Livre enthousiasmant au possible.
Le pari : le cinéma, le western en particulier, est un objet d'étude aussi pertinent que la littérature, la philosophie, pour explorer certains grands stéréotypes politiques des sociétés humaines.
Dans un style enlevé (ce sont des conférences à la base), utilisant un vocabulaire accessible et usant d'un véritable talent de pédagogie, l'auteur nous emmène dans l'Ouest étasunien et analyse le sens à donner aux films qui constituent le fond classique de ce genre.
Cette démonstration s'appuie sur trois oeuvres maîtresses mais en en cite énormément d'autres.
"La rivière rouge" (
Howard Hawks, 1948) évoque la fondation au Texas de l'immense ranch King et la création de la piste Chisholm et interroge le droit de gouverner.
"L'Homme qui tua Liberty Valance" (
John Ford) permet d'analyser l'idée que l'établissement de quelque ordre légal que ce soit, quelle qu'en soit la doctrine,même libérale, commence par un acte illégal, violent et brutal. Il reste à la société un moyen de s'inventer une mémoire nationale qui valide cela a posteriori.
"La Prisonnière du désert" (Encore
John Ford) rappelle à tous que le territoire des États-Unis trouve son origine dans une guerre génocidaire contre les peuples autochtones, gagnée grâce au racisme de personnages semblables à celui interprété par John Wayne dans ce film.
Parsemé de photos de scènes mythiques ou très étudiées (le contre-jour de "la prisonnière du désert") ce livre donne envie de revoir ces trois classiques (au moins) après avoir réfléchi aux sens dévoilés et mis en lumière (décidément ! ) par l'auteur de ce livre remarquable.