Jadis, pour les vacances on fourguait les enfants à leur grand-mère, à une colo ou, s'ils n'avaient pas assez bossé, on les jetait dans le cul- de- basse- fosse d'une boîte à bac. Depuis une quinzaine d'années c'est le caritatif qui se charge des grandes vacances? L'ONG de service.
En fait, je me suis surpris à ne pas pouvoir m'empêcher de répondre ! Comme n'importe quel abruti sous le nez duquel on tend un micro. J'étais français, quoi. J'avais mes opinions, quoi. C'était la télé, quoi.
Secrets d’adolescents, l’adulte évite de tendre l’oreille, plus encore de poser des questions… On glisse, question de respect…, respect… doublé d’une certaine dose d’indifférence, il faut bien le reconnaître.
(Gallimard, p.267)
Dès que je suis arrivé, j'ai ouvert toutes les fenêtres sur Paris, et j'ai respiré un air saturé de musique. [...]
C'est sans doute une idée germée dans une tête de conseiller, soufflée à l'oreille du président et communiquée à la mairie de Paris : distraire les jeunes faute de leur trouver du boulot, les abrutir de basses telluriques pour qu'ils se mobilisent contre les mitraillages en terrasse, les bombes humaines et les assassinats à venir. L'art du divertissement contre la science de la terreur... Et les jeunes générations se précipitent dans les rues, en masse, garçons et filles, persuadés qu'il y a de l'héroïsme à danser sur le pont du naufrage. Demain, les journaux tartineront tous dans le même sens : "les héros de la fête", ce genre de billevesées.
Gouverner, c'est distraire.
- Tu as été un bon fils, Benjamin.
- Tu n'as pas été une mauvaise mère, maman.
- C'est ce genre de réponses qui font de toi un bon fils, Benjamin.
Ce qui est passé nous manque et ce qui dure nous lasse, voilà l'homme.
Ce ne sont pas de grands lecteurs, vous savez. Voilà un effet secondaire de la cécité où les a plongé le mensonge : ils ne lisent pas. Ils n'ont pas besoin de lumière.
Le silence des maisons est rempli de ce qu'on y entendait.
Il pensait que ses cousins ignoreraient l’existence de son livre parce qu’ils ne savent pas lire. Grave erreur : pour l’illettré le livre est sacré plus que pour le lecteur. Pour celui qui ne sait pas lire tout ce qui s’écrit est écrit dans le ciel. C’est ineffaçable. J’en sais quelque chose, mon père était analphabète.
La vérité est un bien public, elle exige des mots compréhensibles par tous.