Avec le temps, la jalousie de ses rivaux devient pour un grand peintre un instrument aussi nécessaire et indispensable que sa palette
Est-ce l'amour qui rend idiot, ou n'y a-t-il que les crétins pour tomber amoureux? Voilà ce que ma longue pratique d'entremetteuse ne m'a pas encore permis de décider.
Seuls les idiots sont vraiment innocents.
Le Noir me dit alors ce que tous les hommes diront quand ils se trouveront face à une femme dont ils admirent l'intelligence :
"Tu es très belle. "
Avant de trépasser, je me suis rappelé ce conte syriaque que j'avais entendu, au sortir de mon enfance. Un vieil homme vivant tout seul se lève au milieu de la nuit, afin d'aller boire un verre d'eau. Il pose le verre sur la table, et constate que la chandelle a disparu. Un mince rayon de lumière filtre depuis la chambre, il le suit en revenant sur ses pas, et trouve dans son lit quelqu'un d'autre, la chandelle à la main. "Qui es-tu donc ?" L'étranger répond : "La Mort." Le vieillard se renfrogne, ne dit mot, puis répond : "Alors tu es venue. - Oui, répond la Mort, crânement. - Non, répond fermement le vieillard, tu n'es que le rêve que je n'ai pas terminé." Il souffle la bougie dans la main de l'étranger, et tout sombre dans le noir. Le vieil homme remonte dans son lit, se rendort, et vit vingt ans de plus.
Il se comportait comme ces anciens maîtres persans dont sont remplies les légendes, et qui, passés un certain âge, rendus aveugles par leur travail, passent le restant de leur vie moitié saints, moitié fous. (p. 104)
Beaucoup se croient innocents, pour la seule raison que l’occasion de commettre un crime ne s’est pas encore présentée
(...) une erreur qui ne provient pas d'un manque de maîtrise, mais émane de l'intérieur de l'âme de l'artiste, cesse d'être une erreur, et devient un style.
Aussi longtemps que se multiplieront tous ces artistes bons à rien, plus attirés par la gloire et l'appât du gain que par le service de leur art et la contemplation, nous n'avons pas fini d'en voir, de ces horreurs et ces grossièretés qu'entraîne cette nouvelle manie du "style" et de la "signature.
Une image accrochée au mur, quelle que soit notre première intention, finit toujours par inviter à l’adoration... Sans même en prendre conscience.