C'est le temps d'accepter la vie telle qu'elle est, avec ses beautés et ses malheurs! Nos quatre amis se redécouvrent et réussissent à recréer des liens d'amitiés.
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Le cœur lourd, monsieur Taillon et monsieur Mousseau se sont regardés longuement pour ensuite se tourner vers leurs deux amis perdus, conscients qu’ils se trouvaient tous ensemble pour la dernière fois; que cette partie de leur vie n’existerait dorénavant plus que dans leurs souvenirs. Dans les nôtres aussi. Parce que tous ceux ayant été témoins de cette scène traîneront avec eux cette image d’une rare amitié ayant traversé le temps, émus au point de vouloir, à notre tour, porter bien haut l’histoire de ces hommes, même si nous ne l’avons pas vécue personnellement. Même si nous ne pourrons jamais partager un passé qui ne nous unit en rien.
Je donnerais bien pour rien parce que me voilà aujourd’hui, à soixante et onze ans, cherchant encore des bribes d’information pouvant éclairer mes doutes. J’en ai acheté, des livres, là-dessus. Assez pour me bâtir une bibliothèque complète sur le sujet. Mais, ces livres ayant été écrits par des mortels, alors que je cherchais justement des preuves sur ce qui ne l’était pas, je n’ai jamais été en mesure de croire sans l’ombre d’un seul doute.
Il vaut mieux laisser seul quelqu’un qui ne sait pas pleurer. Parce que ça sort tout croche, parce que ça réagit n’importe comment mais, aussi, comme ce fut le cas pour Paul-Émile, parce que la réalité devient trop douloureuse, trop insupportable, pour arriver à y faire face. Les gens qui réagissent comme ça refuseront, d’instinct, la présence de personnes susceptibles de leur rappeler ce dont ils ne veulent pas se souvenir.
L’alcool, au fond, n’était qu’accessoire. Son besoin profond de se geler les neurones, comme il se plaisait à le dire, aurait parfaitement pu se traduire par une dépendance aux drogues, ou encore par des accès de violence incontrôlables. Mais l’alcool arriva si tôt dans sa vie, remplissant son devoir au-delà de tout ce qu’il pouvait espérer, que Jean ne vit jamais l’utilité de trouver un autre exutoire à sa douleur.
Après tout, si je suis suffisamment fort pour regarder la mort en face, ce serait tout à fait ridicule de mettre ma tête dans le sable et de faire comme si ma vie fut tout autre. Ce serait un déshonneur pour moi, pour les gens ayant compté dans ma vie et pour tout le chemin que j’ai parcouru afin de devenir la personne que je suis aujourd’hui.