centaines de milliers d'hommes et de femmes se retrouvent dans des camps de travaux forcés, des colonies de déportation et vivent pieds nus…
Après une île turque, Trotski peut vivre en France, à Saint-Palais (Charente), à Barbizan et même Chamonix et Domène (Isère). Pourchassé et inquiété aussi bien par les communistes staliniens que par les « cagoulards » fascistes, il se réfugie en Norvège où il reconnaît que « le stalinisme s'avérait être la forme réactionnaire et dictatoriale du modèle socialiste. »
En parallèle, nous suivons le parcours de Ramón Mercader, conditionné pour commettre l'irréparable alors que disparaissent peu à peu tous les proches de Trotski. À Mexico, nous rencontrons Diego Rivera et Frida Kahlo qui hébergent le proscrit. Tout le stratagème de son futur meurtrier est méthodiquement décrit avec juste ce qu'il faut de fiction pour mener le lecteur au bout de ce qui reste inéluctable : l'assassinat.
"L'homme qui aimait les chiens" est une fresque passionnante qui donne envie d'en savoir plus sur toute cette époque et nous conte enfin ce qui fut la suite de ce drame mexicain.


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