Voici donc la grande question que nous examinerons tout d'abord : l'humanité fut-elle assistée dans ses premiers vagissements? Des Aînés entourèrent-ils son berceau pour la préserver des dangers qui menacent tout nouveau né ? Ou bien, est-elle venue au monde seule, isolée, sans défense, troupeau d'hommes primitifs, sauvages, ignorants, environnés d'une animalité puissante et redoutable ?
L'opinion des hommes qui se sont voués à l'étude du passé n'est pas unanime ; les uns disent oui, les autres disent non ; ce sont ces opinions contradictoires qu'il nous faut maintenant éclaircir.
Pourtant il nous reste quelque chose, — et c'est tout d'abord, la Mythologie. — Mais, quelle importance, diront quelques personnes, quelle importance peuvent avoir ces contes d'enfants ? — Détrompez-vous : la Mythologie n'est point un recueil de contes plus ou moins absurdes ; la Mythologie, pour qui en possède la clé, est a la fois une histoire, une science, une philosophie et une religion et nous essayerons de le montrer.
Mais la Mythologie n'est pas seule à témoigner du génie des grands Initiateurs de l'humanité ; nous avons encore, je vous l'ai déjà dit, l'histoire, la légende, la tradition, les annales diverses qui se sont transmises jusqu'à nous ; nous avons le spectacle imposant des religions primitives, aussi grandes déjà à leurs débuts qu'elles le sont aujourd'hui ; nous avons les philosophes des grands Instructeurs qui n'ont jamais été surpassées ; nous avons, enfin, des monuments, des sciences, des arts, mille choses encore, très palpables, dont je parlerai tout à l'heure et qui attestent la présence et l'intervention de grands êtres dès le début de l'humanité.
Le but du sentier probatoire était d'amener chez le candidat un développement et un équilibre suffisants pour que la porte du sentier du disciple pût lui être ouverte. Le ternaire humain est composé d'intelligence, d'amour et de force, c'est-à-dire de volonté. Il faut que ces qualités soient fortes et en équilibre avant que le sentier supérieur puisse être foulé : car il est, comme disent les Hindous, « subtil comme le tranchant d'un rasoir ». C'est un pont étroit jeté sur un abîme. Celui qui veut franchir ce pont a besoin d'une intelligence perçante, d'un coeur toujours bienfaisant, d'une volonté puissante et d'un équilibre parfait.
Le chemin normal de l'évolution peut être comparé à un chemin carrossable, qui monte au sommet d'un pic ; il suit le flanc de la montagne en spires d'une pente douce ; il est large, abordable pour tous, il est facile, il est sûr mais il est long.