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Ils ne sont pas nombreux les types qui savent faire pousser des fleurs avec un stylo, pas plus que ceux qui parviennent à ouvrir leur cage aux oiseaux ou aux écoliers à coups de machines à écrire et de papier.
Ils sont encore moins ceux qui disent "merde" à la guerre, aux militaires et à l'hiver avec des arcs-en-ciel et des ronds de fumée.
Ils sont nombreux à parler d'amour, de vent et de liberté mais peu à le faire si bien avec des mots de tous les jours.
Ils sont un certain nombre à poser des couleurs sur le gris mais pas assez à l'étoiler.
Ils regrettent l'enfance et ils la chantent, mais en oubliant sa sauvagerie de fleurs de champs et sa beauté. Et son innocence, et ses rêves. Son insouciance.
Il y a eux.

Et puis il y a Prévert.
Et moi qui l'espace d'un recueil voudrais m'appeler Barbara. Ou Arletty.
Moi qui voudrais bien qu'à Paris on m'embrasse. Au parc Montsouris.
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Il est terrible le bruit de l'oeuf dur....

Oui il est terrible... et j'ai bien envie de te dire un truc Jacques... D'abord y a pas idée de crever juste après que je naisse.. Nan mais franchement ! Là t'as fait fort.. alors qu'on était du même quartier je te rencontrerais jamais, même si tu étais partout..

Ensuite tu permets que je te tutoies hein ?.. Ouais je sais que tu permettrais, j'ai rencontré jadis une dame, qui elle t'avait rencontré et tu l'avais renvoyé dans les cordes avec son Monsieur Prévert.. t'avais dit "Jacques voyons !" et elle avait rougit jusqu'à la racine de ses cheveux des étoiles dans les yeux.. nan je la comprends... moi je crois que j'aurais bafouillé en plus en me tortillant les doigts.

Et bin Jacques, faut le faire mais je t'emmènerais sur une île déserte.. et là c'est bizarre mais je t'entends me lancer un "Ah bon?!" et ouais...
limite tu rajoutes "c'est gentil, mais pourquoi faire ?".. oui c'est vrai que y a d'autres trucs à faire sur une île déserte.... Mais...

Pour me rappeler Jacques..
Me rappeler le pire comme le meilleur..

Me rappeler l'enfance, t'imagines pas comme les mômes ils ânonnent tes histoires de Barbara et de cancres et encore maintenant.. Même si je vais t'avouer, je trouves pas ça très intelligent, faire apprendre à des mômes un poème anti prof... "il dit non au professeur".. désolée mais ça c'est toujours resté... et je t'entends rire...

Me rappeler l'amitié.. la fraternité, et ton humanisme.. l'humanisme tout court...
me rappeler l'horreur... avec leurs crosses en l'air, et toutes leurs crosses...
Me rappeler l'ironie, la bienveillance, la douceur aussi..
Me souvenir des oiseaux, des chats, des ratons-laveur..
Me rappeler le beau, le drôle...
Pour ne pas oublier les assassins, les crétins, les malfrats...
Les grandes rigoles de sang, et les timides rayons de soleil..
Pour me rappeler l'amour...
Me souvenir d'une robe sur un lit, d'une orange pelée... d'un bouquet de fleur en attente du vainqueur...
Pour ne pas oublier le combat, le combat de l'humanité..
La peur la joie et la détresse... et la désobéissance.
Pour entendre de la musique...
Pour avoir du sel sur mes joues, ou un éclat de rire qui s'envole...

Pour me rappeler l'essentiel, Jacques...

Tu sais pour écrire ce truc, j'ai relu vite fait, histoire de pas me planter.. même si y en a que je connais par coeur... qui sont là... pour toujours..
Et bin Jacques tu me fous les poils !...
-Je te fous les poils ?
-ouais... je lis une ligne comme « Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens qui fait la chasse à l'enfant » et j'ai les poils.. y a tout qui se hérisse... et dedans y a tout qui valse, qui se noue, qui se tend.. parce que le dedans il connaît la suite avec les histoires de clés et les histoires de dents.. il a pas oublié... il oubliera jamais.. tu sais.

Et tu sais... et bien je vais te dire un truc.. un truc qui me noue la tripe, un truc qui me met en colère, en rage... Mais même maintenant.. tu sais..

Il est terrible le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain.. il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim...

Et bien c'est toujours d'actualité...
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Pour cette oeuvre, j'ai envie d'une critique courte, à l'image de certains des poèmes qui la composent. C'est enlevé, frais, plein d'esprit. Alternance de poèmes courts, d'autres beaucoup plus longs. Tour à tour drôles ou émouvants, souvent les deux à la fois, ces poèmes m'ont réellement plu. Tout ne m'a pas transcendé mais dans l'ensemble j'ai trouvé ce recueil incroyablement moderne. Certains vers sonnent tellement juste, il y a une vraie intelligence dans l'écriture. Beaucoup de positif concernant cette oeuvre, donc. Je n'ai pas l'impression de la "vendre" très bien (je ne suis pas très en verve aujourd'hui), mais je suis sûre d'une chose : ces Paroles n'ont pas besoin qu'on les vende.
Lien : http://lantredemesreves.blog..
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Des fenêtres ouvertes sur le ciel et les horizons, des instants de rêves pour des générations d'écolier, du vent, des couleurs, des animaux complices, des feuilles mortes ou vives, une ode à la vie ...
Des mots tendres, des mots graves, des mots qui rient, des mots qui soupirent et même des mots qui pleurent
Et toujours des mots qui s'aiment, qui rêvent, qui espèrent
Inutile d'attacher vos ceinture, on décolle en douceur
Nul besoin de bricoler des outils pour s'évader
C'est tout ça Jacques Prévert pour moi dans toutes les oeuvres que j'ai pu lire, entendre, voir
Ce n'est pas une critique sur ce livre en particulier
C'est un hommage à ce grand monsieur.
Inspirez .... espérez ... chut ... on respire
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C'est une musique d'enfance, de jeunesse, de vieillesse, d'amour, de colère et de chagrin. C'est aussi triste que gai. Féroce, un peu ; idéaliste, beaucoup. Ce n'est pas profond comme les limbes d'un esprit torturé, mais c'est plein de choses légères et libres qui s'accrochent à nous, pareilles à ces graines dans les champs qui se fixent discrètement à nos vêtements. On en retient toujours un poème, un vers, comme un souvenir affectif. C'est enfin l'humanité dans ses grâces vivantes et ses travers mortels.
Paroles de Prévert consacre un homme qui s'est toujours fait un devoir de rêver et faire rêver, qu'on soit Cancre, Baleine ou Barbara. Ce même Prévert dont les mots et l'atmosphère retentissent si merveilleusement dans le film Les Enfants du paradis, de Marcel Carné, dont il écrivit le scénario et les dialogues.
Pourquoi lire Paroles ? En copiant maladroitement Shakespeare, je répondrai : pour que nous nous convainquions que tout n'est pas pourri dans le royaume des hommes…
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Ayant de grosses lacunes en poésie, je m'efforce depuis plusieurs mois à les combler. Et Prévert m'a fait de l'oeil.
Et c'est un véritable coup de coeur. J'ai été extrêmement sensible à sa prose, et le pessimisme ambiant qui règne dans ses textes me convient à merveille.
Je regrette amèrement d'avoir laissé traîné quatre autres de ses livres sur le comptoir de mon fournisseur de livres d'occaz. Je m'arrête souvent à un livre, juste histoire de dire: "Je l'ai lu", mais là en revanche, j'ai vraiment envie de continuer l'aventure!
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Ces poèmes d'abord publiés séparément dans des revues ont été réunis en 1945 pour la première fois.
Dans ce recueil de poésie où le lecteur va aussi retrouver des chansons apprises à l'école, Prévert reprend ses thèmes de prédilection comme par exemple celui de la guerre, de l'amour, de la religion, de la vie en société, …
Le poète qui a toujours été un artiste révolté qui s'est battu pour les droits de l'homme et les droits sociaux mais aussi pour la préservation de la nature, se fait ici le porte-parole de toutes les formes de violence et se révolte comme il sait si bien le faire.
Ses mots nous touchent, nous émeuvent, nous amusent ou nous surprennent…
Il nous parle de la vie quotidienne, celle qu'il mène à Paris mais aussi des petites choses de la vie, de notre enfance.
Ecrit entre les deux-guerres ce recueil retrace bien à la fois l'atmosphère d'allégresse ambiante mais aussi d'inquiétude face à la montée des prix et à la crise économique mondiale la montée du nazisme et la possibilité qu'une seconde guerre éclate.
Parfois provocants, parfois ironiques, ses mots sont simples et compréhensibles par tous. Voilà pourquoi adultes et enfants les aiment pareillement…
Un recueil qui n'a pas pris une ride… et qui s'adresse à notre âme d'enfant !
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Désolé, je n'aime pas Prévert
Sauf deux poèmes
.
Foldingue
Absurde
Décousu
Des vérités à l'emporte pièce
Sans queue ni tête
Et moi j'aime bien
La queue et la tête.
.
Certes il y a de belles choses
Certes c'est philosophique
Certes il y a du vrai dans ce qu'il écrit
Contre la religion
Contre les riches
Contre l'opulence papale
Contre le travail à la chaîne
Qui me rappelle
A la ligne
Contre l'injustice
De ceux qui crèchent à huit dans la même chambre
Contre la guerre
Contre ceux qui envoient leur fils à la guerre
Dans l'indifférence
.
Tout ça mérite une révolution
.
Sur le même thème (Yarrow/ Stookey)
Graeme Allwright a 5 étoiles
;
"Quand tous les affamés
Et tous les opprimés
Entendront tous l'appel
Le cri de liberté
Toutes les chaînes brisées
Tomberont pour l'éternité"




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C'est loin de n'être que des mots, encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots. Comme c'est étrange de relire Paroles, je n'sais pas ce qui m'arrive ce soir, je te regarde, Prévert, comme pour la première fois. Je n'sais plus comment te dire (je n'ai rien que des mots) mais tu es cette belle histoire d'amour que je ne cesserai jamais de lire. Dans Paroles, il y a des mots faciles, des mots fragiles. C'était trop beau et c'est encore trop beau car tu es d'hier et de demain. de toujours tu es ma seule vérité mais c'est fini le temps des rêves, de tes rêves de paix, les souvenirs de l'entre-deux guerres se fanent aussi … Quand on les oublie. Moi, les mots tendres enrobés de douceur se posent sur ma bouche et sur mon coeur aussi. Et les paroles, tu les sèmes au vent …


Je vais prendre d'autres mots : mes mots, pour vous conseiller de (re)lire Prévert si le coeur vous en dit. Car il y a tant de simplicité chez lui, il est tellement authentique qu'il en est limpide, et c'est tellement rare chez les surréalistes d'être lisible, compréhensible à tout à chacun ...

On ré(apprend) avec Prévert la vie et la poésie, et pour renouveler la poésie, pour la rafraîchir, il l'adresse à la jeunesse, aux enfants, comme à ceux qui ont toujours leurs âmes d'enfants. Dans « Fleurs et couronnes », le poète s'adresse à ceux qui s'adressent aux fleurs (ah ! ces idées communes qu'on peut avoir sur la poésie) mais il s'écarte du symbolisme des fleurs, trop complexe pour lui, et préconise là encore la simplicité, et nous invite à nous éloigner des « Pensées » (Adieu Blaise Pascal). Il propose ainsi tout au long du recueil plusieurs codes de lectures, il présente un manifeste poétique, un manifeste du surréalisme à la Prévert et il nous aide à réanimer les natures mortes, à faire du bouche à bouche à l'art. Quelle idée de peindre une pomme, dans une nature morte, Prévert préfère la manger la pomme, pour qu'elle puisse retrouver son sens pratique la pomme, pour qu'elle ait son utilisé, il lui faut de la substance à la pomme - voir la « Promenade de Picasso »). Dans « La lanterne magique de Picasso », Prévert nous facilite la lecture des oeuvres de Picasso ( il faudrait proposer ce poème dans les musées qui exposent le maître). Prévert célèbre ainsi l'art vivant, pour célébrer la vie, tout simplement. Et il n'a de cesse de s'indigner contre tout ce qui tue : l'école (qui tue les enfants dans l'oeuf), il vante les mérites des esprits libres, des cancres, et il s'indigne contre les langues mortes - il apprécie par contre les feuilles mortes. Il n'aime donc ni le latin (qu'il ne perd pas), ni le curé, ni même le pape et ne manque pas de faire quelques pieds-de-nez à la religion et c'est ainsi qu'il mène sa petite révolution, par le langage, avec beaucoup d'humour et de tendresse. Il mène une révolution poétique ET politique, et ce manifeste poétique est pacifique, par moments, anarchiste, à d'autres. Car il ne supporte pas de voir les enfants en classe, les travailleurs au travail, les puissants au pouvoir, on sent qu'il a envie de tout renverser à la fin, on sent qu'il a envie de libérer, d'ouvrir les portes et les cages, et c'est pourquoi, je crois, il nous propose une clé, de lecture, par la lecture.
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Je connaissais depuis l'école sans doute certains poèmes "Le Cancre", "Barbara", "L'Amiral"... mais je n'avais jamais pris le temps de lire ce recueil en entier.
Quelle erreur ! Car quelle découverte ! J'avais l'image de Prévert comme d'un poète pour enfant, un rimeur sympathique. Et je découvre dans ce recueil un anticlérical, anarchiste, sensuel et amoureux, finalement un homme épris de libertés.
Oui, la liberté d'aimer d'abord. Quelques poèmes assez courts célèbrent la beauté d'une femme - la même, ou une autre qu'importe, de façon subtile. Je dis subtile, car tout est sous-entendu dans la description "et puis tu te coucheras et je me coucherai près de toi" (Dans ma maison). Certains vers sont aussi presque érotiques en suscitant des images, en décrivant le rouge de la bouche, la blancheur d'un sein, la forme d'un corps allongé, ou une fille nue qui nage...
C'est aussi la liberté d'un anarchiste, qui salue les ouvriers, les travailleurs de l'ombre - veilleurs de nuit, balayeur... Il refuse la guerre, la domination coloniale, les formes de racisme. Il condamne les grands patrons, les profiteurs de guerre, les généraux... tout ceux qui donnent des ordres dans leurs propres intérêts, et qui sacrifient le peuple à la tâche comme au combat. C'est une dénonciation glaçante des dictateurs des années 30 - date d'écriture de la majorité des poèmes, même si certains ont été ensuite été écrits pendant la Seconde Guerre Mondiale, de leur mégalomanie, mais aussi de leur violence. Cette violence et cette brutalité imprègnent la société, il faudrait compter le nombre de poèmes qui évoquent des meurtriers et des cadavres se vidant de leur sang - on ne les apprend pas à l'école ceux-là... le recueil se termine donc par une évocation de Guernica, la ville bombardée et le tableau de Picasso.
Et parmi ces maîtres, il y a le pape, et il y a Dieu. Plusieurs longs poèmes manifestent une violence anti-cléricale d'une joyeuse irrévérence à laquelle je ne m'attendais pas, avec des accents rabelaisiens - l'évêque vomit dans le ruisseau, le pape caresse ses mules et pense à son dessert...
Face à cette violence et à cette domination de classe, il y a la figure de l'oiseau, ou des oiseaux, qui, avec les fleurs, incarnent la liberté et la beauté du monde, car désintéressés. Ce n'est pas pour rien que les cancres les aiment...
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