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Jean-Jacques Pauvert (Autre)André Pieyre de Mandiargues (Autre)Annie Le Brun (Autre)
EAN : 9782705004941
186 pages
Garnier (30/11/-1)
5/5   1 notes
Résumé :
‎Lectures érotiques de Jean-Jacques Pauvert. Deux textes: Anonyme "Le con D'Irène" texte d'Aragon, préfaces de J-J. Pauvert et André-Pieyre de Mandiargues, suivi d'un texte de J. Bruyère, "Roger ou Les à-côtés de l'ombrelle", préface d'Annie Le Brun. ‎
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le regard des amants délimite entre les deux termes du couple une zone où l’attention se concentre et se dénouent les personnalités. C’est à ces confins, quand la lumière des désirs se décompose du rouge délire au violet conscience, que le miracle sensible insensiblement se produit. Alors alors... mais n’anticipons pas.
Pour l’instant que je t’introduis, lecteur, — toi qui payas si cher la semaine dernière le droit d’assister au moyen d’un périscope à une scène assez brève que du fond du caveau où l’on t’avait caché tu pris pour une exaltation authentique de l’âme humaine, mais pas du tout : ce pâle attelage faubourien qu’on avait fardé par avance dans la crainte que la pitié ne te saisisse, toi ou quelque autre, car ce n’était pas toi précisément qu’on attendait, à la vue de ce que la débauche et la mauvaise nourriture peuvent faire quand elles s’y mettent, avait appris par une triste expérience quotidienne l’art de feindre la volupté sans en éprouver la morsure — dans la chambre d’Irène, oui c’est Irène qui fait l’amour. Je la reconnais bien, même nue, elle a les seins un peu longs pour mon goût. Pour l’homme, il me tourne le dos : je n’arrive pas à mettre un nom dessus, et d’ailleurs si j’ai eu l’occasion de rencontrer ce corps quelque part, c’était sans doute sous un vêtement et pour moi le vêtement fait la personnalité de l’homme sinon celle de la femme. Un homme nu s’il a de la barbe, je crois voir Jésus-Christ. Mais celui qui écartait les cuisses au-dessus d’Irène et la chevauchait durement, quand il se soulève j’aperçois quatre seins qui hésitent à s’abandonner les uns les autres, si j’en juge par de petits mouvements latéraux de ses mâchoires, était complètement rasé. À moins qu’il n’eût une impériale ou une moustache à l’américaine. Prenant point d’appui sur son bras gauche, la main sur le flanc droit d’Irène. La main droite happant à rebours l’épaule gauche de la femme. Faisant l’effet d’être très amoureux. Murmurant ah me sens-tu bien. Elle d’abord peureuse on dirait, d’abord freinant, puis se laissant aller, suivant, provoquant, exagérant la course. La voilà qui s’emballe.
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Que j’aime voir ton con rebondir.

Comme il se tend vers nos yeux, comme il bombe, attirant et gonflé, avec sa chevelure d’où sort, pareil aux trois déesses nues au-dessus des arbres du Mont Ida, l’éclat incomparable du ventre et des deux cuisses. Touchez mais touchez donc : vous ne sauriez faire un meilleur emploi de vos mains. Touchez ce sourire voluptueux, dessinez de vos doigts l’hiatus ravissant. Là : que vos deux paumes immobiles, vos phalanges éprises à cette courbe avancée se joignent vers le point le plus dur, le meilleur, qui soulève l’ogive sainte à son sommet, ô mon église. Ne bougez plus, restez, et maintenant avec deux pouces caresseurs, profitez de la bonne volonté de cette enfant lassée, enfoncez, avec vos deux pouces caresseurs écartez doucement, plus doucement, les belles lèvres, avec vos deux pouces caresseurs, vos deux pouces. Et maintenant, salut à toi, palais rose, écrin pâle, alcôve un peu défaite par la joie grave de l’amour, vulve dans son ampleur à l’instant apparue. Sous le satin griffé de l’aurore, la couleur de l’été quand on ferme les yeux.
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C’est au tour du mâle de modérer la mâtine. Hé là pas si fort. Il ne veut pas jouir encore, ou plutôt il veut jouir tout à son aise du désir qu’il éprouve, qui le précipite et qu’il retient. Il ne reste au fond du plaisir qu’un souvenir faible, reflet regret, du désir qui en fut la source. Lecteur quand tu feras l’amour, arrête-toi ainsi. Mais Irène ne l’entend pas de cette oreille. Elle pousse des reins, comme on pousse des cris. Elle agite circulairement le bassin et le ventre, elle s’arque, ses cuisses s’entrouvrent et vont se coller au membre de l’homme immobilisé. Lui d’un geste magnifique recule et montre à sa compagne que l’envie qu’il a d’elle n’a pas décru : il sort du réduit convulsif une queue énorme et fumante. Celle-ci n’en prend pas son parti, elle se redresse et frémit quand son extrémité sensible abandonne en frottant l’entrée de l’antre qui la poursuit. Les couilles tirées battent mollement le con. Jeune bourgeois, ouvrier laborieux, et toi, haut fonctionnaire de cette République, je vous permets de jeter un regard sur le con d’Irène.
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C’est dans ce sillage humain que les navires enfin perdus, leur machinerie désormais inutilisable, revenant à l’enfance des voyages, dressent à un mât de fortune la voilure du désespoir. Entre les poils frisés comme la chair est belle : sous cette broderie bien partagée par la hache amoureuse, amoureusement la peau apparaît pure, écumeuse, lactée. Et les plis joints d’abord des grandes lèvres bâillent. Charmantes lèvres, votre bouche est pareille à celle d’un visage qui se penche sur un dormeur, non pas transverse et parallèle à toutes les bouches du monde, mais fine et longue, et cruciale aux lèvres parleuses qui la tentent dans leur silence, prête à un long baiser ponctuel, lèvres ado­rables qui avez su donner aux baisers un sens nou­veau et terrible, un sens à jamais perverti .
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Le Con d'Irène
Louis Aragon

"Poissons poissons c'est moi, je vous appelle : jolies mains agiles dans l'eau. Poissons vous ressemblez à la mythologie. Vos amours sont parfaites et vos ardeurs inexplicables. Vous ne vous approchez pas de vos femelles et vous voici l'enthousiasme à l'idée seule de la semence qui vous suit comme un fil, à l'idée du dépôt mystérieux que fit dans l'ombre des eaux luisantes une sourde exaltation muette, anonyme. Poissons vous n'échangez pas de lettres d'amour, vous trouvez vos désirs dans votre propre élégance. Souples masturbateur des deux sexes, poissons, je m'incline devant le vertige de vos sens. Plût au ciel, plût à la terre que j'eusse le pouvoir de sortir ainsi de moi-même. Que de crimes évités, que de drames repliés dans le trou du souffleur. Vos transports transparents, mort du Christ ah que je les envie. Chères divinités des profondeurs, je m'étire et je me démène si je pense un instant à l'instant de votre esprit où se forme la belle plante marine de la volupté don les branches se ramifient dans vos êtres subtils, tandis que l'eau vibre autour de vos solitudes et fait entendre un chant de rides vers les rives. Poissons poissons, promptes images du plaisir, purs symboles des pollutions involontaires, je vous aime et je vous invoque, poissons pareils aux montgolfières. Jetez au creux de vos sillages un lest passionnel, signe de votre grandeur intellectuelle.

Poissons poissons poissons poissons.

Mais l'homme aussi fait parfois l'amour".
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Vidéo de Jean-Jacques Pauvert
Radioscopie.Entretien avec Jacques Chancel le 8 mai 1979. Jean-Jacques Pauvert, éditeur : au Festival du Livre à Nice.
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