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Ce roman vient de se voir décerner le prix du polar européen 2021 à Quais du Polar… Et c'est plus que mérité.

« L'eau rouge » est d'ailleurs bien plus qu'un polar, c'est tout à la fois une tragédie familiale, un roman noir avec en toile de fond le déchirement de l'ex-Yougoslavie, une réflexion sur le destin…

Il y a tout de même une enquête, la jeune Silva Vela a disparu. L'inspecteur Gorki de la police la cherche, un peu… Son père Jakov puis son frère Mate s'y mettent eux aussi…

Le récit démarre en 1989 et se termine en 2018… Par les yeux des différents protagonistes de l'histoire on suit l'évolution de cette recherche, mais aussi celle de ces personnages…sans oublier celle du contexte ! le village, Misto, change, la Yougoslavie a implosé… le flic n'est même plus flic.

C'est bien ficelé, passionnant, je l'ai dévoré en 2 jours…une très belle découverte, une lecture chaudement conseillée !
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Plutôt qu'un polar, "L'eau rouge" est une fresque sur l'évolution de la Croatie de 1989 à 2017. Vingt-huit années qui vont la voir passer du statut de l'une des six républiques populaires de la Yougoslavie communiste à celui d'état indépendant après la guerre civile qui a sévi de 1991 à 1995.
Certes, le fil conducteur du texte est le mystère de la disparition de la jeune Silva, 17 ans, un soir de fête en 1989 mais, même si Jurica Pavicic a à coeur de maintenir l'intérêt de la longue enquête du frère jumeau de l'adolescente, je me suis davantage attaché à l'évolution des vies des personnages de ce roman choral. Tel Gorki Saint, le policier chargé d'élucider la disparition de Silva, qui travaille 15 ans plus tard pour des agences immobilières en "n'enquêtant plus sur des meurtres mais sur le malheur", le malheur de ceux que les aléas de l'existence contraignent à vendre les terrains auxquels ils étaient profondément attachés.
Jurica Pavicic décrit avec talent les lieux et les atmosphères, qu'ils témoignent des bouleversements de son pays ou se contentent plus prosaïquement de situer un moment de l'intrigue, et c'est avec finesse qu'il dépeint la psychologie des personnages que l'on pourra toutefois juger parfois un peu caricaturaux.
Un roman foisonnant à la portée documentaire certaine.
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Voilà un polar comme on aimerait en voir plus souvent. Polar post soviétique, post communiste qui débute sous l'ère du dictateur Tito dans une Yougoslavie indigente et se termine en Croatie sous celle consumériste et plus opulente, du moins pour certains, de loisirs avec la triste période intermédiaire de la guerre des Balkans.
Un polar au début dépouillé à la limite de la décence littéraire avec une banale fugue de mineure. Une entrée en matière insignifiante et discrète, un fait divers comme aujourd'hui il y en a temps mais qui à cette époque était plutôt rare surtout dans une petite bourgade de l'est sous régime communiste.
On fait connaissance de la famille déconcertée, des méthodes brutales de recherche de la police, on ne plaisantait pas avec les mineurs, ensuite de son inertie et de son échec, de la déliquescence de la famille meurtrie et des conséquences sur le village.
le temps passe et l'auteur nous entraîne sous forme de chapitres/tableaux dans la vie des protagonistes: les parents qui espèrent avec toutefois une désespérance de la mère et un doute rancunier du père, le frère qui la cherche intensément au risque de briser son ménage n'importe où, le policier responsable de l'affaire, les amants potentiels et leur entourage.
le récit prend de l'épaisseur graduellement jusqu'à devenir très dense et émouvant. Les personnages au début presque insignifiants deviennent très fouillés et l'intrigue se densifie plus impénétrable qu'au début.
Fugue ou meurtre?
le lecteur de thriller haletant et sanglant n'y trouvera peut- être pas son compte mais le véritable amateur d'énigme et de comportements disons sociaux appréciera grandement
Je ne sais pourquoi mais cela m'a rappelé en intensité le "Nécropolis " de Lieberman . Sans doute pour la jeune fille disparue et les êtres brisés et leurs vies détruites.
Et puis cela semble tellement plausible sans parler que Jurica Pavicic l'air de rien nous parle d'une époque assez méconnue et d'un pays qui ne paye pas de mine. du passé il nous traîne jusqu'à aujourd'hui, époque qu'il ne semble pas spécialement apprécier du moins c'est tout un passé et ses valeurs qu'il semble regretter.
Il n'y a pas une réflexion policière sur cette disparition mais un ensemble de jugement des acteurs de ce drame de l'impression à la certitude en passant par le simple avis sans parler des mensonges diablement entretenu par certains
Magistral.
Une grande justesse dans les sentiments et analyses et une grande sensibilité avec les personnages
Il y a quelque chose d'intemporel dans ce récit qui nous change fortement des polars formatés de nos éditeurs occidentaux
Je ne saurais que vous inviter à le lire absolument.
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Cet ouvrage n'est pas un polar ou plutôt, il se présente comme tel mais c'est, à mon avis, justement ce qui fait l'aspect policier du roman qui a ici le moins d'intérêt.
Une jeune fille disparaît qu'elle ait été tuée ou qu'elle ait volontairement fui ne constitue donc pas l'originalité de ce livre.
Ce qu'une disparition soudaine et inexpliquée suscite, quelles sont les réactions des proches, des villageois concernés, comment s'organisent les recherches, quel est l'influence du temps sur la perception de la disparition sont autant de points captivants et habilement tenus ici.
Si l'on ajoute à tout cela l'empreinte forte d'une région qui va subir de dramatiques bouleversements pour finir par se calquer sur les modèles dominants du monde, on comprend tout l'intérêt réel de ce livre.
Bien que long et n'évitant pas les répétitions, le style et la clarté de la traduction rendent « L'eau rouge » très prenant.
C'est au final en tous points une belle leçon de résilience.
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Ce roman raconte la disparition d'une jeune fille de 17 ans du jour au lendemain et des répercussions sur la vie de ses proches. le récit s'étale sur 20 ans, entre 1989, date de la disparition de Sylva à 2017, période durant laquelle la Croatie a subi des événements majeurs : fin de la Yougoslavie, guerre serbo-croate, création de la Croatie, ouverture au tourisme de masse…

Je suis passée un peu à côté de ce roman qui m'a moins plu que ce que j'espérais. C'est peut-être dû au début qui est paradoxalement très lent et trop rapide: très lent car pendant la moitié du livre, on découvre les réactions de la disparition de Sylva sur sa famille et trop rapide car l'auteur ne prend pas le temps de nous montrer la famille avant le drame et on n'a pas le temps de s'attacher aux personnages avant qu'ils ne s'enfoncent dans un marasme qu'on dirait volontaire..

La deuxième partie m'a un peu plus plu car l'auteur en profite pour brosser un portrait de la Croatie et de sa naissance mouvementée après l'implosion de la Yougoslavie Il le fait avec beaucoup d'ellipses et à travers des personnages plutôt secondaires et j'aurais aimé que cet aspect-là soit plus important. Chaque chapitre donne le point du vue d'un personnage, ce qui permet d'avoir accès à plusieurs facettes de l'histoire à travers les pensées de différents protagonistes. C'est nécessaire car les personnages ne partagent jamais leurs pensées avec les autres et il y a peu de dialogues. ça a d'ailleurs participé à la sensation de lenteur du début car les personnages découvrent des choses mais n'en font jamais part aux autres et du coup l'histoire n'avance pas. Ils sont par exemple persuadés qu'un personnage sait ce qui s'est passé, le haïssent pour son silence mais ne lui pose jamais de questions.

Le titre quant à lui est une référence biblique qui montre une vision très pessimiste de la vie, notre “civilisation” étant en fait un fléau envoyé par Dieu en échange d'une quelconque faute originelle. Cette vision très catholique fait sans doute référence à l'identité croate, catholique fervente en opposition à l'athéisme yougoslave mais il me manque des références culturelles pour bien comprendre les relations et les pensées décrites par l'auteur.
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C'est avec un enthousiasme mesuré et teinté de scepticisme que j'abordais la lecture de ce polar croate. D'abord, parce que c'est mon premier polar croate ; ensuite, parce que je trouvais l'argument de départ : la disparition mystérieuse d'une jeune fille, un peu rebattu.
Eh bien, je vous le dis tout de go : c'est un des plus beaux romans que j'ai lu cette année. Quand c'est vraiment bien, vous avez remarqué on dit roman et non polar comme si ça faisait entrer l'oeuvre dans une autre dimension. C'est que justement, ici, même si l'enquête est très importante et soutient tout le récit, ce n'est pas ce qui retient le lecteur.
En effet, cette enquête qui, sans trop en dire, se révèlera extrêmement longue et difficile, permet à l'auteur d'observer, sur la durée, l'impact de cette disparition sur la vie de tous les protagonistes. Il s'agit tout d'abord de sa famille : son frère jumeau, jeune homme sensible qui essaie de construire sa vie tout en cherchant sans relâche sa jumelle disparue, son père et sa mère dévastés mais enfermés chacun dans sa douleur. Ce sont aussi les suspects : le petit ami officiel et l'amant d'un soir, le soir fatal. Et puis, il y a les enquêteurs, qui subissent la pression de la hiérarchie et l'effet catastrophique, personnel et professionnel, d'une enquête importante qui piétine. Chacun verra sa vie bouleversée voire détruite par ce crime.
Sur une vingtaine d'années, l'autrice observe la lente déréliction de ces personnages entrainés dans une spirale tragique qui est aussi celle d'un pays qui ne se relèvera jamais des deux guerres qui l'ont détruit de l'intérieur. Bref, du roman noir, très noir…
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1989, Croatie, la guerre n'est pas encore d'actualité. Silva disparaît. Il semble qu'elle voulait s'enfuir. Pas de cadavre.

Elle laisse deux parents et un frère dévastés. Pas de deuil à faire, juste le manque que chacun essaie de combler comme il le peut. Pendant 25 ans, Mate cherche la trace de cette soeur disparue.

Un histoire d'une grande tristesse, qui nous raconte comment cette famille va survivre à ce manque, sur fond de guerre et de bouleversement politique.

Un roman noir au final surprenant qui m'aura conquis.
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L'eau Rouge de Jurica Pavicic : j'avais noté ce livre dans ma liste "à découvrir" depuis qu'il avait obtenu le prix le Point du Polar Européen lors des Quais du Polar 2021 et je viens finalement de le lire. L'action se passe dans les années 80/90 en Croatie, une jeune fille de 17 ans Silva, belle et rebelle, se rend à une fête du village de Misto pour retrouver ses amis et danser, mais elle ne rentrera pas chez elle. On va suivre l'enquête de la police de Split, les fausses pistes, la douleur de la famille et des proches. La jeune étudiante semble avoir eu une vie bien moins lisse que ce que les siens en connaissaient. Chaque chapitre est consacré à un protagoniste, mère, père, frère jumeau, petit ami, policier, voisins. En même temps que les recherches s'enlisent et finalement s'arrêtent, le pays se délite. Partout depuis la chute du mur, le socialisme recule et les têtes tombent. La Croatie n'est pas épargnée. La famille de la disparue explose. Après des années sans nouvelles, certains ont renoncé aux recherches, d'autres en ont fait une obsession. L'auteur nous plonge au coeur des vies bouleversées du village, de la guerre qui emporte ses enfants. Un nouveau monde apparaît avec ses nouveaux leaders et les débuts du tourisme de masse attirent les entrepreneurs sans scrupules. Chacun essaie de (re)construire sa vie dans un pays qui n'est plus celui qu'il était auparavant. Plusieurs dizaines d'années après sa disparition, on apprendra ce qui est arrivé à Silva, mais rien ne comblera les blessures du passé. L'auteur sait retenir notre attention sans artifices ni scènes sanglantes, avec une écriture fluide et un contexte bien documenté. Un très bon moment de lecture.
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Dans le petit village de Misto, sur la côte dalmate, , un dimanche de septembre 1989, Silva, 17 ans, ne rentre pas à la maison après avoir été à la fête du village la veille au soir. 

Le poulet et ses légumes sortent du four, son père, Jacob, sa mère Velna et son frère jumeau Mate, l'attendent pour passer à table. Velna envoie Mate la chercher chez son petit ami. 

Mais pas de trace de Silva. 

Ils alertent la police qui va mener l'enquête mais ne décèle aucune trace ; le passeport de Silva n'est plus là, ni ses économies. Les recherches policières ne paraissant pas suffisantes, le père et le fils vont sillonner le pays et les villes frontalières pour coller des affiches demandant à être informés de toute apparition de la jeune fille ... 

L'enquête de la police, celle du frère et du père livreront un portrait de la jeune fille bien éloigné de celle qu'ils connaissaient ... 

Et le temps va passer. Après le dix-huitième anniversaire des jumeaux va passer et avec lui, les recherches policières : 

La dissolution du bloc de l'est, les renversements politiques, la guerre civile impacteront les vies de tous les protagonistes ;, quelques affiches dureront ... 

Les carrières s'interrompront, les vies se poursuivront ...

Jusqu'au jour de 2015, où un développement immobilier touristique à Misto livrera la clé du mystère ... 

Dans une narration où chaque personnage prend tour à tour la parole pour décrire ce qu'il découvre, son activité, ses ressentis, ce qu'il devient, on perçoit nettement comment cette disparition a brisé des vies, infléchi des carrières, brisé des couples, perturbé des existences ...  

On perçoit notamment le désarroi maternel, qui, telle une vigie, ne quitte pas Misto où elle s'effondre petit à petit tout en imposant à son fils de continuer à parcourir l'Europe en tous sens à la recherche d'une soeur restée figée à 17 ans. 

Un roman prenant, d'une précision impressionnante dans la description des rapports entre les personnages, de leur psychologie. 

Une galerie de personnages auxquels on s'attache, que l'on accompagne dans cette quête en espérant toujours le coup de théâtre qui permettra la réapparition de Silva. 

Un roman déniché par hasard et qui m'a happée, par le sens des rebondissements, la qualité de l'écriture et le sens aigu de la psychologie des personnages. 

Un auteur dont je vais guetter les prochaines productions ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Un soir de 1989, dans un petit village Croate de la côte dalmate, Silva finit de diner avec son frère et ses parents avant de se rendre à la fête des pêcheurs pour retrouver ses amis. La jeune fille de 17 ans n'imagine pas une seconde que ce dîner sera le dernier en leur compagnie. Elle est portée disparue dès le lendemain et sa photo sera bientôt sur toutes les rétines du petit bourg.

L'enquête menée par Gorki Sain démarre puis piétine. le pays est en proie à des changements politiques et des conflits importants suite à l'effondrement du régime de Tito. La famille ne lâchera pas le morceaux de son côté et Jurica Pavicic emmène la lectrice et le lecteur dans cette quête. Tout débute en 1989 et les années vont filer, tout comme les chapitres. Chaque chapitre relate les évènements vécus par les personnages qui vieillissent, et qui gravitent autour de cette disparition. On suit tour à tour les parents de la jeune fille, son frère, mais aussi l'enquêteur Gorki Sain en charge de l'affaire ou encore les amis de Silva. Les vies continuent, les personnages changent mais le spectre de cette disparition n'est jamais loin. On découvre l'impact du drame sur la famille et sur tout une communauté qui a été amené à la côtoyer d'une manière ou d'une autre. C'est une façon inédite de traiter la disparation et l'auteur rend par ce biais le récit immersif et prenant. On découvre les choses au fur et à mesure, en revoyant des personnages bien après cette fameuse soirée de 1989.

L'auteur écrit très bien et malgré l'histoire qui s'étale sur plusieurs années on ne décroche pas. Il tisse avec habilité l'histoire d'un pays et une singulière intrigue. Il prend le temps de s'attarder sur ses personnages, sur des petits tournants dans leurs vies. On se laisse complètement embarquer dans ce roman noir qui change d'échelle régulièrement et imbrique à merveille les petites histoires dans la grande. Une très belle découverte.

Traduit du croate par Olivier Lannuzel.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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