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A court d'inspiration et un peu lassé par nombre de thrillers se complaisant dans le gore et les tueurs en série, j'ai demandé conseil à un de mes libraires préférés, expert en policiers et thrillers et je n'ai pas été déçu.

A partir de la disparition d'une jeune fille de 17 ans, en 1989, après une fête de village, l'auteur nous fait traverser trente ans d'histoire de la Croatie et de l'ex-Yougoslavie.
Il creuse, autour de l'enquête elle même, les conséquences de l'évènement sur les familles et dans la communauté de cette petite ville dalmate : destruction des familles, destruction du lien social, boucs émissaires, etc.. Au cours de ces années on assiste aussi aux transformations sociales et économiques de cette région avec surtout l'emprise du capitalisme urbanistique et financier sur une région côtière à fort potentiel touristique.

Deux personnages dominent l'histoire :
- le commissaire Gorki Saint qui, éliminé par les nouveaux pouvoirs, va se reconvertir dans l'immobilier et revenir sur les lieux par ce biais mais sans avoir oublié le passé ;
- le frère de l'adolescente qui, niant les conclusions hâtives des enquêteurs, va traverser toute l'Europe en quête des traces de sa soeur.

Un roman qui vous remettra en mémoire ou vous fera découvrir des moments importants de notre histoire récente et déjà bien oubliée.
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Enquête intéressante à suivre. le dénouement on ne l'aurait pas trop imaginé tout au long du récit, même si des indices ont été quand même semés tout au long de l'histoire. On comprend pour quoi le titre à ce moment-là. Oeuvre bien instructive sur la fin et l'après Yougoslavie, avec la situation politique en filigrane.
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- Histoire d'une disparition -

Septembre 1979, à Misto, village croate en bord de mer, la fête des pêcheurs bat son plein en ce samedi soir. Silva 17 ans va danser, séduire un jeune homme et disparaître.

Amateurs de polar haletant, passez votre chemin.
Mais pour qui aime les descriptions détaillées, les portraits ciselés et les histoires à cheval sur plusieurs décennies, je recommande chaudement ce roman noir.
L'auteur sonde dans les moindres détails les répercussions qu'aura cette disparition sur le frère jumeau de Silva, sur ses parents, son petit ami, le policier chargé de l'enquête...

Comment dans cette Croatie en pleine mutation, qui tourne la page du communisme avec violence et s'ouvre au tourisme, cette histoire va-t-elle modifier les vies de chacun et celle du village ? C'est ce nous découvrons par petites touches dans ce récit parfaitement construit.

Très beau roman, toute en retenue qui nous immerge totalement dans ce fait divers et dans l'histoire de ce pays.

Traduction Olivier Lannuzel
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L'écriture est belle, un livre que je conseille aux amoureux des belles descriptions. La description est le coeur de ce livre : les paysages, les moeurs, les pensées, la géographie…
Les descriptions sont bien menées mais très nombreuses. Elles cristallisent cette idée d'attente et de suspens qui est au coeur du roman : une famille, une ville, des vies en suspens dans l'attente de retrouver une jeune fille disparue. Mais 358 pages de cette latente description, qui s'allonge et s'étire, même si au début cette ambiance peut séduire, ça use !

Cette disparition au temps figé est en forte altercation avec le reste du monde : guerre, chamboulement du pays, le capitalisme qui fait son entré… L'effervescence et les drames du pays qui prennent place en quelques décennies seulement s'opposent à la langueur de la plume et de l'histoire principale. C'est, certes réussi, mais il faudra m'expliquer qu'est ce qu'ils entendent par l'appellation de thriller ?

Mais on s'ennuie. Ici, pas de scène haletante, pas de tension, aucun suspens. Pas même d'enquête ! Pour un polar, c'est dommage. On est porté par les lentes descriptions des paysages et du drame, des vies bouleversées, de la tristesse qui coule… Mais d'enquête il n'y en a pas, et puis, finalement, ça coule tellement qu'on ne parvient pas à s'intéresser de cette situation. Je ne sais pas si c'est voulu, mais on fini par s'en foutre totalement de la disparition et on regarde ce pays changer aussi violemment que l'écriture est lente.
C'est finalement l'histoire d'un pays et de vies, comment des souvenirs s'effacent, comment on perd espoir, comment un pays change. Mais le livre se vend tellement différemment de ce qu'il est qu'on passe à côté, je pense que l'auteur aurait pu réellement écrire un livre sur le pays changeant et que cela soit puissant en abordant cette thématique. Mais je ne sais pas pourquoi il est allé mixé ça avec un lointain genre policier. C'est vraiment maladroit et n'a finalement pas grand intérêt parce que, comme je le disais, on oublie la disparition au fil des pages, et le dénouement est un lapin sorti de son chapeau.

C'est typiquement le genre de livre qui vous propose quelque chose pour vous en servir une autre. Ainsi comme ce n'est pas à quoi vous vous attendiez, vous n'êtes pas bien sûr de savoir si vous appréciez ou pas le goût que vous avez en bouche.
Lien : https://barauxlettres.wordpr..
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CERCLES CONCENTRIQUES

François Guerif considère le polar comme le genre littéraire qui permet de cerner au plus près la vérité d'une époque, d'une société. Étant d'une partialité assumée, je ne peux qu'approuver cette vision. le polar est un révélateur et la révélation se dévoile rarement dans la douceur.

La disparition d'une fille, d'une soeur et l'univers se fracasse. Comme un caillou balancé dans l'eau, les ondes concentriques nous rattrapent, aussi loin que l'on s'éloigne de l'impact originel. Une évaporation est au coeur du phénoménal roman L'eau rouge. Une quête insensée commence, une tragédie qui durera près de trente ans. Les cercles concentriques happeront inexorablement les protagonistes de l'absence de Silva qui débute dans ce petit village de Dalmatie dans les années 80, juste avant que les Balkans n'implosent.

À La disparition familiale s'ajoute celle d'un pays. L'eau rouge est un roman croate et se déroule sur une toile de fond qui est plus qu'un simple cadre. le contexte géopolitique va éteindre une enquête, laissant place à une guerre fratricide et génocidaire qui va mettre l'Europe à genoux et faire imploser la Yougoslavie. La famille restera seule à chercher Silva, dans une Europe qui se réinvente, de nouveaux pays se font une place sur la mappemonde, bourgeonnant sur des charniers.

Jurica Pavicic déploie une fresque impressionnante dans ce roman ambitieux qui a les moyens de ses aspirations, un livre étourdissant qui mêle la grande à la petite histoire sans que l'on puisse les distinguer clairement. Dans un style précis, dense et tragique, L'eau rouge est de ces polar qui éclaire le monde alors qu'ils sont porteurs d'une obscurité poisseuse.

L'auteur assiste amer, du moins je le crois, à la « balnéairisation » à outrance des côtes croates, nouvel eldorado du tourisme de masse, version eaux turquoise et plages bondées. Cette liquidation de la côte dalmate accompagne une révélation lente et terrible dans un dénouement douloureux et rédempteur. Quel bouquin...

J'ai lu de bons livres, d'excellents même, cette année, l'un des tous meilleurs est croate. Lire L'eau rouge et constater que les Éditions Agullo ont encore frappé.

Au coeur.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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En 1989, durant la fête des pêcheurs, dans un petit port Yougoslave, une jeune fille disparait. le roman raconte les trente années qui suivent, il décrit le temps qui passe, les pistes qui se présentent, les espoirs et les désillusions. le récit s'attarde longuement sur l'évolution de chaque personnage, liée aux nombreux changements que va traverser cette région.
Roman très ambitieux difficile à classer seulement dans la catégorie des romans policiers.
Les amateurs de ce genre risquent d'être déçus car l'action est lente, très lente et les rebondissement souvent prévisibles. Pour moi, l'intérêt se situe ailleurs, plutôt dans une réflexion sur le deuil, sur le hasard, sur ces instants minuscules où tout bascule, où une vie prend une direction inattendue, irréversible. L'intime enchevêtré dans l'histoire, l'intime comme allégorie de la désillusion généralisée face aux changements de quelque type qu'ils soient.
Un roman globalement sombre, très lent, loin d'un ‘'polar classique''.
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Ce roman est plein d'originalités.

Un polar croate. Voilà la première originalité. Un polar croate dans lequel, en immersion, le régime de Tito chute au fil des pages. La dictature tombe et les tremblements d'une société bancale touchent tous les secteurs.
Un polar dont l'intrigue se vit sur plusieurs décennies. de 1989 à 2017, on suit les protagonistes : les différentes forces de l'ordre, les membres de la famille de la disparue.
Car le vide qui persiste est celui d'une jeune fille disparue, Silva, 17 ans.
C'est commun comme point de départ mais, encore une originalité, Silva se découvre au fil de l'eau malgré son absence et c'est un personnage à part entière.
Enfin, c'est un polar terriblement humain. Une palette magnifique de personnages marqués à vie par une tragédie sans fin apparente.

Vous l'aurez compris, j'ai réellement apprécié ma lecture.
J'ai adoré découvrir une partie de l'histoire de la Croatie grâce à ces pages. J'ai voyagé en même temps que les personnages dans leur quête. L'évolution de la société et le changement de régime politique sont des éléments très intéressants du récit.
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Il est des faits qui vont laisser une empreinte indélébile dans la mémoire collective et marquer le devenir de toute une population.

La disparition de Silva Vela, le 23 septembre 1989, est de ceux-ci.

La jeune fille de 17 ans disparaît après la fête des pêcheurs de la petite ville de Misto en Croatie et plus personne n'aura de nouvelles d'elle, malgré les très nombreuses recherches effectuées par la police locale puis par son frère jumeau, Mate, à travers toute l'Europe.

C'est un ouragan qui s'abat sur cette ville de Dalmatie que ne parviendront pas à faire oublier, ni la guerre d'indépendance de 1991, ni la fin des combats interethniques en 1995, ni le tremblement de terre de 1996. Dans un climat géopolitique mouvementé, le traumatisme causé par les accusations, les soupçons, les séparations et les révocations qu'a engendrés la disparition de Silva, reste bien présent dans la mémoire des habitants.

Un polar sur fond historique qui prend son temps, pour nous imprégner d'un mystère qui va durer près de trente ans.

La situation de la Croatie est certes complexe mais le récit ne fait que survoler cette guerre fratricide dont on ne saisit que quelques éléments. Les personnages sont transportés dans les champs de bataille chaotiques de l'ex-Yougoslavie, traversant une guerre aux ressorts assez flous.

Pourtant l'énigme est prenante, les paysages baltes sont magnifiques et Jurica Pavicic parvient à nous captiver avec son style tout en détails qui découpe ces trois décennies en autant de facettes qu'il y a de protagonistes en jeu.

Un roman plaisant qui se déroule sans sursaut, ni surprise et s'achève dans une même langueur, avec juste les traces d'une blessure collective insurmontable.
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A Misto, petite ville de Croatie, Silva, jeune fille de 17 ans, disparait un soir sans plus donner de nouvelles. Fugue ? Meurtre ? Enlèvement ? La police piétine d'autant que cette disparation a lieu en 1989, juste avant la guerre qui opposa l'armée yougoslave à la Croatie durant trois ans avant que le pays n'obtienne son indépendance. Cette disparition va à tout jamais changer les destins des protagonistes de l'affaire : les parents qui se sépareront après s'être déchirés, le frère jumeau de Silva qui va passer des décennies à rechercher inlassablement sa soeur, les voisins, les amis, les amants de la jeune fille, les suspects, les enquêteurs.
La vérité ne sera découverte que presque trente années plus tard, presque par hasard, dans un pays qui a profondément changé.
Les évènements sont racontés par plusieurs protagonistes (le père, la mère, le frère, le policier…) apportant chacun un éclairage différent.
C'est un roman sur la nostalgie, le temps qui passe, le hasard qui forge les destins. Nous en apprenons également sur ces évènements qui ont secoué l'ex-Yougoslavie au début des années 90 et cette sale guerre qui s'en est suivie, avant que les paisibles villages de pêcheurs ne se transforment en stations balnéaires.
Dès les premières pages, j'ai été happé par le style désenchanté et ces personnages qui verront leurs vies transformer, et je ne suis pas étonné que ce roman a obtenu plusieurs prix prestigieux.
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Pavičić Jurica (1965-) – "L'eau rouge" – Agullo, 2020 (ISBN 979-10-95718-77-2)
– traduit du croate par Olivier Lannuzel – format 20x14cm, 364p.

Un très beau roman de l'absence.
En septembre 1989, Silva, dix-sept ans, disparaît sans laisser aucune trace : a-t-elle été assassinée, est-elle partie arpenter le vaste monde ?
Cette soudaine disparition se produit en Croatie, au moment où l'ancienne Yougoslavie "socialiste" s'effondre dans une explosion de guerres, avec leurs cohortes d'horreurs, d'atrocités, de massacres.

Le récit couvre une longue période, commençant en 1989, se terminant en 2017. La décomposition de la fédération yougoslave est certainement un évènement majeur lorsque l'on s'intéresse à L Histoire avec un grand H, mais il ne s'agit "que" de l'histoire immédiate : les pays issus de l'éclatement – parmi lesquels la Croatie – s'alignent plus ou moins bien sur le modèle occidental, qui faisait tant rêver les citoyens au-delà "du rideau de fer" (voir le tableau effarant dressé pp. 210-211). Sur le fond, les changements semblent bien superficiels, les rouages de l'Etat ne connaissent guère de changements (p. 290).

L'auteur intègre finement, intelligemment, ces "macro-évènements" dans la trame de son roman, dont le coeur est ailleurs : dans le cercle des gens concernés par la disparition de Silva (sa famille, les amies et amis du lycée, les villageois, les policiers en charge de l'enquête), ce "micro-évènement" reste au premier plan.

C'est là que réside l'art de l'auteur, qui montre à quel point les "macro-évènements" peuvent certes modifier la vie d'une population, mais aussi à quel point un micro-évènement "anonyme" bouleverse beaucoup plus durablement la vie privée d'un cercle de personne circonscrit, surtout lorsque les hasards ont toujours desservis la recherche en cours (p. 275).
"Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé" écrivit Lamartine dans un tout autre contexte... L'auteur traite avec profondeur le thème de l'unicité de toute vie humaine.
Je ne saurais terminer sans rendre hommage au traducteur : bravo pour le rendu littéraire.
Un beau roman à lire, à offrir.
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