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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je n'aurais jamais dû accepter l'invitation de cet ami d'enfance, un certain Roderick Usher. Il m'invitait à venir séjourner quelques temps dans sa demeure, la fameuse Maison Usher. Oui vous savez, c'est cette grande maison là-bas sur la droite, quand on dépasse les premières collines du comté... Dans sa lettre d'invitation, il m'évoquait un mal qui l'oppressait. Pourtant, c'est bien moi qui ai ressenti un malaise lorsque j'arrivai à proximité des lieux où il résidait.
À peine arrivé à la Maison Usher, et à la vue du domaine, - un manoir austère qui m'impressionna tout de suite par son étrange présence dans le paysage, posé presque comme une énorme verrue, j'ai ressenti une profonde angoisse. Entrant dans la grande demeure de cet ami, - certes je ne l'avais pas vu depuis longtemps, cependant j'ai eu de la peine à le reconnaître tant sa physionomie était modifiée par sa maladie. Il souffrait d'un mal étrange, j'ai pensé à un mal héréditaire, car sa soeur aussi, sa soeur jumelle Madeline, qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, souffrait également de ce même mal singulier.
Hélas, je n'ai pas eu le plaisir de connaître la fameuse Madeline... Madeline, elle ne m'a pas attendu, elle était comme invisible dans les lieux... Je la cherchais pourtant, errant dans les couloirs sans trop en faire, vous connaissez ma discrétion... En même temps, le teint maladif de Madeline ne m'incitait guère à imaginer la prendre par la main, courir ensemble, vagabonder dans les prés et les bois alentours et tutti quanti...
Quelques jours plus tard, résidant encore chez Roderick Usher, je ne fus pas étonné lorsqu'il m'annonça le décès brutal de sa soeur, ma surprise vint seulement de son désir macabre de vouloir conserver son corps durant quinze jours dans un caveau en attendant de procéder à l'enterrement définitif...
Je ne sais pas si je peux vous évoquer la suite, d'ailleurs vous ne me croiriez pas. Moi-même je ne crois pas ce qu'il m'est advenu. J'ai cru devenir fou, je crois bien l'être devenu totalement. C'est si facile aujourd'hui de penser que je n'aurais jamais dû accepter cette invitation...
À moins que toute cette histoire ait été inventée, inventée par quelqu'un de plus fou que Roderick Usher, de plus fou que sa soeur Madeline, de plus fou que moi qui suis désormais en train de perdre la raison en tentant de vous raconter ce récit...
C'est un récit insensé, beau, angoissant, minéral comme la pierre qui peut sceller à jamais l'impossible, ou du moins tenter de le faire...
Je tente ce soir de poser des mots sur cette page, je m'y suis repris à plusieurs fois, j'ai abandonné ce texte, j'y suis revenu, comme une main écartant désespérément de l'intérieur la dalle qui referme un tombeau, j'y suis revenu avec mes mains en sang, je le sais il y a encore des traces sur le papier...
Poe, Edgar Poe, Edgar Allan Poe... je vous en veux cher ami, quel que soit l'endroit d'où vous venez, quel que soit le dessein qui vous ait motivé d'imaginer cette histoire, ce beau texte, - on dit d'ailleurs que c'est l'un de vos plus beaux textes, cette puissance d'évocation dans les mots et qui me hante à jamais... Vous avez réussi votre coup, cher ami !
J'avais beau me dire que tout ce récit était inventé, j'ai compris plus tard, longtemps après qu'il n'en était rien...
Je l'ai compris à ces quelques détails qu'il me paraît difficile de vous révéler ici...
Je l'ai notamment compris en quittant le domaine Usher peut-être pour la dernière fois, ce soir-là... J'étais pressé de repartir chez moi, d'autant plus qu'ils annonçaient une mobilisation d'agriculteurs mécontents et des barrages routiers ici et là...
Je l'ai compris dans cette vision sidérante qui vous fait brusquement passer d'un versant à l'autre, comme si on passait du monde des vivants à celui des morts...
Je me suis retourné... et j'ai vu alors... les pages de mon livre s'effondrer sous mes doigts, se fissurer, se vider de ces mots ciselés à l'épure, gothiques à souhait et qui devenaient cendres et poussières... sable à jamais sous mes paupières que le sommeil emportait déjà vers d'autres rivages... Je suis alors redevenu brusquement un simple lecteur qui se souvenait de cette lecture, La chute de la Maison Usher.
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. Nouvelle de 1839 traduite par Baudelaire en 1855 .L'une des plus célèbres nouvelles de l'auteur. le narrateur répondant à l'appel d'un ancien camarade ,Roderick Usher , vient le visiter dans son sinistre manoir . Cet aristocrate , dernier de sa race et plongé dans des études ésotériques,, y vit en compagnie de sa jumelle Madeline affligée d'une étrange maladie . Dès le début ,par la description de la maison Usher et le portrait de son propriétaire ,Poe s'attache avec brio à créer une ambiance angoissante ,hantée par la mort qui s'achemine inéluctablement vers la chute. Une parfaite réussite.
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Avant la sortie de la chute de la Maison Usher sur Netflix, j'ai voulu me replonger dans ce texte très court, très sombre, fantasmagorique, probablement l'un des meilleurs et des plus frappants d'Edgar Allan Poe. C'est au travers de cette nouvelle que la force évocatrice de son génie est à son paroxysme – lui qui, en moins de cinq pages, instaure une ambiance glaciale grâce à des descriptions minutieuses et un décor à la fois gothique et effrayant. C'est fabuleux, subtilement psychologique et profondément symbolique, qu'y soient évoquées les dégradations de la bâtisse ancestrale ou la maladie mentale de ses personnages.

Un must du genre.
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En 1986, Richard Corben réalise une adaptation de "La chute de la Maison Usher" d'Edgar Allan Poe (nouvelle publiée en 1839), contenue dans ce tome, avec 2 autres histoires courtes, à savoir une adaptation de "The raven" (un poème de Poe, paru en 1845, l'adaptation de Corben date de 1974) et "Shadow - a parable" (un court texte de Poe daté de 1850, l'adaptation de Corben date de 1975). Toutes les histoires sont en couleurs.

La chute de la Maison Usher (26 pages) - Il s'agit d'une adaptation, dans la mesure où Corben a réarrangé plusieurs séquences. Edgar Arnold, un gentilhomme à cheval, traverse une zone naturelle désolée, où la végétation a dépéri. Il remarque le squelette d'un cheval dans le sol. Il arrive en vue d'une imposante demeure isolée de tout et son cheval chute et se noie dans une étendue d'eau. Il arrive trempé dans le hall de la maison des Usher où il s'évanouit à la vue de cercueils vermoulus et de cadavres décomposés. Lorsqu'il reprend connaissance, il est allongé sur un divan, et Roderick Usher (son hôte) est en train de lui parler.

Tout au long de sa carrière, Richard Corben aura adapté des histoires d'Edgar Allan Poe (parfois plusieurs fois la même, c'est le cas pour le poème "Le corbeau"). Dans les années 2000, il a consacré un recueil à une nouvelle série d'adaptation : Haunt of horror - Edgar Allan Poe (en français L'antre de l'horreur). Ici il s'agit d'une adaptation réalisée entièrement par ses soins (sans l'aide d'un scénariste comme Chris Margopoulos), et en couleurs. Corben a transposé l'histoire de Poe en y incorporant ses propres obsessions. le premier signe d'une adaptation est qu'il donne un nom au narrateur (Edgar Arnold), alors que dans la nouvelle il reste anonyme. le deuxième signe d'une adaptation est le rôle plus important de Madeline, la soeur de Roderick, avec des scènes déshabillées (nudité frontale, sauf pour le sexe de la dame, avec hypertrophie mammaire chère à Corben). L'avantage de ce mode de transposition est que le lecteur a l'impression de lire une histoire en bandes dessinées, plutôt qu'un charcutage du texte originel illustré par des images accolées pour une narration séquentielle plus ou moins heurtée. La contrepartie est bien sûr que le lecteur ne retrouvera pas exactement l'atmosphère de la nouvelle, encore moins les saveurs de l'écriture d'Edgar Allan Poe.

Si l'histoire ne présente que peu de surprises pour quelqu'un connaissant déjà l'original de Poe, elle est très savoureuse, car il est visible que Corben a passé du temps sur ses planches et s'est bien amusé. Dès la première page, il est possible de reconnaître son style caractéristique (un mélange de réalisme pour les personnages et les vêtements, et d'exagération simplifiée pour une partie des décors) dans le contraste entre la végétation désolée et le regard affolé de la monture d'Arnold. Les pages 2 & 3 offrent une composition conçue à l'échelle de la double page, où il est possible de suivre le déplacement du personnage d'une page à l'autre, ainsi que la première vue de la Maison Usher (une photographie retouchée à la main), puis dans la case du bas s'étalant sur les 2 pages, la distance séparant le cavalier de son but. La page d'après est constituée d'un premier plan fixe en 4 cases montrant Arnold s'approchant de la Maison, puis d'un traveling avant en 5 cases de la largeur de la page vers la Maison, pendant que les onomatopées du bruitage laissent deviner la chute du cheval dans l'étendue d'eau. Tout au long de cette histoire, Corben va jouer avec la mise en page à l'échelle de chaque planche, pour des découpages de séquence aussi rigoureux qu'intelligents et efficaces.

Corben travaille également sur la composition de plusieurs cases pour qu'elles offrent un spectacle saisissant. Au fil des pages, le lecteur pourra se régaler du premier degré (et parfois du second degré) d'un visage à la chair putréfiée suite à son séjour sous terre puis dans l'eau putride, d'un brouillard épais pourpre se déversant par l'interstice de la porte ouverte dans la chambre d'Arnold, d'Usher et Arnold s'ennuyant ferme le soir à la veillée, des murs suintant une humeur fétide dans les sous-sols de la Maison, d'une vue du ciel de la Maison entourée d'eau, etc. En fait chaque page recèle plusieurs trouvailles graphiques aussi bien en termes de mise en page, que de dessins suscitant l'effroi ou un sourire soit jaune, soit moqueur.

Richard Corben s'approprie l'histoire d'Edgar Allan Poe pour y greffer ses obsessions (humour noir et macabre, et sensualité déviante), avec des visuels inventifs et maitrisés. Il réalise lui-même ses couleurs un peu moins exubérantes que d'habitude, mais très efficaces pour installer l'ambiance de chaque scène. Il s'agit d'une histoire à placer parmi les réussites exceptionnelles de Richard Corben. 5 étoiles.

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The Raven (Le corbeau, 8 pages) - Un homme est assis dans son fauteuil, dans une maison isolée. Il est en train de lire quand il entend du bruit à la porte, mais il n'y a personne. Peu de temps après, il entend du bruit à la fenêtre qu'il ouvre, et un corbeau en profite pour pénétrer dans la pièce et se percher sur un buste de Pallas. Alors que l'homme se met à parler à haute voix, le corbeau répond à chaque fois "Plus jamais" (Nevermore).

Il s'agit d'un poème de 18 strophes de 5 vers chacune, qui a rendu Poe célèbre et qui a bénéficié de nombreuses adaptations y compris au cinéma (une version de Roger Corman). À moins de reprendre les vers du poème, il est impossible de transcrire l'effet qu'ils produisent sur le lecteur. Corben se lance donc dans une adaptation de l'histoire mettant en scène de manière littérale le narrateur, sa confrontation avec le corbeau et l'image de sa défunte bien-aimée. Si vous n'avez jamais lu ce poème, cela vous donnera une idée de son argument, mais pas de l'intensité de la confrontation de sentiments contradictoires dans la psyché du narrateur. Si vous avez déjà lu ce poème, il apparaîtra que cette transposition souffre de sa forme littérale et qu'elle n'apporte rien à l'original. Même Corben semble être en mal d'inspiration pour transcrire les tourments intérieurs du narrateur sous forme visuelle, et son déchirement entre faire son deuil et garder le souvenir d'Elenore. J'ai de loin préféré la deuxième adaptation qu'il en a faite dans "Haunt of horror". 2 étoiles.

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"The shadow" (L'ombre, 8 pages) - Dans la Grèce antique, un groupe de 7 personnes est en train de s'adonner à des libations, dans une pièce barricadée, où repose un mort. Bientôt une ombre s'insinue dans la pièce, et dans l'esprit des convives.

Corben adapte cette fois-ci un court texte (65 lignes, 981 mots) et il en tire la substantifique moelle pour transcrire l'ambiance mortifère qui s'en dégage. Au travers d'images assez simples, le lecteur se sent envahi par cette atmosphère délétère et cet état d'esprit accablé par l'horreur de la situation à l'extérieur de la pièce. Même si les 7 convives sont bodybuildés, le jeu des acteurs et les images conçues par Corben transmettent au lecteur le caractère débilitant et morbide de la situation. 4 étoiles.
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Publiée en 1836 dans la revue Burton's Gentleman's Magazine, la nouvelle a ensuite été incluse dans le recueil « Nouvelles histoires extraordinaires », avant d'être traduite en français par Charles Baudelaire. Comme cela a toujours été le cas, l'écrivain a fait ici une démonstration radicale de son art, jouant à introduire la peur par l'intermédiaire de Roderick Usher, personnage décadent enfermé dans une vaste propriété et victime d'une lourde hérédité. Une nouvelle qui parle d'atavisme, de malédiction et qui, bien vite, est devenue un classique de l'horreur gothique !
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J'ai lu ce livre pour me faire ma propre idée de l'histoire avant de regarder la série sur NETFLIX.
On se retrouve plongé dans la manoir de Rodrigue USHER, riche industriel qui a tout réussi dans la vie et qui voit son monde littéralement s'écrouler. Avec des êtres étranges qui rôdent, un manoir lugubre et le propriétaire Rodrigue qui parle et raconte tout à son ami venu lui rendre visite.
Une histoire qui m'a fait penser à "Dracula" de Bran STOCKER.
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Cette version de la nouvelle de Poe (dont l'adaptation vient enfin de sortir sur Netflix au moment où j'écris cette chronique) est une bande dessinée en couleur, accompagnée d'un CD de musique (et sons) que, dans ma tête, je qualifie d'expérimentale, mais je ne sais pas si c'est le bon terme, et qui donne une ambiance anxiogène, allant très bien avec le sujet de la BD.
Un homme est appelé par un ami d'enfance, Roderick Usher, dans son manoir car d'une part, celui-ci est souffrant, et que d'autre part sa soeur jumelle Madeline est mourante. L'atmosphère est délétère, macabre et angoissante. Je ne vous raconte pas la suite, c'est un classique.
Le dessin rend plutôt bien lui aussi le côté gothique de l'histoire, la tendance malsaine qui se dégage de ce manoir et de cette famille Usher en perdition...
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Cette nouvelle est probablement celle où l'écriture de Poe est la plus torturée. Elle regorge de noirceur, je dirais qu'à certains moments elle est même franchement angoissante pour qui se plonge suffisamment dans son univers. La pression monte tout au long de la nouvelle, dans un style à la Rosemary's Baby (avis aux amateurs), et plus on avance dans la lecture, plus il devient dur de distinguer la folie de la réalité de l'histoire... En bref, c'est d'une main de maître que Poe décrit une vieille famille promise à l'extinction et sujette à tout le macabre qui s'y apparente.
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