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The Fade Out tome 1 sur 3
EAN : 9781632151711
120 pages
Image Comics (10/03/2015)
4.33/5   3 notes
Résumé :
“A fun, fast read that is fully engaging. The multiple story lines and deeply flawed characters will keep the reader invested. Some of the content is for a mature audience, but this should not deter a worthy library purchase. For fans of Brubaker and Phillips, film noir, and Golden Age Hollywood stories.” - Library Journal (Starred)
Brubaker and Phillips' newest hit series, The Fade Out, is an epic noir set in the world of noir itself, the backlots and bars o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre, et complète en 3 tomes. Il comprend les épisodes 1 à 4, initialement publiés en 2014, écrits par Ed Brubaker, dessinés et encrés par Sean Phillips, avec une mise en couleurs réalisée par Elizabeth Breitweiser. le précédent projet de Brubaker & Phillips était Fatale, en 24 épisodes, soit 5 tomes souples à commencer par Death chases me, ou 2 tomes dit Deluxe Fatale Deluxe Edition Volume 1 & Fatale Deluxe Edition Volume 2.

Le tome s'ouvre avec un trombinoscope de 16 personnages (dont Clark Gable). À Los Angeles, à l'automne 1948, Charlie Parish (un scénariste de film) se réveille tout habillé dans une baignoire. En reprenant progressivement conscience, il se souvient des blackouts sur la ville, peu après l'attaque de Pearl Harbour, alors que tout le monde pensait que des avions japonais chercheraient à bombarder des grands centres urbains de la côte ouest. Tout à fait réveillé, il se lève et quitte cette maison qui n'est pas la sienne. Dans la grande pièce, il découvre le cadavre de Valeria Sommers ; dans les toilettes il constate qu'il a du sang sur les mains. Il ne se souvient plus de ce qui s'est passé.

Le lendemain matin, dans les bureaux des studios, c'est Dottie Quinn, la responsable des relations publiques, qui apprend la nouvelle de la mort de Valerie Sommers, le premier rôle du film en cours de production. Elle va réveiller Charlie Parish, écroulé dans le canapé de son bureau. Il aperçoit le réalisateur Franz Schmitt en train d'houspiller les acteurs. Il se rend dans le bureau de Phil Brodsky (le responsable de la sécurité qui lui apprend la nouvelle). de retour chez lui, il rapporte la nouvelle à Gil Mason, son collègue scénariste.

Depuis plusieurs séries maintenant, Ed Brubaker et Sean Phillips collaborent ensemble et ils se sont fait une spécialité de raconter des histoires s'inscrivant dans le genre Noir, croisées éventuellement avec un autre genre (polar pour la série Criminal, superhéros & espionnage pour la série Incognito, surnaturel et monstres du dehors pour Fatale). Avec la quatrième de couverture, le lecteur comprend qu'il s'agit ici d'un roman Noir (meurtre d'une jeune femme, magouilles, alcool) croisé avec une reconstitution historique, celle d'un studio hollywoodien, 3 ans après la fin de la seconde guerre mondiale.

Comme à son habitude, le scénariste maîtrise les conventions associées au genre Noir. Il s'agit du meurtre d'une belle poupée qui avait encore la vie devant elle. le personnage a un passé trouble qui n'est révélé que par bribe. Il exerce une profession un peu secondaire, celle de scénariste ; ce n'est pas lui qui est en haut de l'affiche sous la lumière des projecteurs. Il n'est pas tenu en haute estime par le réalisateur qui ne voit en lui qu'un individu corvéable à merci pour réécrire les scènes tant et plus. En prime il éprouve des difficultés à écrire. Pour faire bonne mesure, Charlie Parish fume comme un pompier et picole beaucoup trop. Enfin, il comprend immédiatement qu'il ne doit pas être associé à ce meurtre, et que le ou les assassins grenouillent dans un milieu trouble et dangereux.

Lorsque le lecteur découvre le trombinoscope de 16 protagonistes, il commence par se dire que c'est une attention prévenante de la part des auteurs, puis il s'inquiète de l'effort à fournir pour retenir autant de personnages. À la lecture, il constate qu'il a affaire à 2 narrateurs chevronnés maîtrisant leur art. Les personnages sont présentés progressivement. Ils disposent tous de caractéristiques visuelles qui permettent de les mémoriser facilement : apparence physique, façon de s'habiller, position sociale, expression du visage. le lecteur a l'impression de voir évoluer des individus pleinement incarnés, de les côtoyer comme s'il les croisait en vrai, voir leur apparence, voir les petits signes indiquant un léger décalage entre ce qui est dit et ce qui est ressenti. le temps d'une séquence, un dialogue en révèle plus sur un espoir ou une fêlure, sur un élément de leur passé.

En bon romancier, Ed Brubaker écrit des personnages qui ont une histoire, un passé, qui ont vécu. Quand le lecteur découvre que cette histoire se déroule en 1948, il a la puce à l'oreille. Effectivement Ed Burbaker manie avec adresse les implications concernant les activités précédentes de ses personnages, ainsi que celles d'une certaine commission d'enquête (HUAC). Comme les meilleurs auteurs de polar, le scénariste développe une intrigue bien retorse qui sert de révélateur aux turpitudes sociétales et historiques du milieu dans lequel elle se déroule. le lecteur est emporté par le caractère des protagonistes, par le mal être existentiel du personnage principal (et de quelques autres), par la position bien établie des anciens, par les espoirs et les compromissions des plus jeunes, par les forces sous-jacentes (historiques et politiques). L'auteur raconte avant tout une histoire, une enquête, la narration présente donc une forme première qui est divertissante. Juste sous la surface, sans alourdir l'histoire, sans devenir un prêche, les observations et les commentaires sur la nature humaine, sur l'histoire sont bien présents.

Au vu de la force de l'intrigue, des personnages et des thèmes, il est facile de ne pas remarquer le travail effectué par Sean Phillips. Bien sûr, cette particularité tient au fait que le récit aurait pu être réalisé par une seule et même personne du fait de la cohérence parfaite entre les 2 narrateurs. Comme à son habitude, l'artiste accentue un peu les traits noirs qu'ils soient de contour, ou pour modeler une surface. Il exagère les aplats de noir, plus que ne le justifie l'éclairage de la scène pour donner plus de poids à ses dessins, et pour respecter la nécessité que la narration graphique soit noire, comme le genre du récit.

En regardant les visages, le lecteur est ensorcelé par ces têtes, et la façon dont Phillips les dessine. Il n'hésite pas alourdir un peu les contours pour ceux des hommes, à appliquer un trait un peu épais sur la joue ou sur le front pour montrer la force du sentiment de l'individu, la noirceur de son état d'esprit, les marques du temps. Par contraste, les visages des femmes sont lisses, un peu arrondis, presqu'angéliques. Mais à bien y regarder, les expressions qui s'inscrivent sur les uns comme sur les autres sont complexes, ambigües, parfois énigmatiques. Indubitablement le dessinateur participe pour beaucoup à définir le caractère des personnages. Les expressions des visages de Charlie Parish (le scénariste) et de Phil Brodsky ne sont pas de même nature. Elles appartiennent à des individus à la personnalité différente, au vécu différent.

Le lecteur est également captivé par les décors. Parfois Phillips donne l'impression d'en avoir dessiné une partie à la hâte, avec des traits pas très droits, ou pas très parallèles alors qu'ils devraient l'être. Mais en y regardant de plus près, cette façon de dessiner donne une impression de spontanéité, alors que chaque élément du dessin est soigneusement pesé avant d'entrer dans la composition. Ainsi la reconstitution historique est impressionnante de précision, sans pour autant donner l'impression de surcharger les cases. le lecteur peut admirer les robes, les chemises bien blanches, quelques sous-vêtements, les costumes impeccables même quand ils sont bon marché, etc. Les bâtiments sont d'époque, la logique de l'urbanisme est respectée. Les aménagements intérieurs sont en cohérence avec la fonction de la pièce, le budget de son propriétaire. Les accessoires sont également authentiques, et placés comme s'ils étaient vraiment utilisés, plutôt que pour occuper de l'espace.

Le travail en phase des 2 narrateurs aboutit à des séquences d'une grande cohérence, à une narration d'une voix unique. le lecteur voit des personnages avec un comportement autodestructeur, sans que le scénariste n'ait besoin d'attirer l'attention dessus, avec des dialogues, ou avec une cellule de texte. le nombre de bouteilles descendues de clopes allumées atteste de ces comportements à risque. Brubaker et Phillips s'amusent à détourner l'attention du lecteur avec une certaine rouerie. Ainsi la présentation de l'acteur jouant l'homme invisible est trop franche pour être honnête. La fusion entre scénariste et dessinateur fonctionne tellement bien que le lecteur a l'impression d'avoir lu ce tome en quelques minutes, pour un grand plaisir de lecture facile. Ce n'est qu'en resongeant à tout ce qui s'est passé, au nombre de personnages, à la complexité de la situation, aux enjeux, à l'incidence du contexte historique, que le lecteur se rend compte de tout ce qu'il assimilé sans peine.

Avec ce premier acte, le lecteur retrouve Ed Burbaker & Sean Phillips au sommet de leur art. Comme les plus grands auteurs de roman noir, ils en utilisent les conventions pour mieux servir leur propos, sans en être esclaves. À l'instar de Ross Macdonald, ils savent plonger des personnages bien incarnés dans des lieux concrets participant à modeler leur vie, à évoquer les différentes strates de la société, ainsi que les différentes générations, sans oublier le poids de l'Histoire.
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Merci à Emmanuel pour le montage et ClemB pour l'habillage sonore.
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