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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Beaucoup meurent trop tard, quelques-uns meurent trop tôt. Rien à signaler. du rouge partout. Rien à signaler. C'est le premier livre de cet auteur que je lis.J'ai mal à la tête qui cogne avec un sale goût de terre. Pedro ? Et qui saigne ? Chère Lama , tu reçois ma dernière lettre. J'ai constamment mal aux yeux. J'ai 26 ans mon vieux Corneille et je t'enmerde en attendant comme le chantait Brassens.
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Livre particulier que ce « Nietzsche au Paraguay » de Christophe et Nathalie Prince, paru aux éditions Flammarion.
Particulier, il l'est par son sujet : raconter l'histoire du projet dément du docteur Bernhard Förster (1843-1889), antisémite notoire, et de son épouse, Elisabeth Nietzsche (1846-1935), soeur du philosophe Friedrich Nietzsche (1844-1900).
Mêlant fiction et réalité, les auteurs font revivre « Nueva Germania », la Nouvelle Allemagne, la colonie censée être un lieu d'exil pour la race pure aryenne, un modèle de vie rurale mettant en valeur les qualités de la culture allemande et de la religion luthérienne.
La colonie fut fondée en 1886, mais le récit débute plus tard et se termine à la mort peu glorieuse du docteur Förster en 1889 (suicide dans un bordel de San Bernardino).
Bien que cela fut un fiasco total, il est à noter qu'aujourd'hui encore subsistent des descendants de ces colons et que Nueva Germania n'est pas rayée de la carte (voir vidéo édifiante sur you tube).

Particulier, ce livre l'est par sa forme.
Pour faire revivre cette réalité, les auteurs introduisent un témoin : l'aventurier Virginio Miramontes, capitaine sanguinaire.
Tantôt conspué pour ses actes ou agissements, tantôt utilisé pour sa connaissance du terrain, il est le contrepoint du docteur Förster.
D'autres personnages contrastent avec la noirceur ambiante : Madame Schulz et le petit indien rappelant Parsifal.
Très symbolique.

Par ailleurs, le récit est rythmé par des insertions : les fiches de caractérologie rédigées par Förster et des notices relatives au fil de fer barbelé, ces deux éléments faisant écho à ce qui se passera un demi-siècle plus tard avec les nazis.
(pour mémoire : Elisabeth Nietzsche adhérera au NSDAP en 1930 et A. Hitler se rendra à ses obsèques).
Autre insertion : des lettres de F. Nietzsche à sa soeur où l'on voit le philosophe, qui n'aimait guère le docteur Förster, sombrer progressivement dans la folie.

L'épilogue du livre se situe à Bâle où Nietszche vient d'être interné et où il sera question notamment de … barbelés.
(Elisabeth Nietszche, de retour en Allemagne, s'occupera de son frère et s'évertuera à faire connaitre son oeuvre d'une manière peu « orthodoxe »).

Particulier, ce roman l'est par son écriture : il se termine par une postface rédigée par la seule Nathalie Prince.
En effet, Christophe Prince est décédé en décembre 2017, c'est donc elle qui a poursuivi l'oeuvre de son mari.
Dans ce texte émouvant, elle lui rend un hommage vibrant et dévoile quelques secrets de fabrication qui entourent la rédaction du livre.
Toutes ces particularités - sujet, forme, écriture - rendent ce roman original et intrigant.
Le lecteur curieux tentera de démêler le vrai du faux en faisant des recherches sur le sujet et les protagonistes.
Une réussite éblouissante due à la créativité d'un couple de passionnés.

Cantus
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Entre documentaire et fiction, Nathalie et Christophe Prince nous livrent ici le récit fabuleux de Elisabeth Nietzsche et de son mari le Docteur Förster, mais surtout de leur camp, Nueva Germania, des individus qui le peuplent, appauvris et affamés, nourris de rêves d'une gloire allemande et antisémite, d'un renouveau pour leur race supérieure.

Le Docteur Förster, sa femme, et quelques familles allemandes ont colonisés une partie de la forêt paraguayenne, sans se soucier aucunement des populations autochtones vivant sur place. A la fois méprisées et rejetées de leur lieu de vie, ces populations deviennent rapidement les ennemis des habitants de Nueva Germania. Sans argent aucun, sur des terres hostiles et incultivables les allemands cherchent à vivre en paix et confortablement, mais n'y parviennent pas. C'est dans ce contexte de crise que le capitaine Miramontes, partie explorer la jungle, se retrouve. On découvre alors le camp, son origine, son but. On constate les débuts d'une société antisémite et totalitaire, tenant plus de la secte dirigée par un gourou, que d'un idéal de paix.

Que vous lisiez ce livre comme le roman d'aventures du capitaine Miramontes ou comme le récit historique du camp Nueva Germania, vous ne serez pas déçu. Les auteurs mêlent avec brio les documents, lettres de Nietzsche à sa soeur, extraits de carnet de bord, et éléments de fiction tout au long du récit. On suit le héros au travers de la jungle, de sa chaleur étouffante, de ses populations hostiles tout en en apprenant plus sur Friedrich Nietzsche et sur la folie qui lentement le consume.
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“Famille, je vous hais !”.

De nombreux écrivains auraient pu écrire cette phrase de Gide.

Je pense à Baudelaire qui a été aperçu dans les rues de Paris pendant l'émeute de 1848, criant “il faut tuer le général Aupick !”, son beau-père.

Je pense également à Balzac, que l'on aurait entendu dire: “Ah si vous saviez quelle femme était ma mère, un monstre et une monstruosité tout ensemble”

Je pense enfin à Nietzsche, qui détestait Bernhard Förster, le mari de sa soeur Elisabeth, fondateur de la colonie Nueva Germania au Paraguay. Il ne haïssait pas tant l'homme que ses idées : son antisémitisme, son apologie de la race aryenne, toutes choses qui mèneront l'europe à sa perte au 20e siècle.

Christophe et Nathalie Prince ont fait de l'opposition entre les deux hommes le noeud dramatique de leur livre Nietzsche au Paraguay. Ce roman d'aventure raconte la fondation en 1886 de la colonie Nueva Germania, destinée à être une société modèle de la race aryenne en Amérique du Sud. Créée par Elisabeth et son mari, cette colonie utopique va vite dégénérer : rien ne marchera comme prévu, la jungle sera trop hostile, les colons décimés par la maladie et l'incapacité à fertiliser les sols.

Enchâssées dans le récit se trouvent les lettres que Friedrich Nietzsche envoie à sa soeur, dans lesquelles il dénonce l'idéologie aryenne, qu'il oppose à sa propre philosophie. On entend sa voix en contrepoint, elle fustige son époque comme sa propre famille. Seul contre tous, la folie le guette, on perçoit dans ses lettres la montée d'une crise de démence qui lui fera perdre entièrement l'esprit jusqu'à sa mort en 1900.

J'ai adoré ce roman, sa forme est exceptionnelle, son écriture novatrice. Cette exofiction mélange et romance de nombreux documents hétérogènes : lettres, journaux d'expédition et notices commerciales. Elle met en avant la face cachée du célèbre philosophe : ce beau-frère qu'il eu malgré lui, partisan d'une utopie délirante qui présagera des massacres nazis un demi-siècle plus tard.

Un livre qui éclaire notre propre temps, alors que la France renoue avec de vieux démons de l'Histoire.








“On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille”. Ce refrain de Maxime le Forestier, beaucoup d'écrivains célèbres auraient pu le chanter.

Je pense à Baudelaire qui a été aperçu dans les rues de Paris pendant l'émeute de 1848, criant “il faut tuer le général Aupick !”, son beau-père.

Je pense également à Balzac, que l'on aurait entendu dire: “Ah si vous saviez quelle femme était ma mère, un monstre et une monstruosité tout ensemble”

Je pense enfin à Nietzsche, qui détestait Bernhard Förster, le mari de sa soeur Elisabeth, un agitateur antisémite. Derrière l'homme, Nietzsche condamne ses idées : la haine des juifs, l'illusion d'une race aryenne, qui mèneront l'europe à sa perte au 20e siècle.

Christophe et Nathalie Prince ont fait de l'opposition entre les deux hommes le noeud dramatique de leur livre Nietzsche au Paraguay. Ce roman d'aventure raconte la fondation en 1886 de la colonie Nueva Germania, destinée à être une société modèle de la race aryenne en Amérique du Sud. Créée par Elisabeth et son mari, cette colonie utopique va vite dégénérer : rien ne marchera comme prévu, la jungle sera trop hostile, les colons décimés par la maladie et l'incapacité à fertiliser les sols.

Enchâssées dans le récit se trouvent les lettres que Friedrich Nietzsche envoie à sa soeur, dans lesquelles il dénonce l'idéologie Aryenne, qu'il oppose à sa propre philosophie. On entend sa voix en contrepoint, elle fustige son époque comme sa propre famille. Seul contre tous, la folie le guette, on perçoit dans ses lettres la montée d'une crise de démence qui lui fera perdre entièrement l'esprit jusqu'à sa mort en 1900.

J'ai adoré ce roman, sa forme est exceptionnelle, son écriture novatrice. Cette exofiction enchâsse et romance de nombreux documents hétérogènes : lettres, journaux d'expédition et notices commerciales. Elle dénonce la face cachée de l'histoire : ce beau-frère que Nietzsche eu malgré lui, et son utopie délirante qui présagera des massacres nazis un demi-siècle plus tard.


Un livre qui résonne alors que la France renoue avec de vieux démons de l'histoire.






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