Avec le romantisme et la fin du 19ème siècle, le journal intime est devenu, même pour un homme, Monnaie courante. On peut écrire ses impressions, ses vrais sentiments - la vie en société et ses règles imposent tant de faux-fuyants et faux-semblants - et même parfois, comble de l'orgueil, ses émotions.
Le journal de Paléologue emprunte à ce genre, mais il tient aussi et surtout du carnet de voyages, avec son récit au jour le jour, chacun plein de péripéties, et le relevé précis de ses observations. Il est aussi, on s'en doute, destiné en 1er lieu à l'auteur-même, qui pourrait avoir à y puiser pour y retrouver de précieux souvenirs, indices et faits marquants le jour venu.
Cet ouvrage est à ce titre et pour toutes ces raisons unique. Il témoigne et raconte la fin d'un empire et la naissance d'une révolution, avec la lucidité d'un diplomate au jugement et à la plume également aiguisés. Indispensable lecture pour tout amateur d'histoire en général et de celle de la Russie en particulier.
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Cette guerre est une folie. Elle a été imposée à la sagesse de l'Empereur par des politiciens aussi maladroits qu'imprévoyants. Elle ne peut être que funeste à la Russie. Seules la France et l'Angleterre sont fondées à espérer quelque profit de la victoire. Encore notre victoire me parait-elle fort douteuse. Supposons la victoire complète de notre coalition, les Hohenzollern et les Habsbourg réduits à mendier la paix. Mais alors ce n'est pas seulement la ruine de la prépondérance germanique, c'est aussi la proclamation de la République dans toute l'Europe centrale. Et, du même coup, c'est la fin du tsarisme. ( paroles de Serge Witte à l'auteur)