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3,69

sur 116 notes
C'est en sortant ce roman du carton qui lui sert d'étagère (manque de place chronique) que je me suis rendu compte que cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu de livres « courts » : avec 138 pages au compteur, cet ouvrage est bien différent des pavés que j'engloutis habituellement. Autant dire qu'il n'a pas fait long feu : en moins d'une heure, la dernière page était tournée ! Moi qui comptais sur lui pour m'occuper tout le temps que durerait le rendez-vous de mes parents, j'ai dû trouver une autre occupation pour la seconde partie de l'attente (j'en ai ainsi profitée pour préparer le brouillon de cette chronique).

Ce matin-là, en déposant leurs sacs de cours au pied d'un buisson et en s'accroupissant tandis que l'un d'eux entamait le décompte, Antoine et Tony n'avaient à l'esprit qu'une simple petite course amicale afin de déterminer lequel des deux était le plus rapide. Eux-mêmes étaient bien loin de se douter qu'ils allaient poursuivre cette course par-delà les limites du quartier, de la ville, du fleuve, qu'ils allaient courir côté à côte durant des jours, laissant derrière eux leurs soucis, leurs problèmes, leur quotidien. Ils étaient loin d'imaginer que leur existence toute entière allait basculer ce matin-là, lorsque sans se concerter ils ont continué de courir … aussi loin que possible.

Pour être parfaitement honnête, lorsque j'ai reçu ce roman par l'intermédiaire de mon abonnement Ecole des Max, j'étais assez sceptique : que pouvait-il y avoir de bien palpitant dans l'histoire de deux garçons qui ne font que courir ? Moi qui déteste la course à pieds et me demande régulièrement ce qui pousse tant de gens à se torturer quotidiennement en s'obligeant à courir après le temps qui passe, j'ai bien failli ne jamais donner sa chance à ce livre … Fort heureusement pour lui comme pour moi, j'avais besoin d'un roman pas trop gros à trimballer pour m'occuper dans une salle d'attente et je me suis souvenue de son existence. En effet, contrairement à ce que je craignais, il n'est pas si mal que cela, ce roman qui court !

Pour les médias, Antoine et Tony ont couru pour soutenir une cause. Mais en réalité, Antoine et Tony ont couru pour fuir la peur. Dans le cas de Tony, il s'agissait de fuir la crainte de se faire expulser vers l'Ukraine, ou pire, d'être séparé de ses parents et de ses frères et soeurs pour être placé en famille d'accueil. Antoine fuyait la violence et l'impulsivité de son père colérique. On s'attache facilement à ces deux adolescents malmenés par la vie, mais que la vie n'est pas parvenue à briser : on a envie de les voir réaliser leurs rêves, de les voir libérer de cette angoisse quotidienne, de ces chaines qui les entravent et les empêchent de vivre pleinement. Ce ne sont pas des rebelles, des voyous : si au cours de leur « fugue » (qui n'en est pas vraiment une), ils ont été amenés à voler ou à entrer par effraction dans des résidences secondaires pour trouver de quoi manger et dormir, ils ne le font jamais « de bon coeur ». Sans cette peur qui les poussait à aller toujours plus loin, jamais ils n'auraient fait cela, et j'ai beaucoup aimé les petites remarques d'Antoine à ce sujet : il se demandait parfois s'ils ne devaient pas mettre un petit mot pour s'excuser d'avoir brisé la vitre, de s'être servi dans les conserves … Ce livre montre bien que tous les jeunes des cités ne sont pas des criminels en puissance ! J'aime beaucoup ces deux garçons, qui ne cherchent finalement qu'une seule chose à travers ce marathon sauvage et improvisé : se vider l'esprit de tout ce qui, dans leur vie, est trop sombre pour être supportable …

On ne va pas se mentir, l'action est quelque peu monotone : ils courent, se procurent de quoi manger, cherchent un abri pour la nuit, puis repartent en courant. Excepté quelques conversations épisodiques, ils n'échangent pas un mot, chacun plongé dans ses propres pensées. L'esprit d'Antoine, notre narrateur, vagabonde autant que son corps, et ce sont justement ces réflexions, ces égarements, qui rendent le récit si intéressant. Antoine ne se contente pas, fort heureusement, de nous raconter leur cheminement, de nous relater mésaventures et moments de joie, il nous parle également de ses états d'âme, de ces questionnements … Il nous partage sa vision du monde qui l'entoure : une société où chacun vit les yeux rivés sur sa propre personne sans jamais les poser sur les autres, où la routine devient une prison aussi surement que la nature se voit grignotée par des villes toujours plus étendues et déprimantes. Tout comme Antoine et Tony, on peut parfois être tentés de tourner le dos à cette sombre réalité … mais tout comme Tony et Antoine ont été rattrapés par elle, nous n'avons aucun moyen de l'éviter. Alors, peut-être, faudrait-il essayer de la changer pour qu'elle soit plus humaine, moins froide ?

En bref, un petit récit très court mais très percutant, qui a su me surprendre et me faire oublier mes appréhensions premières. Une ode à la liberté et à l'amitié qui invite à profiter du moment présent et à se vider l'esprit de tout ce qui l'encombre inutilement … mais aussi à se questionner sur le bien-fondé de certains comportements de notre société. S'il risque d'ennuyer les lecteurs amoureux des intrigues pleines de rebondissements et d'actions, il fera la joie de ceux qui apprécient les réflexions sur la vie, le monde … Je le conseille tout particulièrement aux plus jeunes lecteurs de par sa petite taille : peut-être cet ouvrage leur donnera-t-il envie de faire bouger les choses, pour que notre société n'oublie pas l'importance du partage et de l'échange, pour que chacun se préoccupe des autres et non plus uniquement de lui-même …

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J''ai passé un très bon moment avec cette lecture ! Effectivement, on aurait pu croire à une simple fugue d'adolescents... qui se mettent à courir et qui ne s'arrêtent plus... Cette aventure d'une durée d'une semaine est haletante, entre moments enthousiastes et de désillusion. le quotidien difficile des deux ados serait-il la raison de leur course sans but ? Non, on ne connait pas - au départ - la raison de leur "fuite". Les vies de chacun n'apparaissent que peu de fois, et c'est toujours fait en filigrane. Pendant une semaine, nous découvrons en même temps que nos deux héros une France aux milieux différents. Un roman étrange, riche en réflexions. A lire !
Lien : http://capocapesdoc.over-blo..
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Un matin, soudainement et sans concertation, Tony et Antoine, se mettent à courir. Et au lieu de s'arrêter au collège, ils continuent leur course.

Ce roman retrace cette longue course, racontée par Antoine. Une course qui permet aux deux adolescents de s'échapper un moment d'une dure réalité : la menace d'expulsion pour Tony, les coups de son père pour Antoine. Une course qui peu à peu prendra tout son sens.

On suit avec intérêt ce récit initiatique original, le parcours de ces deux ados, le monologue intérieur d'Antoine, ses réflexions, simples mais réalistes sur sa vie, le monde qui l'entoure. Un beau message final. A partir de 14 ans, jusqu'au lycée.

Un bémol cependant au sujet de la couverture, pas très attractive à mon goût (autant j'aime souvent les textes chez L'école des Loisirs, autant j'adhère rarement aux couvertures. Il vaut mieux ça que l'inverse, ceci dit...).
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Ce matin-là, sans presque se concerter, les deux Tony se mettent à courir. Ils traversent les zones commerciales, les routes, les champs, les villes, suivent la mer, volent pour manger, dorment où ils le peuvent. L'un fuit la situation de sa famille de réfugiés menacés d'expulsion, l'autre les coups quotidiens de son père et l'impassibilité de sa mère. Ils rencontrent souvent l'agressivité des hommes, celle contre eux et celle contre la nature - pollutions de toutes sortes.
Le narrateur rêve de devenir écrivain, poète. Et ce roman est souvent poème, au rythme de la course de ces garçons.
Un très beau livre à ne pas réserver aux adolescents.
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Rencontré dans Tenir debout dans la nuit , je suis tombé en amour avec la plume simple mais puissante d'Eric Pessan. Il présente des sujets de société sans ménager son lecteur, sachant pertinemment que même s'il écrit de la littérature jeunesse, cela ne sert à rien de rendre son monde contemporain idyllique.

Aussi loin que possible nous narre l'histoire de deux adolescents, Tony et Antoine, qui, en partant au collège, décident de faire la course. le truc, c'est qu'ils ne s'arrêtent pas. Ce sont deux adolescents comme nous ont l'a été, à défaut que l'un est sur le point de se faire expulser en Ukraine et l'autre se fait battre par son père. Ils sont amis mais tous les deux très pudiques sur ce qu'ils se passent dans leur vie. Ils sont extrêmement touchants et je les trouve très réalistes.
Une fois de plus, Eric Pessan fait un sans fautes avec les thèmes abordés dans son roman. J'ai énormément apprécier lire le fossé entre les informations contre les violences familiales – où les enfants des photos sont criblés de bleus – et le vécu d'Antoine – qui se dit pas concerné car il se prend juste des claques. Cette représentativité fait du bien, surtout dans un ouvrage destiné à des jeunes qui sont peut-être concernés.

J'aurai jamais cru apprécier une lecture où c'est deux cents pages de deux jeunes qui courent. Comme je l'ai déjà mentionné, Aussi loin que possible est un peu plus que cela. C'est une ode à la liberté, au fait de grandir et de faire ses propres choix, de se sortir du joug (autant positif que négatif) parental. En courant, Antoine et Tony grandissent.
La plume d'Eric Pessan leur fait justice. Nous sommes dans la tête d'Antoine, il y a peu de dialogues, rendant l'ouvrage aussi palpitant qu'un coeur en pleine course. C'est un livre qui se lit vite, qui surprend et secoue. J'ai malgré tout trouvé la fin très blanche pour un livre qui nous dit gris tout le long de ses pages.

Aussi loin que possible est une nouvelle réussite d'Eric Pessan, un roman frais et coup de poings, parlant de sujets forts et d'actualité avec une sensibilité délicate. Je le recommande vivement.
Lien : https://lamouchequilouche.wo..
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Un très beau texte sur le courage et l'amitié qui aborde des thématiques fortes et d'actualité : immigration, expulsion, enfants battus. Roman rythmé avec des chapitres courts qui se lit d'une traite. Les deux garçons sont attachants, on aime les suivre dans cette course pleine d'espoir et les voir évoluer au fil des pages.
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C'est une très belle histoire qui nous relate un petit morceau de vie de ces deux jeunes ados.
Ce n'est pas une fugue, car rien n'était prévu. Ils se sont mis à courir pour s'amuser, pour faire la course. Et ils ont continué parce que, malmenés par la vie, ils avaient besoin de laisser leurs gros soucis derrière eux autant que leurs sacs à dos. Eric Pessan nous parle en effet de deux sujets graves (l'expulsion et la violence familiale), mais tout en simplicité et avec justesse, avec des mots d'ados.
Chronique complète sur mon blog !
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Voici un roman bref et intense qui narre la fugue courue de deux adolescents. L'un parce qu'il est maltraité par son père, l'autre parce que sa famille est menacée d'expulsion. le roman est très dynamique, il est construit du point de vue de l'un des deux protagonistes. Une belle échappée sensible et expressive.
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J'ai bien aimé ce roman car l'histoire des deux garçons qui courent ensemble m'a touché. J'ai bien aimé le fait que personne ne les croient lorsqu'ils racontent pourquoi ils courent. J'ai trouvé un défaut au livre : il n'y a pas assez d'actions surtout au début.
O.K de V.H
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Ce roman, c'est l'histoire d'une course. Pas d'une course contre la montre, d'une course contre le temps, celui qui oblige ces adolescents à se lever le matin, partir au collège et à rentrer le soir chez soi dans une famille que l'on apprécie ou pas. C'est le temps que l'on voudrait oublier et laisser derrière soi pour vivre l'instant avec un grand V et un grand I sans se préoccuper des conséquences.

Ce roman, c'est aussi l'histoire d'une amitié, celle de Tony et Antoine, d'abord liés par leurs prénoms puis par leur voisinage et enfin par cette solidarité qui vous pousse à aider sans demander. C'est une amitié indéfectible qui les a mené à se lancer un défi, aller toujours plus loin et essayer de trouver des réponses à des questions d'avenir qui ne semblent pas en avoir.

Ce roman, c'est enfin la voix d'Antoine qui nous livre sa version des faits, les moments d'euphorie, de doute, de peur aussi. On apprend les détails de leur course, les petits délits, les crampes, la sueur et les questions qu'il se pose sur son père violent et sur la situation problématique de son ami, bientôt expulsé avec sa famille.

Ce roman, c'est vraiment une belle histoire qu'il serait dommage de rater.
Lien : http://boumabib.fr/2016/06/1..
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