- Fondons une société d'érudits et de philosophes travaillant séparément, chacun pour soi, dans son domaine propre, afin qu'ils ne perdent pas leur temps en discussions, mais partageant entre tous ce grand projet (...). Ensemble, ils écriront un livre sortant le monde de ses gonds, balayant la superstition et les préjugés qui ont répandu de si grands malheurs sur l'humanité. Un livre qui ne se contente pas de reproduire la vie telle qu'elle est, mais qui montre ce qu'elle pourrait et devrait être. Un livre pareil au Livre des Livres, pareil à la Bible, un authentique Nouveau Testament pour des temps nouveaux!
- Oh! Oh! s'étonna Le Breton, deviendrions-nous soudainement pieux?
- Oui, un livre pareil à la Bible, répéta Diderot, en même temps qui'il serait son exact contraire. La sainte écriture de la vie terrestre, un compendium de la félicité humaine.
(p. 53)
Les livres ne sont jamais inoffensifs.(...) Soit ils nous confortent, soit ils nous affaiblissent dans notre foi. Les uns nous distraient, et les autres nous édifient. De manière invisible, leurs leçons pénètrent dans nos coeurs et dans nos âmes pour y poursuivre leur oeuvre à jamais; nous respirons leur esprit comme on le ferait d'effluves bienfaisants ou empoisonnés. Ils peuvent être du plus grand profit comme ils peuvent entraîner les ruines les plus grandes, car les idées qu'ils propagent aujourd'hui engendreront les actes de demain.
(p. 70)
Peut-être avons-nous la force d'aimer véritablement une seule fois dans notre vie, la première fois, et ne faisons-nous, par la suite, que nous consoler de cette grande perte en nous livrant à de petites amourettes.
(p. 379)
Il s'ensuit que le véritable amour est extrêmement rare. Il en est comme de l'apparition des esprits : tout le monde en parle, peu de gens en ont vu!
(p. 224)